Cinq ans après avoir complétement abandonné le segment des berlines premium compactes, Jaguar revient aux affaires avec une toute nouvelle XE. De quoi faire oublier l’époque X-Type, la Jaguar traction développée sur base d’une Ford Mondeo ? En tous les cas, la nouvelle arme de Jaguar met toutes les chances de son côté. Profitant de l’argent frais du groupe indien Tata, le constructeur d’origine britannique n’a pas lésiné sur les investissements pour séduire les clients professionnels. Cette XE est entièrement neuve : carrosserie monocoque en aluminium, moteur diesel Ingenium « fait maison », qui plus est installé en position longitudinale pour animer les roues arrière, et système d’info-divertissement à la page. Tout est inédit. Et convaincant ?
En pleine croissance
Refondue entièrement l’an dernier, la Mercedes Classe C constitue, en attendant le renouvellement attendu pour les prochaines semaines de l’Audi A4, la concurrente la plus récente de la Jaguar XE. En plus de s’offrir un style de mini Classe S, la Classe C a profité de sa refonte pour « enfler » d’une bonne dizaine de centimètres. De quoi reprendre un peu ses distances par rapport à la CLA et s’aligner sur l’encombrement « moyen » du segment en passant de 4m59 à 4m69. Dix centimètres supplémentaires bienvenus qui permettent à la Classe C de soigner ses aspects pratiques : le volume de coffre atteint un généreux 480l (mais son accès est un peu étriqué) et l’espace dévolu pour les passagers arrière devient plus confortable. Bien qu’elle affiche quasiment le même encombrement (4m67), la Jaguar XE ne parvient pas à égaler la Mercedes sur le plan de l’habitabilité. Même si elle reste correcte et permet à deux adultes de s’installer confortablement aux places arrière.
Coffre
Même constat côté coffre. Si les 455l disponibles permettent déjà de « voir venir » plus que largement pour une utilisation courante, d’autant plus qu’on dispose ici d’un accès large assez pratique, ils restent légèrement en-deçà des références du segment. Et là, on ne parle pas de sa finition indigne d’une voiture étiquetée « premium » avec des tôles et des câbles apparents… Bon, en même temps, c’est vrai qu’on ne passe pas non plus sa journée à observer l’habillage de son coffre.
Original
Heureusement, la finition de l’habitacle de cette XE s’avère de bien meilleure facture. La Jaguar a également le mérite de proposer un univers original et moins « austère » que celui des marques germaniques. Quoique sur ce plan, la nouvelle génération de Classe C se montre également plutôt convaincante avec sa nouvelle planche de bord moderne. Et, bien sûr, ici la finition flirte toujours avec le sans-faute. Seul petit détail : l’ergonomie du nouveau système d’info-divertissement de la Classe C, commandé à la fois par une grande molette et un petit pavé tactile, s’avère assez complexe à appréhender de prime abord. L’écran tactile de la Jaguar XE se montre globalement plus intuitif.
Agilité hors-pair
En route, la Jaguar XE remporte la palme de l’agrément dynamique. Au prix d’un toucher de route légèrement moins confortable que celui de la Classe C, la XE distille un plaisir de conduite indéniable. Son train avant incisif et son excellent équilibre la positionnent même en référence du genre dans le segment. Une vraie Jaguar ! Bénéficiant de trains roulants inédits, la Mercedes Classe C ne démérite pas. Cette nouvelle génération se montre nettement plus vive et tranchante que sa devancière. Même avec l’amortissement de base, on jouit d’un excellent compromis confort/efficacité. Mais si l’on retient l’amortissement pneumatique (une option inédite pour le segment), on frise la perfection avec un confort ouaté ou une précision diabolique en fonction du mode retenue sur la console centrale. Sa direction, à la démultiplication étonnamment directe, surprend même un peu lors des premiers virages.
Bataille du CO2
Proposer une « belle » voiture, qui plus est amusante à conduire, est certes essentiel. Mais Jaguar l’a bien compris : s’il espère percer le marché des véhicules de société, il faut lui offrir des mécaniques pauvres en CO2. Développé en interne chez Jaguar/Land Rover, le tout nouveau quatre cylindres 2.0l diesel Ingenium remplit parfaitement ce rôle. Il assure un rapport performance/émissions de CO2 plutôt intéressant avec seulement 99g/km pour la version de 163 ch. Du moins si l’on se contente de la transmission manuelle à six rapports. L’excellente boîte automatique à huit rapports proposée en option relève légèrement ce seuil à 106g/km. Voilà de quoi tenir tête à la Mercedes Classe C dont la version C 220d (163 ch) est homologuée à 103g/km en version manuelle et 106g si l’on opte pour la version BlueEfficiency équipée d’office de la transmission automatique à 7 rapports.
Ronrons
Souple et performant, le nouveau moteur diesel signé Jaguar ne déçoit que par sa sonorité trop envahissante aux vitesses urbaines. En charge, le moteur impose de composer avec une sonorité assez peu enthousiasmante. Heureusement, sur les grands axes, la XE redevient aussi discrète que son blason Jaguar le laisse imaginer et permet d’envisager de longs trajets autoroutiers. Le bloc Mercedes n’est pas non plus exempt de tout reproche à ce sujet. S’il assure des performances soutenues, il se montre trop rugueux et sonore lors des phases d’accélérations. Mieux vaut, à la limite, se tourner vers le 1.6l diesel d’origine Renault de 136 ch proposé sur la 200d. Certes un peu moins performant… ce bloc se montre nettement plus discret.
Conclusion
En plus de sa ligne sportive séduisante, la Jaguar XE distille un agrément dynamique de premier ordre. Voilà une réelle alternative aux cadors du segment. Cela dit, les clients à la recherche d’une valeur sûre se tourneront toutefois vers la Mercedes Classe C. Elle se montre plus convaincante sur le plan de la finition et du confort de marche. Surtout si l’on opte pour son amortissement pneumatique optionnel véritablement bluffant d’efficacité.