Pas question de jouer les profils bas. Au contraire. A n’en pas douter, l’i3 ne semble pas honteuse de ses origines électriques. Tout en conservant le naseau et l’hélice typiques des modèles frappés du logo de la « Bayerische Motoren Werke », l’i3 étrenne un nouveau style clairement futuriste. Conservant une ligne de concept-car, cette citadine se démarque de la ribambelle des voitures qui fleurissent dans nos villes. Il y a longtemps que « je » n’avais plus provoqué autant de torticolis sur mon passage d’ailleurs.
Même si quelques détails, comme ses phares bleutés, la démarquent un peu de la grande série, la Zoé reste globalement plus discrète.

Sésame ouvre-toi

Bien aidée par la rigidité de sa carrosserie en plastique renforcé à la fibre de carbone (PRFC), l’i3 peut quant à elle se passer de montant central. Couplé à des portières arrière antagonistes, cela libère un accès original vers la banquette arrière. Mais pas forcément plus pratique au quotidien. Avec l’i3, il faut impérativement d’abord ouvrir la porte avant pour actionner l’ouvrant postérieur. Et puis l’accès reste un peu étriqué.

Sur ce plan, la Zoé avec ses ouvrants traditionnels convainc davantage. La Zoé prend également un petit avantage côté coffre. Grâce à son architecture mécanique classique (traction avec moteur à l’avant), elle libère un volume généreux de près de 340l. Propulsion à moteur arrière, l’i3 impose un coffre plus réduit (260l) et un seuil de chargement nettement plus haut. Par contre, une trappe installée à l’avant de la voiture permet de ranger intelligemment les câbles de recharge… qui trainent toujours dans le coffre de la Zoé !

Ambiance zen

Dans les deux cas, les batteries implantées dans le soubassement ne pénalisent pas l’habitabilité. Par contre, il faut aimer la position de conduite légèrement surélevée puisque l’espace « habitable » migre vers le haut. Mais voilà bien une caractéristique qui correspond à l’utilisation urbaine privilégiée par ces voitures électriques.
A bord, on tombe davantage sous le charme de la BMW. L’ambiance « zen » et « naturelle » qui y règne prend facilement le pas sur l’intérieur « plastoque » de la Renault. Sans parler du reflet de la planche de bord de la Zoé, obligatoirement claire, dans le pare-brise dès le moindre rayon de soleil.

Régime drastique

S’offrant toutes les deux un module de batteries de 22 kWh, la BMW i3 part avec un avantage indéniable côté autonomie grâce à son poids « plume ». Sa base en aluminium couplée à sa carrosserie en PRFC lui permet de tourner autour de la barre des 1.200 kg contre 1.450 kg pour la Zoé.
Même si selon le cycle officiel d’homologation, la Renault Zoé affiche un rayon d’action plus important (210 km contre 190 km), la voiture électrique de BMW remporte clairement la partie dans la vie réelle : entre 200 et 130 km en fonction des conditions contre 150 à 100 km pour la française.

Botte secrète

La BMW i3 peut même embarquer une botte secrète pour rassurer : un « prolongateur d’autonomie » à essence. Issu de la gamme moto, ce bicylindre de 650 cm³ se charge de produire de l’électricité nécessaire pour augmenter le rayon d’action total à plus de 300 km.
Mieux : on peut l’enclencher lorsque l’on doit emprunter une voie rapide, très énergivore, et le couper dès que l’on retourne en ville. Avec cet équipement, l’i3 devient vraiment polyvalente.
Mais le prix de l’option reste assez prohibitif (4.490€) et le passage à la pompe fréquent compte tenu du petit réservoir embarqué (9 litres).

Accélération canon

Toute voiture électrique soit-elle, l’i3 reste une BMW et doit offrir un agrément de conduite au top selon ses concepteurs. Du coup, malgré son poids plume pour la catégorie, elle hérite d’un moteur développant 170 ch et 250 Nm. Au feu rouge, on laisse tout le monde, petites sportives y compris, sur place (0 à 100 km/h en 7,2s).
La Zoé, avec ses 88 ch (220 Nm) ne peut suivre (13,5 s pour le même exercice). Mais franchement, à l’usage, son potentiel d’accélération est déjà largement suffisant. Dans les deux cas, on se prend de toute façon au jeu de l’éco-conduite pour maximiser son rayon d’action.

Frein régénératif

Et l’on y arrive surtout grâce au freinage régénératif « canon » de l’i3. Dès qu’on lève le pied de l’accélérateur, la voiture ralentit très franchement. C’est assez déroutant au début. Mais finalement, on apprécie vite de ne jamais freiner.
Afin de ne pas déstabiliser la clientèle, Renault a préféré aligner le frein régénératif de sa Zoé sur un niveau équivalent à celui du frein moteur d’un bloc thermique. Un conducteur moins attentif gaspillera donc plus souvent son énergie cinétique en chaleur via les disques de frein.

Confort à la française

En route, la Zoé prend l’avantage grâce à son toucher de route plus conciliant. Dynamique et plus plaisante à conduire dans les « enchaînements » malgré ses roues de vélo, l’i3 impose un amortissement plus ferme. Par contre, son rayon de braquage rikiki lui permet de tourner sur place. Pratique !

Tarif costaud

Reste à parler tarif : BMW propose son i3 à partir de 35.500€ contre 22.000€ pour la Zoé. A ce tarif plancher, il faut tout de même ajouter un loyer mensuel de minimum (il augmente en fonction du kilométrage annuel et de la durée du contrat) de 79€/mois. Ce qui représente un supplément d’environ 4.000€ en quatre ans d’utilisation pour la Zoé.

Conclusion

Grâce à sa finition plus soignée, son agrément de conduite supérieur et son autonomie plus convaincante à l’usage, l’i3 remporte la partie face à la Zoé dans l’absolu. Mais si l’on intègre le prix d’achat, la Renault n’a pas à rougir du « package » offert pour un peu plus de 20.000€. Cela dit, la Zoé convaincra encore davantage lorsque son chargeur acceptera de se connecter sur une prise de courant classique compte tenu du nombre encore très réduit de bornes de recharge le long de nos routes. Mais dans l’absolu, un rapide calcul permet de se rendre compte qu’en l’absence de prime, l’achat d’une voiture électrique reste dans tous les cas un choix plus idéologique que purement économique…