Maserati est probablement l’un des constructeurs les plus réputés de cette planète. Il y a une soixantaine d’années, Juan-Manuel Fangio remportait le championnat du monde de Formule 1 au volant de l’un des plus extraordinaires bolides de compétition de tous les temps : la Maserati 250 F. Par la suite, la marque a connu une période faste, avant de sombrer dans les années 80 avec des modèles Biturbo à la réputation sulfureuse. Aujourd’hui, avec l’aide de Ferrari, la firme au trident ressort la tête de l’eau et fait honneur à son pedigree. Ce qui signifie aussi, céder aux sirènes du moment : après la conversion au diesel pour ses Ghibli et Quattroporte, Maserati s’embarque donc dans l’aventure SUV avec le Levante…
Un beau et grand bébé
Le Levante est vraiment très grand : plus de 5 mètres de long, près de 2 mètres de large et 1,68 mètre de haut. Pourtant, à le voir sur photos ou au loin dans la rue, il ne laisse rien suggérer de ses dimensions. C’est là toute la magie de l’Italie : les lignes racées et agressives du Levante en font un modèle radicalement à part, au sein de ce segment très prisé des SUV. Le Levante se présente d’abord comme une Maserati (ce qui est rappelé à foison avec d’innombrables tridents dispersés sur toute la carrosserie), puis comme un SUV. Chapeau bas, messieurs les designers…
Le meilleur est-il encore à l’intérieur ?
En ouvrant la porte de cette Maserati, un sourire vient immanquablement se poindre sur le visage : les portes sans encadrement, le très beau cuir gentiment odorant et les élégants tridents chromés rappellent qu’il ne s’agit pas d’un vulgaire « panzer » à l’allemande. Mais un examen plus détaillé révèle quelques faiblesses de finition, avec des matériaux pas toujours dignes du blason.
Bien entendu, d’espace, cette Maserati ne manque pas, même si le rapport encombrement/habitabilité est très perfectible. Le coffre, notamment, n’accueille que 580 litres de bagages, ce qui est un peu mince pour un SUV de plus de 5 m de long. Heureusement, cet espace est extensible via une banquette rabattable en deux parties et une trappe à ski…
D’un point de vue technique
On y a cru, mais non… Si le tout nouveau Alfa Romeo Stelvio profite d’une plateforme en alliage léger (baptisée Gorgio, ça ne s’invente pas…) étudiée chez Maserati, le Levante doit se satisfaire de la plateforme de la Ghibli, elle-même héritée du groupe Chrysler. Soyez rassurés, les sorciers transalpins ont malgré tout ajouté leur touche personnelle.
600 Nm de couple !
Pour le moteur, la chanson est identique : le bloc diesel provient de Mercedes, mais tout le reste porte le trident. Et cela se remarque sur la fiche technique : ce V6 de 3 litres délivre la bagatelle de 275 chevaux et surtout, un couple faramineux de… 600 Nm ! SUV oblige, la transmission est intégrale de série. Maserati oblige, celle-ci favorise le train arrière et envoie, lorsque ce dernier sature, jusqu’à la moitié du couple sur les roues avant. La boîte de vitesses provient de chez ZF : il s’agit de l’excellente unité automatique à 8 rapports.
Sonorité Maserati ?
Ce SUV diesel est-il digne de porter le badge Maserati ? C’est probablement là toute la question. Au démarrage, le grognement du diesel semble quelque peu déplacé. Plusieurs modes de conduite sont proposés (ICE pour une conduite plus douce, Normal, Off Road et deux modes Sport) et sur demande, des clapets peuvent s’ouvrir dans l’échappement pour donner plus de coffre au diesel. Mais une oreille avertie ne s’y trompera pas : même gonflé en volume sonore, c’est bien du mazout qui cogne dans les cylindres, là-dessous !
Sur la route
Même dénuée de la plateforme « Giorgio », une Maserati, toute surélevée soit-elle, est bien une voiture de sport ! Une fois en action, le gros Levante fait oublier sa hauteur : il vire bien à plat, affiche un équilibre qui rappelle qu’il préfère transférer le couple aux roues arrière et amortit superbement. Livré de série avec une suspension pneumatique à la hauteur réglable, il filtre remarquablement les irrégularités (même en mode « sport ») et maintient parfaitement la caisse ! Mieux : en tout-terrain, le Levante est loin d’être ridicule ! Pour une première incursion dans le monde des SUV, Maserati a réussi son coup…
Toutefois, face au tout nouveau Stelvio, le Levante accuse un handicap de poids. Cela se ressent sur routes très tortueuses, où l’inertie est sensible. La direction, très consistante et un peu collante, n’est pas non plus le meilleur élément de la voiture. Et le moteur ? Surprenant ! Si nous faisons abstraction de sa sonorité, il épate par sa joie de vivre, poussant très fort jusqu’à 4.500 tr/min et reprenant avec virilité dès les plus régimes ! Les sorciers de Modène ont encore frappé… La boîte automatique ZF est fidèle à elle-même : vive, intelligente et douce. Quoique nous l’aurions préférée plus rapide encore sur le mode manuel.
Equipement
Maserati rattrape son retard au niveau de l’équipement avec les caméras à 360 degrés, le régulateur de vitesse adaptatif, le freinage automatique, le hayon électrique, la hauteur de caisse variable depuis le coffre, l’immense toit panoramique et même le système multimédia avec connectivité Apple CarPlay et Android Auto. Tout y est ? Non, quelques équipements restent encore à développer, comme l’assistant de conduite dans les embouteillages, la détection des piétons dans le viseur du radar, les sièges massants… Le système multimédia lui-même, pourrait profiter d’un bon facelift, son interface étant assez datée et pouvant paraître un brin complexe aux yeux du profane.
Budget
Maserati propose son Levante Diesel à partir de 73.200 €, soit un peu plus que le Porsche Cayenne Diesel (68.900 €). A l’instar de ce dernier, la case « options » est inévitable et soulagera rapidement votre portefeuille. A titre d’exemple, notre modèle comptait près de 20.000 € d’options !
Bonne nouvelle à la pompe, en revanche : ce diesel ne chante certes pas sa joie, mais il a le mérite de consommer assez peu ! Une conduite détendue sur grands axes nous a gratifiés d’un très honorable 8,4 l/100 km. De manière générale, il semble parfaitement possible de consommer moins de 10 l/100 km, même en incluant quelques parcours urbains.
Conclusion
Maserati arrive très tard sur ce marché, mais il le fait avec élégance. Le Levante coche toutes les bonnes cases pour y faire une percée : confort de marche, sportivité, possibilités de personnalisation et style incomparable. Pour nous séduire complètement, nous aimerions une finition plus soignée, quelques kilos de moins et surtout… un moteur essence à la sonorité et au caractère plus en phase avec le blason ! Le rendez-vous est pris pour voir si motorisé de la sorte, le Levante pique de son trident l’indécrottable blason de Stuttgart…