Mais pourquoi donc avoir développé un crossover hybride ? Tout simplement parce que le marché est demandeur de véhicules compacts, pratiques et typés « baroudeur », ainsi que de motorisations hybrides. Les deux genres connaissent un succès croissant et Kia a tout simplement marié les deux. Basée sur une nouvelle plateforme identique à celle de la Hyundai Ioniq, la Niro sera disponible tant avec une motorisation hybride que hybride rechargeable. Et la déclinaison électrique, proposée avec l’Ioniq ? Ce n’est pas prévu, Kia disposant déjà d’une Soul EV, mais rien ne dit qu’à l’avenir…

Offensive hybrides

Le diesel perd petit-à-petit des parts de marché, l’essence progresse doucement, mais les motorisations alternatives (gaz naturel, hybride, hybride rechargeable, électrique, hydrogène…) connaissent une solide et constante croissance, même si en Belgique, elles ne sont diffusées qu’en petits nombres. Cela n’empêche toutefois pas le Coréen de continuer son offensive : dans quelques semaines, Kia lèvera le voile sur l’Optima Plug-In Hybrid (hybride rechargeable) et, plus tard, la Niro Plug-In Hybrid. D’ici à 2020, la marque annonce même 11 modèles à propulsion alternative !

Crossover, plutôt que SUV

Contrairement au Sportage qui s’assume pleinement comme un SUV, la Niro s’affiche plutôt comme un crossover. Outre des dimensions assez compactes (4,355 m de long), elle affiche un look baroudeur, mais sans trop en faire. Un style qui semble d’ailleurs plutôt plaire et qui ne compromet ni l’habitabilité, largement suffisante pour 4 adultes bien bâtis, ni le volume de coffre qui dispose d’un volume de 427 à 1425 litres, selon que la banquette arrière soit rabattue ou non.

Dans le vif du sujet

Sans surprise, la Niro partage sa partie technique avec l’Ioniq. Nous y retrouvons donc un moteur 1.6 l atmosphérique de 105 ch, marié à un moteur électrique de 32 kW et distillant une puissance combinée de 141 chevaux (et 265 Nm de couple) sur les roues avant via une boîte DCT (automatique à double embrayage) à 6 rapports.

Les Coréens sont bien conscients qu’une boîte CVT à variation continue (à l’instar de la Prius) est moins énergivore, mais ils désiraient trouver un compromis intéressant entre faible consommation et plaisir de conduite. Et vous qui êtes un régulier de nos lignes, vous savez certainement que cette boîte CVT massacre un peu le plaisir lors des accélérations avec un effet moulin à café assez lancinant et désagréable. Rien de tout cela ici, donc…

Technique sophistiquée

Pour atteindre des consommations intéressantes tant lors du processus d’homologation que sur la route, Kia n’a pas lésiné sur les dispositifs permettant justement de baisser cette fichue consommation : freinage régénératif, batterie (Lithium-Ion) préchargée avant les côtes (détectées par le GPS) et inversement déchargée avant les descentes, assistant dans le tableau de bord pour inciter le conducteur à adapter sa conduite…

Cela permet à Kia d’annoncer des émissions de CO2 de 89 g CO2/km… Ou du moins, avec les jantes de 16 pouces chaussées de pneus verts ! En effet, le Coréen propose aussi des jantes de 18 pouces avec des suspensions plus « sportives » pour un comportement routier affûté, mais les émissions de CO2 grimpent alors à 102 g/km. Soit sensiblement plus que la cousine Hyundai Ioniq et… nettement plus que la Toyota Prius (70 g CO2/km) !

A bord

A bord, ce n’est pas le coup de foudre immédiat, mais force est d’admettre que la Coréenne propose un équipement pléthorique, une finition impeccable et une habitabilité confortable ! Bref, nous ne voyons pas grand-chose à lui reprocher, d’autant que la sellerie se montre accueillante. Un défaut ? La présence incongrue d’un frein à main… Au pied !

En route !

Bien assourdie, la mécanique est très agréable à utiliser dans un cadre urbain. La transition moteur électrique/moteur thermique est alors imperceptible et la gestion joue constamment sur les deux pour garantir une consommation plancher. Dénuée de mode « EV » permettant de forcer la marche électrique, la Niro s’en remet donc à votre pied droit ! Mais autant vous décourager de suite : rares sont les moments où la Niro évolue sur le seul mode électrique.

Pour nous rappeler les prétentions dynamiques de son dernier modèle, Kia nous a concocté un parcours d’essai situé dans les montagnes, dans l’arrière-pays catalan. Un choix curieux pour un véhicule hybride, mais où notre monture a dévoilé un certain potentiel, montée qu’elle était sur des jantes de 18 pouces et sur de très accrocheurs Michelin Pilot Sport 4 ! A ce rythme endiablé sur ce parcours sinueux, on remarque que ce sont surtout les pneus qui effectuent le gros du travail, le châssis étant un brin sous-amorti. Mais on s’amuse malgré tout, profitant de ce grip surprenant !

Ce qui est moins enthousiasmant, c’est le répondant du moteur dans ces conditions. A lâcher la bride aux 141 chevaux, la batterie déclare forfait et nous nous retrouvons assez rapidement avec les seuls 105 chevaux du moteur essence pour animer la chose de 1,5 tonne sur ce parcours montagneux. Conjuguez à cela une boîte à l’étagement curieux, une absence de compte-tours et de palettes derrière le volant, et vous comprendrez que la motorisation n’incite pas à la même gaudriole que la monte pneumatique ! La consommation, elle, s’envole alors…

Retour plus calme

Cessons de faire le pitre au volant de cette voiture et considérons-la sous un autre angle. Conduite décontractée, la Niro retrouve sa superbe, ainsi que des réserves d’énergie dans sa batterie. Nous évoluons alors silencieusement et confortablement, alors que la consommation tombe en flèche. Un parcours routier et autoroutier avec la version dotée de jantes de 16 pouces nous aura même permis de descendre aisément sous la barre des 4 l/100 km !

Budget

Le prix d’attaque peut paraître costaud : 26.390 € pour la version Lounge. Mais c’est oublier que la Niro est une voiture hybride à boîte automatique et que son équipement, dès ce niveau de finition, comprend déjà une bonne part de nécessaire et de superflu : rétroviseurs électriques, jantes alliage, phares automatiques, Bluetooth, climatisation automatique, alerte de franchissement de ligne…

Mais à en croire les prévisions de ventes sur le marché belge, 70 % des Niro seront équipées en finition Fusion qui rajoute la navigation, la sellerie mi-cuir/mi-tissu, le régulateur de vitesse adaptatif, les capteurs de pluie, la clé mains libres… Enfin, pour ceux qui en veulent encore plus, Kia propose la Sense à 32.890 € et dotée de tout ce dont vous pouvez rêver. Cette finition-ci est d’ailleurs la seule à profiter des jantes de 18 pouces. Tout cela paraît mirobolant sur papier, mais cette politique empêche le client de se concocter une voiture à la carte et l’oblige donc à grimper au niveau supérieur pour s’offrir un équipement désiré.

Conclusion

Face aux voitures hybrides traditionnelles, Kia surprend en présentant une Niro qui s’affiche sous des airs de crossover. Un choix qui peut paraître curieux, mais qui est finalement très pertinent car il permet de conjuguer style, habitabilité et faible consommation. Certes, des compromis ont dû être faits à tous les niveaux et la Niro ne sera jamais aussi gratifiante qu’un véritable SUV, ni aussi sobre qu’une voiture hybride classique. Mais le résultat mérite clairement de figurer sur votre liste prioritaire si vous cherchez un véhicule à la fois branché et écologique.