Dès le premier modèle, Kawasaki a privilégié la compacité, en faisant le choix d'un bicylindre qui autorisait l'emploi d'un cadre fin et léger. Le nouveau cadre périmétrique aux doubles tubes très apparents s'éloigne visuellement du modèle antérieur, et sa partie centrale est désormais de type monopoutre, ce qui affine encore l'ensemble. Le cadre court et compact se complète d'un bras oscillant redessiné et qui reprend lui aussi le principe du double tube; Il reprend du côté droit une courbure qui souligne l'intégration du pot d'échappement. Les fondamentaux restent, comme l'amortisseur monté latéralement, une des signatures visuelles des ER-6.

Plus de confort

Premier bénéfice de cette refonte, la selle qui s'épaissit et la moto qui s'amincit, permettant de bien poser les pieds à plat au sol. Toujours pour améliorer le confort, le guidon (élargi de 20 mm), le support de selle et les platines de repose-pieds monobloc pilote/passager sont montés sur silent-blocs pour filtrer les vibrations. Les suspensions sont revues: l'amortisseur arrière gagne 2 mm (!!) de débattement, tandis que la fourche s'allonge de 15 mm et son débattement de 5 mm, les ressorts sont plus souples et les lois d'amortissement sont revues.

Plus de couple

Côté moteur, Kawasaki a revu sa copie avec pour objectif de renforcer le couple à bas et moyens régimes, histoire de rendre la petite Kawette encore plus agréable et exploitable au quotidien. Sont ainsi revus l'admission, avec une nouvelle boîte à air avec filtre papier, l'injection et l'échappement qui gagne en capacité tout en restant sous le moteur. Techniquement, nous noterons encore l'apparition d'un nouveau module ABS plus compact et nanti d'un processeur plus sophistiqué.

Tous pareils, tous différents

Esthétiquement, tout change, mais la ER-6 se reconnaît immédiatement comme telle, tous les éléments forts de son design initial étant reconduits. L'entourage de phare s'allonge et s'amincit, en gardant le principe des deux optiques superposées. Il est désormais surmonté d'une mini casquette fumée masquant le tableau de bord. Celui-ci, bien plus lisible qu'auparavant s'enrichit de diverses informations, dont un voyant "Eco" qui s'effacera au dessus de 6000 trs/min. Les deux écopes de radiateur perdent leurs clignoteurs intégrés, banalement remplacés par deux éléments classiques de part et d'autre du phare. Le réservoir s'élève de 20 mm, et intègre dorénavant le contacteur sur l'avant, dans un cache en plastique noir qui lui descend sur les flancs. La selle, dorénavant en deux parties, surplombe une poupe plus étroite et plus courte. Le feu arrière à LEDs, redessiné, est toujours encadré par deux larges poignées de maintien.

Nue, ou habillée?

La ER-6 F  se différencie de la "N" par son carénage, étudié en soufflerie et qui ne doit plus rien à l'ancienne génération. La bulle se règle en hauteur sur 60 mm, via trois positions, au moyen d'outils, hélas. De grandes écopes découpent les flancs du carénage pour dégager la chaleur du moteur. Le style général s'inspire évidemment de la prestigieuse lignée des Ninja et le tableau de bord, contrairement aux générations précédentes, reprend à peu de choses près la même architecture que celui de la "Naked". Outre la jauge à carburant, le compteur de vitesse à affichage digital, la montre, le totaliseur kilométrique et les deux partiels, il indique maintenant l'autonomie restante, la consommation moyenne/instantanée et le fameux témoin de conduite économique.

Humaine

Nous retrouvons avec énormément de plaisir le guidon de nos deux petites Kawa, en nous demandant pourquoi les constructeurs s'obstinent à nous proposer des machines de plus en plus puissantes, encombrantes et lourdes! Certes, la ER-6, plutôt menue, ne ménagera pas beaucoup de place à un géant, mais en contrepartie, la taille de guêpe de cette 650 la rend tellement humaine et agréable à piloter, contrairement à tant d'autres motos, souvent bien intimidantes. C'est vraiment ce qu'on retient de cette moto: on ne se sent jamais débordé par son poids ou sa puissance. Son comportement, parfait en toutes circonstances la rend rassurante pour tous, et son tempérament moteur, vif et amusant, permet de choisir son rythme sans jamais se faire peur. Un vrai sans faute, et la preuve encore une fois qu'il n'est pas nécessaire de voir grand pour se faire plaisir!

Vivante

Le travail sur le moteur pour ce millésime 2012 porte ses fruits: il est possible, en enroulant finement de reprendre doucement dès 2000 trs/min, plus franchement à partir de 2500-3000 trs/min. Les mi-régimes, bien remplis, permettent d'exploiter au mieux la machine, avec toujours la possibilité de titiller la zone rouge pour faire parler (raisonnablement) la poudre. Ceci dit, avec une puissance maxi à 8500 trs, il n'est pas indispensable de vouloir caler à tout prix l'aiguille du compteur à 11000 trs/min pour avancer!

Pour toutes et tous!

Le châssis apporte plus de confort, surtout grâce à la nouvelle selle, plus d'aisance aussi, avec 5 cm de gagnés en largeur au niveau des pieds, sans rien perdre de sa neutralité, de son agilité et de sa stabilité, jamais prises en défaut. Les ER-6 sont des motos saines et faciles à mener, tant pour les vieux briscards qui ne s'embêteront pas un instant, que pour les débutants à qui elles pardonneront bien des erreurs. Un vrai sans faute, donc, pour une moto à laquelle on ne reprochera que des broutilles, comme des vibrations malgré tout perceptibles, un amortissement encore ferme, des freins efficaces mais auxquels il manque à notre goût un peu de mordant (un choix qui rassurera les débutants), et des rétroviseurs perfectibles sur la ER-6 F. Bien peu de choses, en somme…