Pas de révolution, l'Integra évolue cette fois encore en douceur, avec un éclairage full LEDs, une nouvelle fourche Showa, un combiné d'instruments multicolore, un mode sport offrant le choix entre trois niveaux, un nouvel échappement et quelques autres bricoles, comme l'apparition d'un réglage de l'amortisseur arrière. Mais voyons ça plus en détail. Honda coupe l'herbe sous le pied des accessoiristes avec un nouveau feu arrière repositionné en bout de selle, à la grande satisfaction des amateurs de tuning qui n'auront plus qu'à remplacer le support de plaque pour se rincer le dos à la première flaque.

Le phare passe aux LEDs aussi, et c'est très bien, mais pourquoi avoir conservé les feux de position à incandescence, presque jaunes en comparaison? Ne boudons pas notre plaisir, ce genre de détails, comme les inserts en acier du plancher, flattent l'œil et valorisent l'Integra.

25 pages

De même, le tableau de bord passe à l'affichage LCD négatif et abandonne le N&B pour la couleur et gagne quelques infos complémentaires ainsi que de multiples possibilités de personnalisation. Formidable! Sauf que le manuel de l'utilisateur y consacre 25 pages! Oui, 25 pages, je les ai comptées, rien que pour expliquer comment fonctionne ce fichu tableau de bord! Faut arrêter de fumer des circuits imprimés, les gars!

Ca donne juste envie de ne pas y toucher, de subir les effets lumineux d'un luna-park et se voir saluer à chaque fois d'un Hello "le nom-du-journaliste-qui-a-pris-l'Integra-avant-moi" suivi d'un "Vive-sa gazette" en coupant le contact! Merci, Pascal, ça prouve que toi au moins, tu t'es cogné la lecture des 25 pages! Bref, c'est bien joli, mais c'est encore plus chiant à utiliser que ma chaîne Hi-fi, ou ma télé,sa box et les deux télécommandes!

Pratique

Donc, en bref, on peut faire défiler des messages d'ouverture et de fermeture, personnaliser les effets lumineux colorés, mais aussi, plus prosaïquement, s'informer de sa consommation globale, moyenne, instantanée, de la durée du trajet, de la date et l'heure, de la gestion de la boîte (mode et rapport engagé). Pour la température extérieure, je suppose qu'il faudra encore attendre deux ans, si tout va bien…

Question aspects pratiques d'ailleurs, l'Integra est né avec quelques tares qui hérissent depuis le début les poil des "scooteristes" purs et durs: la place sous la selle reste comptée, juste de quoi y glisser une combine de pluie et deux ou trois bricoles, et on n'échappe toujours pas à la corvée de l'entretien de la chaîne, fort exposée aux éléments. Ne voyons pas tout en noir: exit la clé longue comme un jour sans pain et raide comme une jujube molle, qui ne demandait qu'à se plier (et casser!): la clé, toujours codée, se veut plus courte et résistante.

Maturité

Mais la plus grosse évolution se niche au creux des carters: L'audacieuse et géniale transmission DCT évolue encore avec ce millésime. La gestion de l'ensemble est encore peaufinée vers plus de réactivité et de fluidité, avec un contrôle adaptatif de l'embrayage qui gère le couple transmis et un capteur d'angle de pente, mais la nouveauté concerne le mode sport. Trois gestions différentes lui sont en effet dédiées. Si le passage du mode Drive au mode Sport est aisé, le choix entre les trois sous-modes est un peu plus laborieux. Heureusement, une fois sélectionné, celui-ci reste en mémoire, même après avoir coupé le contact.

Dans les faits, l'Integra se montre toujours aussi facile et plaisant à appréhender. Très agréable sans cet effet de patinage dû aux varios des scooters classiques, l'Integra réagit promptement et passe les rapports avec plus de transparence qu'auparavant. Le mode D convient parfaitement à la ville et à une conduite coulée, et le couple omniprésent dès les plus basses rotations autorise de franches accélérations. Avec le mode S3, le plus réactif, on s'amuse même franchement bien, et on ne voit dès lors plus trop l'intérêt de jouer en mode manuel.

Approuvé

Le passage d'un mode Sport à l'autre n'est guère aisé, obligeant à couper les gaz. Je me serais bien contenté de trois modes, commandés en cascade: éco, normal et sport… Châssis moto oblige, rien à dire sur le comportement routier, impérial. Si les suspensions progressent, elles privilégient toutefois plus l'efficacité que le confort. Le freinage ne prête pas le flanc à la critique, mais en usage "commuter", la disparition en 2014 du freinage couplé agace.

Fan de la première heure, je reste séduit par la proposition décalée du géant japonais. L'Integra n'a rien perdu de ses qualités, et la dernière mouture de sa transmission DCT brille par son équilibre: difficile de lui reprocher quoique ce soit, tant sa fluidité et sa réactivité ont progressé. Le moteur s'y accorde parfaitement et révèle un fameux potentiel à l'usage: attention d'ailleurs à son couple généreux: pas d'anti-patinage pour calmer ses débordements sur route mouillée, la prudence reste de mise dans ces conditions. L'Integra n'a rien perdu de ses défauts non plus: le coffre sous la selle reste désespérément riquiqui et l'entretien de la chaîne une corvée. Passage par la case "top-case" et "graisseur de chaine" conseillés, et tout de suite, on ne voit plus trop quoi lui reprocher…