Un succès retentissant !

A côté de Lee Iacocca (PDG de Ford) et de sa Ford Mustang, Apple et son iPhone ont des airs de vendeurs de caricoles à la kermesse locale… La Mustang, en 1964, c’est la sportive que le show-biz s’arrache ! Une ligne qui fait ravages et une panoplie d’options qui permet de se concocter une monture sur-mesure. De sage avec le six cylindres de série, la Mustang devient infiniment plus tonique avec le V8 de 4,7 litres optionnel ! Reste après la question de la carrosserie (coupé, fastback, cabriolet), de l’équipement, des suspensions… Difficile de trouver deux Mustang identiques !

Toujours aussi séduisante…

Modèle d’anthologie, la Mustang continue de faire fantasmer petits et grands. Et notre monture du jour aguiche les passants comme à son premier jour : ce cabriolet rouge de 1966 au V8 « 289 » (4,7 litres) est très représentatif des premiers modèles. Jantes larges, regard menaçant, ailes saillantes, volant trois branches, la Mustang n’a rien perdu de son sex-appeal… Bien au contraire !

Taillée pour les habitués des fast-food !

On se laisse tomber dans les sièges pour se plonger dans une ambiance typiquement yankee ! Les sièges sont larges et capables d’accueillir des formats sevrés aux Big Burgers, alors que l’espace ne manque pas, sauf à l’arrière ! Quand les sportives européennes visaient le format Lilliput, façon crise du logement, les Américaines tombaient déjà dans une certaine démesure… Quoiqu’avec un peu plus de 4,6 mètres en longueur, la Mustang paraît relativement adaptée à notre continent.

Sportive, avez-vous dit ?

Si la ligne suppose une sportivité à fleur de peau, on ne peut vraiment en dire autant de l’intérieur… Certes, on a bien une jolie collection de cadrans ronds sous les yeux, mais on n’y trouve nulle trace de compte-tours et les sièges sont aussi lisses qu’une fesse de bébé ! Et puis, il y a cette boîte automatique à trois rapports, qui incite nettement plus à la flânerie qu’à la grosse attaque. Bref, sportive, peut-être, mais surtout en apparence… Quoiqu’au premier tour de clé, le V8 craque dans l’air et emplit l’atmosphère de ses borborygmes rauques !

Des options indispensables !

Les clients européens optaient généralement pour la boîte manuelle (3 ou 4 vitesses), les suspensions renforcées, les freins à disques et le servo-frein… Dépourvue de toute cette ribambelle d’options, le cheval sauvage se veut plus adepte de la ruade que de la cavalcade organisée… Avant de tirer le levier sur la position « Drive », je me retrouve donc arc-bouté sur cette pédale de freins ! Clonk ! Ça y est, on relâche les freins en douceur et on y va…

Flou pas très artistique…

Première manœuvre, première surprise ! Ce volant d’une douceur infinie n’en finit pas de tourner ! Et je ne vous parle même pas de la précision ! Oubliez la précision millimétrique de votre engin moderne, ici, les trains roulants appliquent une énorme tolérance face à chaque inflexion sur le cerceau ! Bref, c’est flou et pas forcément artistique.

Inutile de dire qu’une conduite un tant soit peu dynamique n’effleure même pas l’esprit du quidam installé aux commandes, même si la mécanique affiche un panache certain avec de vigoureuses reprises… Entre les freins intraitables, durs comme du bois et au pouvoir de ralentissement bien mince, la direction brouillonne et imprécise, et les mouvements de caisse singeant une péniche embarquée sur une mer houleuse, la conduite sportive d’une Mustang doit vraiment s’apparenter à une séance de rodéo !

Vous n’avez rien compris !

Et puis, vient ce bout rectiligne de nationale, avec le soleil couchant en ligne de mire. Et là, la magie opère et la Mustang envoûte. Le V8 gronde ses quelques notes rauques en fond sonore, la radio joue ses airs de blues, la suspension efface toutes les irrégularités et la vue sur le cheval sauvage qui orne le volant plonge les occupants sur la route 66, droit en direction du soleil de Californie ! On se prend à rêver que cette route ne s’arrêtera jamais, que ce long capot musclé engloutira sans cesse les innombrables miles de la « highway »…

Retour à la réalité…

Et puis un coup d’œil sur la jauge : s’il y a bien une chose engloutie par la voiture, c’est le carburant ! Le V8 a une soif pas croyable, capable d’avaler entre 15 et 25 l/100 km selon enthousiasme ! Quel goinfre !

Une cote bien difficile à établir !

Difficile de donner une valeur de marché : comme indiqué plus haut, il n’existe pas deux Mustang identiques ! Entre les placides coupés avec un 6 cylindres (environ 15.000 €) et les sulfureuses Fastback Shelby de 300 chevaux (plus de 100.000 €), il existe un univers ! Coupé ou cabriolet, c’est vous qui voyez, mais privilégiez une voiture à l’historique assez limpide et équipée des bonnes options. Le V8 « 289 » est rébuté increvable alors que l’ensemble de la voiture vieillit assez bien. Comptez 30.000 € pour un beau cabriolet V8.

Fille facile

Pour la maintenance, soyez rassurés, la Mustang est infiniment plus facile à entretenir et à réparer qu’une sportive Italienne de même puissance ! La deuxième bonne nouvelle, c’est que tout est disponible aux Etats-Unis, à des prix très abordables qui plus est. Le catalogue des pièces est digne du bottin téléphonique du Texas, avec d’innombrables possibilités de fiabilisation, voire de « kit performances ». En clair, tout est possible !

Conclusion

Ne la prenez surtout pas pour l’étalon athlétique qu’elle symbolise. La Mustang aguiche avec son dessin évocateur, mais au volant, la belle est aussi adroite sur nos petites routes qu’une otarie sur un exercice de funambulisme. Mais peu importe, la Mustang, c’est un vestige du passé, une époque où l’essence ne valait rien, où l’on croyait que tout était possible et que le meilleur était à venir. Et si vous voulez vraiment du sport, il reste la très désirable Shelby…

Nos remerciements au Classic Club pour le prêt de cette Ford Mustang !