Il faut toujours un petit temps d’adaptation. La transmission qui grogne de mécontentement à basse vitesse, l’accélérateur très réactif et le manque général de douceur donnent immédiatement le tempo et ce, dès la première manœuvre. Plus que la sonorité finalement feutrée et l’ambiance presque… classique, ce sont ces sensations qui mettent dans le bain : la GT-R, c’est une fusée taillée pour enchainer les virages à un rythme hautement défendu, pas une petite citadine pour les séances de shopping du samedi matin !

Ça y est, on envoie la sauce !

Bizarrement, ces premières manœuvres semblent être une torture pour « notre » monture qui n’apprécie guère de rouler au pas, roues complètement braquées. Bon, tout va pour le mieux car face à nous, voilà une jolie quatre bandes complètement libérée de tout trafic. Feu ? Non. Allons-y progressivement : les rapports passent rapidement et nous voilà déjà en sixième, alors que nous ne roulons qu’à 80 km/h. Enfonçons légèrement l’accélérateur… Une main géante semble catapulter la GT-R vers l’avant alors que concert pour sifflement de transmission et grognement de moteur s’harmonise : ça y est, la bête reprend goût à la vie ! Et elle ne nous a pas encore tout montré…

Qu’est-ce qui change ?

Esthétiquement, rien. C’est dans le détail technique que Nissan a retravaillé sa GT-R : une loi d’amortissement revue pour plus de confort sans dénaturer le comportement routier, une direction plus précise et une meilleure isolation. En clair, l’objectif était de rendre la voiture plus fréquentable au quotidien, sans pour autant lui ôter une once de son tempérament quand les choses s’agitent !

V6 biturbo

Techniquement, les caractéristiques sont inchangées : on retrouve toujours ce V6 biturbo de 3,8 litres, délivrant la bagatelle de 550 chevaux et un couple de 632 Nm. Le tout est associé à une boîte à double embrayage à 6 rapports qui envoie la puissance sur les quatre roues (surtout celles situées à l’arrière…) suivant une logique à donner des migraines à un ingénieur de la Nasa. Côté performances, c’est absolument bestial : 2,8 secondes au 0 à 100 km/h grâce à un « Launch Control » très agressif et 315 km/h…

Pas si petite…

Dans cette teinte noire, la GT-R passe quasiment inaperçue. Il faut dire que ses mensurations ne sont finalement pas très éloignées de celle d’une berline familiale (4,67 m de long et 1,37 m de haut) et que sa sonorité n’a pas la flamboyance de ses concurrentes transalpines… Ses quatre énormes sorties d’échappement et ses feux arrière ronds rappellent toutefois le caractère !

Dans l’habitacle, les plastiques moussés se marient au cuir pour prodiguer une ambiance avant tout efficace, avec un aspect un brin démodé face aux dernières réalisations européennes. Ne parlons pas ici de finition léchée ou de souci du détail obsessionnel, ce n’est pas dans sa présentation que cette GT-R se savoure ! Quoique l’écran d’info-divertissement devrait justement… divertir les amateurs de jeux vidéo, de par l’étendue des informations qu’il divulgue !

La rage au ventre

Mais venons-en droit au but et enfonçons résolument la pédale de droite. Les deux turbos soufflent fort, les occupants se voient expédiés dans le fond de leur siège, le V6 sonne la charge et la boîte claque ses rapports. L’horizon se rapproche à une vitesse démente et le conducteur, malheureux mortel, saute sur la pédale de frein à la vue du premier virage. La GT-R sort les crocs et nous voilà quasiment à l’arrêt !

Entre la direction ultra directe et d’une précision chirurgicale, les freins hyper puissants, le châssis inépuisable encaissant tout et le moteur foudroyant, il faut un certain temps d’adaptation avant de s’habituer aux performances du bolide. Petit-à-petit, on apprend à freiner de plus en plus tard et à accélérer de plus en plus tôt. La GT-R torpille alors les virages, désarçonne les passagers, mais elle maintient son cap en toutes circonstances ! Nous paraissant moins naturellement joueuse qu’auparavant, elle demande toutefois un certain bagage pour être exploitée à ses limites. Attention alors aux réactions brutales… Diable, quelle machine !

Plus facile…

Si les ingénieurs l’ont voulue plus facile au quotidien, la GT-R n’est toujours pas la monture idéale pour flâner en ville. On l’a dit, la transmission réprouve les manœuvres, la visibilité arrière est exécrable, le coffre est riquiqui et les places arrière pourront à l’occasion, accepter un être d’un gabarit contenu. Pourtant, sur longs trajets, la GT-R est en effet plus reposante : la suspension encaisse mieux les irrégularités sur le mode « Comfort » et l’isolation étouffe un peu plus les bruit mécaniques et de roulement. Ce qui ne procure pas à la Nissan un silence de cathédrale pour autant.

Budget

À 94.600 €, la GT-R est toujours l’affaire du moment. Certes, sa finition est moins soignée que celle d’une Porsche 911 et son habitacle peut paraître un brin démodé, mais elle offre un niveau de performances absolument époustouflant ! Oubliez également les derniers gadgets à la mode, style aides à la sécurité, régulateur de vitesse adaptatif et autre affichage tête haute. La GT-R est une sportive 100 % pur jus, exclusivement dédiée aux amateurs ! Question consommation, nous avons réalisé une moyenne un peu inférieure à 15 l/100 km.

Conclusion

Ces quelques évolutions ont rendu « Godzilla » plus fréquentable au quotidien, sans pour autant, égratigner le caractère entier du monstre. Délirante d’efficacité, la GT-R continue d’estomaquer les amateurs de sportives et ce, plus de 8 ans après sa première présentation. On se dit que pour la prochaine génération de GT-R, Nissan devra repousser les limites de la physique !