Seul un regard attentif permettra de différencier la nouvelle XF de la génération précédente, mais la lecture de la fiche technique ne laisse guère planer le doute. La nouvelle caisse, composée à 75% d'aluminium, permet en effet de gagner jusqu'à 190 kg, pas mal pour une telle voiture! Un bonheur ne venant jamais seul, le Cx dégringole de 0,29 à 0,26.

Plus rigide de 28%, plus légère, plus aérodynamique, la XF 2016 est aussi plus logeable: la garde au toit gagne près de trois centimètres, l'espace aux genoux pour les passagers arrières 24 millimètres, grâce à un empattement rallongé de 51 mm, pour une longueur hors tout raccourcie de 7 millimètres et une hauteur réduite de 3 mm..

Boulons et rondelles

Le 2.2 L diesel passe à la trappe, remplacé par le nouvel Ingenium 2.0 L de 163 ou 180 ch, ce qui fait de la XF ainsi motorisée le véhicule le plus attractif de son segment, avec 104 grammes de rejets par kilomètre.

Restons dans le "boulons – rondelles" avec une assistance de direction électrique moins énergivore et compatible avec les inévitables aides à la conduite (compensation de la cambrure de la route, maintien de trajectoire, surveillance des réactions du conducteur ou aide au stationnement).

Les trains roulants sont hérités de la récente F-Type, une référence en la matière, avec une suspension en aluminium à doubles triangles superposés pour le train avant et un train arrière à bras intégrés en aluminium lui aussi. L'amortissement adaptatif évolue avec un contrôle de la caisse et des mouvements de roues quasiment constant, tandis que les amortisseurs passifs font varier les courbes d'amortissement en fonction de la vitesse et de la fréquence.

Héritage de la F-Type

L'Adaptative Dynamics permet au conducteur de jouer sur la réactivité de l'accélérateur, la gestion de la boîte, la direction et l'amortissement. L'Intelligent Driveline Dynamics s'appuie sur différents capteurs pour décider combien de couple transférer, et quand. La transmission intégrale, héritée elle aussi de la F-Type, sera d'abord disponible sur les V6 essence. Privilégiant la transmission du couple aux roues arrières, elle peut au besoin transférer la puissance sur le train avant,

Notons encore différentes assistances, comme le contrôle de motricité facilitant le démarrage en conditions de faible adhérence, le régulateur de vitesse adaptatif intelligent tenant compte des panneaux de vitesse et des données du système de navigation, l'affichage tête haute, l'éclairage adaptatif full LED.

Sous le capot, outre l'Ingenium 2.0 L quatre cylindres diesel accolé au choix à une boîte manuelle à six rapports ou une boîte automatique à huit rapports, nous retrouvons le 2.0 L essence de 240 ch, et deux motorisations six cylindres. Le V6 diesel passe à 300 ch, avec un respectable couple de 700 Nm, avec une conso normalisée de 5,5 l/100km et 144 g/km de rejets. Le V6 essence suralimenté de la Jaguar XF est proposé aussi, en 340 et 380 ch.

Connectivité

Pas encore disponible à l'arrivée de la XF en concession début octobre mais planifié pour la fin de l'année, le système d'infodivertissement à écran tactile de 10,2" baptisé "InControl Touch Pro", accompagné du bloc d'instruments TFT de 12,3" configurable, semble sur le papier (lisez en démo statique) prometteur sur certains points, mais sans doute trop généreux en distractions potentielles pour le conducteur, un travers dans lequel semblent se complaire tous les constructeurs, hélas.

Si la ligne extérieure ne change guère, l'agencement intérieur non plus. Nous retrouvons sans surprise la commande de boîte rotative escamotable et les aérateurs pivotants qui démarquèrent la XF lors de son lancement en 2007. La planche de bord se prend des petits air de XJ avec la ceinture incurvée "Riva Hoop" qui court d'une porte à l'autre. Un très bel effet, hélas déforcé avec l'option affichage tête haute qui rompt le rythme et se reflète désagréablement dans le pare-brise.

Nostalgie

L'ensemble ne manque pourtant pas d'élégance, mais ne dégage plus autant ce doux parfum d'empire britannique qu'exhalaient les belles anglaises d'antan. Il y a pourtant une carte à jouer ici, face à la rigueur germanique. Et que dire de l'inventivité d'une Rover P5 3500 Coupé des années '60, dont les accoudoirs de porte se réglaient en hauteur? Ce n'était pas franchement idiot, c'était il y a un demi-siècle! Ne boudons pas notre plaisir, entre les différents niveaux de finition et les palettes de matériaux proposés, les aménagements intérieurs ne décevront pas grand monde.

Lors de la présentation internationale de la XF dans le nord de l'Espagne, Jaguar avait mis à notre disposition toutes les motorisations, hormis le 2.0 L essence, et c'est avec la XF mue par le 2.0 L diesel Ingenium de 180 ch accolé à la boîte auto que débute la journée.

Ticket pour le "fleet"

Il ne fait aucun doute que ce moteur sera plébiscité chez nous, vraisemblablement dans sa variante 163 ch à boîte manuelle, avec sa consommation normalisée de 3,9 l/100km et ses rejets de 104 g/km de CO2.

Du beau travail! Le nouveau moteur suffit amplement à la tâche, bien aidé par une caisse généreusement amaigrie. 190 kg de moins, ça ne passe pas inaperçu, tant pour les performances que pour le comportement! Cette Jaguar se manie avec aisance, jouant le parfait équilibre entre comportement routier vif et confort préservé. Je faisais plus haut allusion aux anglaises d'antan. Nous ne retrouverons pas ici ce confort feutré et moelleux dont elles avaient le secret, mais il fait malgré tout bon vivre dans le cockpit de la dernière Jag'! A défaut de performances ébouriffantes, on ne se sent jamais puni avec les 180 ch du "petit" diesel, bien secondé par une variante plus légère de la splendide ZF à huit rapports.

Gaz!

Les affaires sérieuses commencent sur la piste du circuit de Navarre généreusement badgé Jaguar, qui monopolise régulièrement cette piste pour la présentation de ses produits. On joue dans une autre cour, avec la XF S – AWD, ses 380 ch et sa transmission intégrale. Mon moniteur, fan du circuit de Francorchamps où il aime faire parler la poudre au volant d'une E-Type Lightweight ou d'une XJS TWR, lance la puissante XF sur la piste et donne immédiatement le tempo avant de me céder le volant.

Surprenant de voir le comportement de cette Jag' dans ce complet contre-emploi. La réactivité de la transmission intégrale impressionne, et rend la XF particulièrement neutre et rassurante. J'enquille quatre tours sans repasser par les stands pour refroidir les freins qui ne donneront aucun signe de faiblesse, malgré la chaleur et l'odeur qui s'en dégage à l'arrêt. J'apprécierai encore les qualités de cette transmission sur une piste généreusement arrosée.

Poli, trop poli

Accélérations et freinages violents, virages serrés et détrempés, rien ne semble mettre la voiture en péril, de quoi voir venir la mauvaise saison ou les routes menant aux sports d'hiver avec une absolue sérénité! La plus désirable, alors? Presque! Il lui manque peut-être un soupçon de cette exubérance dont déborde la F-Type. Le caractère du moteur est en effet sensiblement lissé, moins démonstratif mais plus en phase sans doute avec l'esprit de la voiture. Mais, bon sang! à son époque, la MkII n'avait pas peur de l'exprimer, son caractère!

Non, indépendamment de toutes considérations fiscales, celle qui m'a le plus charmé fut la V6 3.0 L diesel de 300 ch. La force tranquille de ses 700 Nm m'a complètement séduit, avec un accord moteur boîte absolument parfait. Le V6 sait se montrer discret, mais toujours réactif, tandis que le châssis excelle sur les routes pyrénéennes, avec une agilité que l'on ne soupçonne pas.

La boîte en mode Sport, l'Adaptative Dynamics en mode Dynamic, la Jaguar colle à la route, avec un comportement enthousiasment. Jamais elle ne se vautre sur son train avant, enquillant les épingles avec une vivacité qui ne laisse pas deviner la masse malgré tout conséquente (1.545 kg pour l'Ingenium, mais 1.750 kg pour celle-ci, voire même 1.760 pour la "S" AWD!), le confort restant malgré tout préservé. Il faut vraiment vous la rendre, Monsieur Jaguar? J'en ferais bien mon ordinaire…