Le nom en dit d’ailleurs long sur sa personnalité : contrairement aux autres Lamborghini qui portent un nom en rapport avec la tauromachie, celle-ci porte une expression d’un dialecte piémontais qui signifie « Waouw » ou « Génial »… C’est, à en croire la légende, ce qu’aurait dit l’industriel Bertone lorsqu’il aperçut la voiture sortant des ateliers !
Un style fou !
Et on le comprend, ce Bertone. Car la voiture qu’il a dessinée s’apparente nettement plus à un vaisseau spatial qu’à une automobile destinée à circuler sur la voie publique ! La Countach est aussi spectaculaire que possible, avec des angles nets, des portes en papillon et une absence absolue d’arrondi. Toute la voiture semble dessinée autour du thème du trapèze. La rupture, par rapport à la sculpturale Miura qu’elle remplace, est brutale ! La Countach, c’est un délire absolu : jamais une voiture n’aura créé autant d’émotions à sa sortie !
La Countach, vous vous l’imaginez probablement longue, basse et très large. Les dimensions réelles risquent dès lors de vous surprendre : si elle est effectivement incroyablement large (2 mètres) et basse (1,07 mètre, soit 17 cm de moins qu’une Alpine A110 actuelle !), elle est néanmoins étonnement compacte, avec une longueur de 4,14 mètres, soit à peine 8 cm de plus qu’une Renault Clio actuelle.
Techniquement
Avec une esthétique aussi ravageuse, la partie technique se doit naturellement d’être à la hauteur des événements. Et c’est effectivement le cas ! Si un premier prototype laissait augurer un V12 de 5 litres sous le capot arrière, la Countach reprend finalement le V12 de la Miura, soit un moteur de 3,9 litres délivrant 375 chevaux. Contrairement à cette dernière, l’architecture de la Countach est plus classique, avec un moteur en position longitudinale. C’est d’ailleurs cette position qui sera à l’origine du nom du modèle : LP400.
1974
Lamborghini introduit la Countach LP400 sur le marché. Le timing est cependant exécrable car la crise énergétique voit d’un mauvais œil cet engin exubérant. Quelque 158 exemplaires de cette version seront produits. Il s’agit sans aucun doute, du modèle le plus fluide, avec ses pneus relativement étroits, son absence d’extensions de carrosserie et ses lignes très fluides.
Dévergondée mais dégonflée
Quatre années plus tard, Lamborghini décide de faire rentrer sa Countach dans sa décennie. Nous sommes en pleine période bling-bling et le constructeur italien transforme sa jeune danseuse en une bimbo délurée. Il y va dès lors des arches de roues élargies abritant de copieux pneus et d’un aileron délirant en V. Mais techniquement parlant, la voiture souffre de nouvelles législations et voit sa puissance dégringoler à 350 chevaux. Certes, cela reste une sacrée cavalerie pour l’époque, mais combinée à la masse en hausse, cette perte de muscle se reflète très sensiblement sur les chronos.
Cure de bodybuilding
En 1982, Lamborghini se repenche sur sa Countach. Récemment repris par le groupe Mimran, l’Italien prend le taureau par les cornes et lui fait une transplantation cardiaque ! Le V12 est réalésé à 4,8 litres, ce qui lui vaut le nom de LP 5000 S. La fougue originelle est de retour car la fiche technique annonce à nouveau 375 chevaux. Lamborghini étudie même la possibilité de doper son V12 par deux turbos. Deux prototypes seront produits et le résultat, face au chrono, est ébouriffant : le constructeur annonçait 760 chevaux et 3,7 secondes au 0 à 100 km/h !
L’apothéose
Mais c’est à partir de 1985 que la Countach commence à vraiment reprendre des couleurs. Son V12 se voit élargi à 5,2 litres et surtout, il est coiffé d’une culasse à quatre soupapes par cylindres, ce qui vaut un nouveau nom au modèle : LP 5000 Quattrovalvole. Avec ses 6 gros carburateurs, cette colossale pièce mécanique développe la bagatelle de 460 chevaux ! Pour le marché américain, la Countach a néanmoins dû s’adapter et remplacer ses vieux carbus par une injection. Coût de l’opération : une quarantaine de chevaux. Mais vu la cavalerie de base, il reste néanmoins de quoi « s’amuser » !
En 1988, le modèle accuse déjà 14 ans de carrière. C’est certain, on planche sur une remplaçante ! Non, contrairement à ce que beaucoup d’ « experts » pensaient, la Countach n’est pas éternelle. Elle s’offre toutefois un dernier baroud d’honneur, avec une version spéciale qui célèbre le 25ème anniversaire de la marque, la « 25th Anniversary ». Techniquement identique à la LP 5000 Quattrovalvole, elle s’en distingue par une esthétique plus fine, usant et abusant des accessoires en plastique pour lisser sa carrosserie. Tout ceci aura un effet bénéfique sur ses performances puisqu’il s’agit certainement, de la Countach la plus rapide : 295 km/h et moins de 5 secondes au 0 à 100 km/h.
Vous en voulez une ?
Bien sûr ! Qui n’en voudrait pas ? Toutefois, prenez garde à ne pas idéaliser la voiture de vos rêves. La Countach est un monstre qui ne se laisse pas facilement apprivoiser et, même à l’époque de sa sortie, elle était considérée comme une machine incroyablement rétive. Ses commandes sont d’une dureté à faire souffrir un haltérophile, son échappement tonne avec extravagance sans jamais se taire, la visibilité est quasi nulle et le comportement a fait frémir plus d’un pilote chevronné. La Countach n’a absolument rien à voir avec ses descendantes, faciles et efficaces, même pour les amateurs. C’est un monstre.
Combien ?
Produite en à peine plus de 2.000 exemplaires, les Countach sont aujourd’hui des pièces très recherchées. Comptez entre 200.000 et 400.000 € l’exemplaire. Les premières LP 400 et les 25th Anniversary sont les plus recherchées. Les LP 5000 Quattrovalvole sont sans doute les plus exubérantes. Les LP 400 S, moins puissantes, sont logiquement les plus « abordables ». Mais ne vous y trompez pas : avec un tel pedigree et en dépit d’une technologie ancestrale, la Countach réclame des soins experts au coût princier.