La Versys, pour Versatile System, est taillée pour toutes les situations. Il n’est que de voir la somme de qualités réunies sur les gros trails routiers (BMW 1200 GS, Triumph Tiger, …) pour se rendre compte que le genre ne manque pas d’intérêt. Pas étonnant que Kawasaki ait décidé d’investir le créneau en partant de la très réussie ER6. Trail La Versys en reprend d’ailleurs les éléments fondamentaux comme le cadre et le moteur. Bien sûr, tout est revu dans l’optique désirée. Ainsi le cadre se voit doté d’une nouvelle boucle arrière de style très italien, d’un magnifique bras oscillant "banane" asymétrique en aluminium et d’une robuste fourche inversée qui inspire immédiatement confiance. Résultat: un débattement supérieur, tant à l’avant qu’à l’arrière. Kawasaki en profite également pour revoir intégralement l’habillage de la Versys, qui s’éloigne définitivement du style ER6. Les avis sur le résultat sont assez partagés et l’ensemble phare – tête de fourche semble avoir un peu de mal à s’imposer, son style très personnel ne plaisant pas à tous. La moto ne manque toutefois pas de caractère et se démarque assez facilement d'une concurrence à l’esthétique plus sage, en tout cas dans le camp japonais. Originalité esthétique, certes, mais pas au détriment de la convivialité à bord, comme (presque!) toutes les japonaises. La Kawa, très intuitive, rend la prise en main immédiate, évidente et l'on retrouve à son bord la position de conduite naturelle qui fait le charme des trails: position bien droite, confortable, grand guidon facilitant le contrôle et le placement de la moto, assise légèrement surélevée offrant une excellente vision, protection réelle bien qu’insuffisante de la carrosserie. Gênes de ER6 Le moteur de l'ER6 a été revu pour ce nouvel usage. La recette est classique: moins de puissance pour plus de couple. Une démarche qui paraît à priori logique, mais qui, ici, ne convainc guère. L’augmentation du couple ne se ressent pas beaucoup, au contraire de la perte de puissance. Autant le moteur était expressif dans l'ER6, vigoureux dès les bas régimes jusqu’à la zone rouge, autant ici il paraît affadi. Certes, il fait toujours preuve de vivacité à partir de 3.000 tr/min jusqu’à plus de 10.000 tr/min, mais sans le "peps" qui fait le charme de ses sœurs. Et sous 3.000 tr/min, il n’y a rien à espérer, hormis des cognements. Dommage, parce que nous pensions vraiment que la Versys n’aurait rien perdu à conserver le caractère moteur des ER6, qui l’aurait rendue un peu plus pétillante, sans rien lui faire perdre de sa… versatilité. Secouez-moi Le châssis présente d’excellentes qualités routières, rendant la Versys très amusante à mener, malgré des suspensions beaucoup trop sèches. Nous avons souffert le martyre sur une autoroute au revêtement dégradé (Lille-Dunkerque, à éviter avec la Versys!). Ce défaut, qui ne nous était pas apparu lors de l’essai des ER6-N et F, devient ici franchement gênant en certaines circonstances, et ne correspond pas à ce que nous attendions d’une version trail. Serait-ce à ce prix-là que nous bénéficions par ailleurs d’une rigueur de comportement bien appréciable pour s’amuser sur les petites routes? ABS Le freinage s’acquitte honorablement de son travail. On peut, à l’extrême, lui reprocher un léger manque de mordant, mais il répond parfaitement à ce qu’on est en droit d’espérer sur ce genre de moto, d’autant que (ne vous en privez pas!) l’ABS est disponible en option et apporte un surcroît de confort et de sécurité incomparable. Parmi les autres qualités de la Versys, une autonomie de 300km, grâce à un réservoir de 19 litres et une consommation qui, lors de notre essai, oscilla entre 5,7 et 6,2 litres pour cent kilomètres. Cette aptitude au voyage fait regretter l’absence de porte-bagages. Dommage, pour une moto qui allie aptitude au duo et aux kilomètres… Regrets Nous avions beaucoup aimé les ER6. Est-ce que parce que nous attendions beaucoup de la Versys que nous sommes un peu restés sur notre faim? Les qualités dynamiques de la Versys, le genre "trail" du modèle et tous les aspects qui vont avec, compensent-elle la nouvelle définition du moteur qui ne nous a guère convaincu, pas plus que la sècheresse des réactions de suspension sur mauvais revêtement. Allez, Monsieur Kawasaki, offrez-nous une Versys au moteur plus pétillant et aux réactions de suspensions plus abouties, et si vous y ajoutez quelques aspects pratiques comme un porte paquet, vous friserez le sans faute, surtout au prix proposé! (6.990 €, 7.590 € avec ABS) © Bruno Wouters