Le style, chez Seat, c’est un élément fondamental qui permet de traduire la fièvre hispanique qui coule dans les durites des modèles et, par là, de les différencier des cousines germaines très proches que sont les VW, Audi et autres Skoda. Raison pour laquelle un éminent designer fût bombardé à la tête du bureau de style de la marque en 2005, provenant en droite ligne de chez Lamborghini, j’ai nommé notre compatriote Luc Donckerwolke ! Promu à de nouvelles responsabilités, ce dernier s’affère désormais aux côtés de Walter de Silva, grand manitou du style au sein du groupe VW.
Sa succession est assurée par Alejandro Mesonero Romanos, un Espagnol originaire de Madrid. Le groupe VW, notre espagnol, il connaît pour avoir œuvré de 1995 à 2001 pour VW et Audi, avant de rejoindre Renault, puis Samsung. Aujourd’hui, le voilà au chevet de Seat où il tentera d’assumer la lourde succession laissée par notre compatriote Luc Donckerwolke. En guise d’apéricube, Seat nous a proposé un concept-car « IBL », qui définit le chemin stylistique du futur.
Vroom : Assumer la succession de Luc, est-ce une lourde tâche ?
Alejandro Mesonero-Romanos : Incontestablement, Luc a beaucoup œuvré pour la marque. C’est un designer extrêmement talentueux ! Il a commencé à travailler sur le design de l’IBL et j’ai achevé le travail.
V. : Allez-vous emprunter le même chemin stylistique que Luc ?
A. M-R. : Nos chemins seront différents. L’idée n’est cependant pas de rompre avec Luc, mais de reprendre son travail et de le continuer. Nous jouons sur le long terme, en ce sens que je m’efforcerai d’apporter des choses nouvelles dans le design mais dans la continuité face à ce qui a été entamé avec Luc.
V. : Comment s’est déroulée la passation de pouvoir entre Luc et vous-même ?
A. M-R. : D’une manière progressive. Quand je suis arrivé chez Seat, Luc est resté à mes côtés pendant un mois. Une période qui a été profitable au transfert de connaissances : nous avons pu ainsi partager nos méthodes de travail et j’ai pu faire la connaissance des personnes travaillant au sein de l’équipe. Nos échanges se déroulent dans des cadres formels, mais aussi informels, comme lors de repas au soir.
V. : Quel est le rôle actuel de Luc ?
A. M-R : Luc est désormais un observateur qui aide Walter de Silva. Il regarde de haut ce qui se passe au sein des différentes marques du groupe, il coordonne la gestion des projets. Il peut nous servir de guide et reste un conseiller de talent.
V. : Etre espagnol chez Seat, est-ce un avantage ?
A. M-R : Oui et non. J’ai travaillé pour VW, puis pour Renault et Samsung. La nationalité n’a aucune importance dans le monde du design. En revanche, il est vrai que c’est une certaine fierté et cela apporte un avantage pour la communication.
V. : Parlez-nous de ce concept IBL…
A. M-R. : Ce concept ne préfigure aucunement un nouveau modèle. Il s’apparente à l’Exeo mais transporte surtout un message stylistique. A travers ce concept, nous prouvons que le langage stylistique dévoilé avec l’IBe, puis avec l’IBX peut être traduit sur une berline. Ainsi, nous démontrons la flexibilité de notre langage stylistique. L’IBL peut être considéré comme l’aboutissement d’un thème.
V. : L’arrivée imminente de voitures électriques, sera-t-elle synonyme de changements pour les designers ?
A. M-R. : Oui, on connaîtra une mutation radicale. Pour l’instant, les voitures électriques sont basées sur des plateformes de véhicules thermiques. Petit à petit, nous évoluerons vers des véhicules qui seront conçus dès le départ pour être électriques. Ce qui signifie une transition complète, à l’instar de ce qui s’est passé lorsque les calèches avec chevaux ont été remplacées par des voitures thermiques. Les efforts à réaliser sont énormes : il s’agira de travailler intensément sur le poids, l’aérodynamisme et intégrer les différentes batteries et autres moteurs électriques. Personne ne le fait vraiment actuellement, l’investissement est colossal. Il faudra sans doute attendre 2020 pour voir les premières voitures électriques et conçues à la base comme telles.