La tenue de circonstance
C’est la première fois que le constructeur japonais présente une voiture à la prétention aussi sportive. Il s’agissait de ne pas se louper sur ce coup là, la concurrence teutonne est en effet, extrêmement coriace ! Et à la regarder, le défi semble déjà amplement relevé : à l’avant, le capot bombé suggère qu’une mécanique hors nomes y est dissimulée. Quant aux écopes d’air sur les ailes avant, elles ne font que confirmer cette première impression ! A l’arrière, plus de doute possible, les quatre sorties d’échappements et le bouclier revu impressionnent la galerie !
Un V8, sinon rien
A l’instar de ses rivales, la Lexus s’en remet à un V8. Entre le 4 l surexcité de la BMW et le démoniaque 6.2 l de la Mercedes, tous deux conçus dès la naissance pour présenter une fibre sportive, la IS-F s’en remet à une mécanique de limousine… Voilà qui ne présage rien de particulièrement transcendant… Et pourtant… Tout d’abord, avec une cylindrée de 5 litres, on se dit qu’il y a déjà de quoi faire ! Ensuite, les ingénieurs nippons n’ont pas ménagé leurs efforts pour épicer cette mécanique. Gardant son double système d’injection (directe et indirecte), ce moteur a été adapté à une utilisation sportive : en témoignent le système anti-déjaugeage, le double circuit d’admission et l’échappement spécifique. Avec ses culasses retravaillées, ce V8 délivre 423 chevaux et 505 Nm à 5.200 tr/min…
Une boîte à malices
La transmission provient également de la luxueuse limousine LS. Automatique, elle compte huit rapports. Mais si l’étagement n’a pas été touché, la gestion a été particulièrement peaufinée. Premier indice : des palettes se sont invitées derrière le volant. Et dès les premiers tours de roue, le doute n’est plus permis : cette boîte fait partie des meilleures du genre ! Vive et réactive, elle n’oublie pas le petit coup de gaz à chaque rétrogradage et s’exécute avec une rapidité incroyable ! Le secret ? Un convertisseur qui se bloque dès la mise en mouvement. Un petit regret ? Elle ne laisse pas suffisamment de champs libre au conducteur (pilote pour l’occasion) lors des rétrogradages, en l’empêchant de manière pessimiste toute action jugée ambitieuse… Plus fatiguant, à la longue surtout, les nombreux « bips » qui viennent vous rappeler que c’est la machine qui a le dernier mot… On regrette aussi la gestion automatique, qui rétrograde à tout va, à la moindre pression sur la pédale de droite…
Pour quatre seulement…
Dans l’habitacle, la philosophie sportive de la IS-F est omniprésente. Tout d’abord, l’ambiance sombre plonge les occupants dans une atmosphère intimiste. Et ils ne seront que quatre à monter à bord, Lexus ayant boycotté le siège central. Voilà qui laisse la place à quatre fauteuils-baquets, qui étonnent tant par leur confort que par leur maintien. Malheureusement, le pilote n’est pas aussi bien installé qu’espéré : pour les grands gabarits, le contact avec cette super sportive se fera aussi via le ciel de toit… Heureusement, l’instrumentation complète (rappel de rapport de boîte de vitesse, température d’eau, d’huile, voltmètre,…) vient titiller les sens de l’heureux conducteur. Tradition typiquement japonaise, l’équipement est pléthorique, avec une multitude de gadgets parfois bien utiles au quotidien : écran GPS tactile (mais ne pouvant fonctionner qu’à l’arrêt), caméra de recul, sono Mark & Levinson, chargeur 6 CD en façade, sièges chauffants, carte mains libres… Et le tout est de série ! Le confort à bord est tout à fait honorable, avec une suspension étonnement filtrante et une insonorisation étudiée.
BroooooooooooAAAAAAAAAAAAAAAAAAAR
Une impulsion sur le bouton du démarreur et le V8 s’éveille. Sourd, prometteur, mais feutré. Boîte sur D, et nous voilà en route ! Sous la barre des 3.600 tr/min, la mécanique se fait discrète, rappelant juste son potentiel par son grondement profond, mais étouffé juste comme il faut. Nous sommes dans une Lexus après tout… Douce et facile, elle se manipule alors comme n’importe quelle IS. Mais une fois ce régime fatidique atteint, le monde bascule autour de vous ! Les bruits d’aspirations se font rauques et le V8 fait trembler le monde par son hurlement rageur ! Grave et menaçante, sa sonorité est un véritable festival ! La poussée est bien réelle et vous rappelle que l’on n’est plus là pour amuser la galerie. Les performances sont éblouissantes et rythmées par l’excellente boîte qui réagit à la moindre impulsion ! Que du bonheur ! Lexus annonce 270 km/h en pointe (limitée électroniquement) et un 0 à 100 km/h en 4,8 secondes ! Certes, ses concurrentes font un tantinet mieux (sauf en vitesse de pointe), mais le résultat est amplement suffisant pour perdre son permis !
Châssis sain et facile
Equilibrée, la Lexus rassure par ses réactions logiques et très progressives. Son moteur linéaire facilite également la prise en main. La direction est précise et informative, mais manque d’un peu de consistance. Certes, la bête n’est pas légère et cela se ressent, mais cela ne vient nullement handicaper l’efficacité, bluffante. Le freinage surprend par son potentiel et présente une endurance largement suffisante.
Tarifs, équipement et économie d’utilisation
Affichée à 72.460 €, la Lexus se situe dans la même gamme de prix que ses rivales. En revanche, elle affiche un équipement nettement plus complet ! Ce qui revient à dire qu’elle est la moins chère du trio… De série, la IS-F offre l’air conditionné automatique, les deux sièges avant réglables en hauteur, les capteurs de pluie et de lumière, la sellerie en cuir, le volant multifonctions, la carte mains libres, l’installation audio Mark Levinson, les phares bi-Xénon, les jantes 19 pouces, le chargeur 6 DVD en façade,…
La consommation a révélé une étonnante et agréable surprise : en dépit de ses 5 litres de cylindrée, la Lexus ne s’est pas montrée exagérément tournée vers la boisson ! Avec 12,5 l/100 km de moyenne, on peut considérer sa consommation comme « raisonnable »… Tout est évidemment relatif. Au niveau des émissions de CO2, Lexus annonce 270 gr/km.
Conclusion
Fuselée comme un missile, cette berline épicée à la saveur orientale avance plus d’un argument pour contrer la concurrence allemande. Son moteur n’est pas sans doute pas aussi sauvage que celui de chez Mercedes ou aussi sportif que celui de chez BMW, mais son punch est impressionnant, sa sonorité, vraiment grisante et, last but not least, sa consommation reste maîtrisée. Des atouts qui pèsent lourds dans la balance, d’autant plus qu’elle affiche un rapport prix/équipement imbattable… Voilà de quoi faire frémir les têtes pensantes d’outre-Rhin !