Nous sommes en 1964, soit il y a tout juste 50 ans. Opel vient de terminer la construction de son nouveau bureau de design. Les jeunes recrues dévoilent dans la foulée l’ « Experimental GT », un prototype annonçant clairement la GT. Celle-ci fût développée en trois années seulement et en 1968, la belle est lancée ! Contrairement à ses concurrentes, MGB GT et Triumph GT6 en tête, l’allemande ne doit pas sa robe à un artiste transalpin, mais bien à un prodige maison, Erhard Schnell !
Longue et fine !
Aujourd’hui, la GT n’a absolument rien perdu de son sex-appeal. Que du contraire : les chromes et les nombreux détails typiques de son époque ne font que renforcer son charme. Vue de face, elle paraît incroyablement étroite et allongée. De profil, ses proportions sont parfaites. Quant à sa poupe, c’est probablement la plus grande réussite, avec ces feux ronds qui ne sont pas sans rappeler certaines prestigieuses productions italiennes !
Il y a de la place pour moi ?
Longue de 4,11 mètres, mais large (étroite plutôt…) de 1,58 mètre et haute de 1,23 mètre seulement, la GT ne semble pas particulièrement accueillante pour les grandes perches dans mon genre. Mais c’est mal connaître les individus qui ont œuvré à sa conception, sevrés qu’ils étaient au currywurst et à la choucroute… En effet, les portes empiètent sur le toit, ce qui facilite l’installation à bord et une fois posé, l’habitabilité paraît fort correcte !
Univers sombre et complet…
Face à une anglaise qui séduit ses occupants avec du bois, du cuir et du chrome à tous les étages, mais qui renvoie toute notion d’ergonomie ou de finition droit dans la poubelle, l’Opel plonge ses occupants dans un univers sombre et rigoureux, où tout semble parfaitement à sa place. L’instrumentation est formidablement complète, avec plein de cadrans qui ne seront probablement jamais lus, fiabilité ferroviaire de la mécanique oblige. Ah si, une erreur tout de même : le pédalier décalé vers la gauche, avec l’accélérateur dans l’axe du volant… Faut s’y habituer !
Pas de coffre !
Largement habitable pour deux grandes personnes, la GT est en revanche nettement plus radine pour les bagages. C’est bien simple, il n’y a pas de coffre ! Seul un petit espace derrière les sièges peut accueillir vos petits effets personnels ! Les enfants ? Quels enfants ?
Trop gentille ?
Opel proposait à l’époque deux moteurs : un petit 4 cylindres de 1,1 litre, tout juste bon à réduire le prix, mais un peu mince pour proposer des performances en accord avec le look. Dans ce dernier cas, mieux valait se tourner vers le 1,9 l optionnel, délivrant quelque 90 chevaux. Ce que fît d’ailleurs la majorité des clients, entre 1968 et 1973. La puissance est envoyée vers les roues arrière via une transmission à 4 rapports.
Petit tour de pâté…
Le temps nous a manqué pour faire un essai digne de ce nom. Toutefois, un petit tour de pâté de maisons nous a déjà permis de vous livrer quelques sensations… Quoique justement, cela semble être le défaut numéro 1 de la GT : son manque de sensation ! Pour avoir conduit à maintes reprises les concurrentes (Alfa Bertone, MGB GT, Triumph GT6…), l’Opel GT présente un caractère assez timide, avec un rendu très filtré.
Pas de grandes émotions au volant donc : quand une MGB vrombit dans les graves, une GT6 joue les sopranos et une Alfa vibre d’une voix métallique, l’Opel GT se contente de grogner sans chanter sa joie. Le moteur très linéaire donne le meilleur de lui-même à mi-régimes, la boîte 4 se manipule aisément, alors que la direction douce semble trop démultipliée pour une sportive. Le châssis, lui, paraît équilibré à première vue. Bilan correct, performant même, mais peu envoûtant… Un dernier détail : les phares basculent à l’aide d’une commande située à gauche du levier de vitesses… Poignée de fer requise !
Aujourd’hui
L’Opel GT profite d’une belle cote d’amour auprès des amateurs. Tablez sur environ 10.000 € pour un exemplaire correct, soit un tarif légèrement supérieur à celui de la MGB et un peu inférieur à celui des Triumph et Alfa. Et avec plus de 100.000 exemplaires produits, elle n’est franchement pas difficile à trouver ! La fiabilité proverbiale des éléments mécaniques est contrebalancée par un défaut commun à toutes les voitures de cette période : la rouille ! Et c’est particulièrement pernicieux ici !
Conclusion
Soyons francs avec vous : l’Opel GT est avant tout une très belle voiture. Sa ligne en étourdira plus d’un alors que son habitacle vous fera remonter le temps. Fiable, elle présente également des performances intéressantes, hélas peu mises en valeur par une mécanique fade et sans âme. Elle n’en reste pas moins une alternative originale et séduisante aux sempiternelles anglaises et italiennes ! Mais dépêchez-vous : la cote ne va pas tarder à grimper en flèche, c’est Vroom qui vous le dit !