Jean-Francois Christiaens

30 JUL 2024

Essai : Maxus eUNIQ6, volume à prix cassé

Maxus continue son offensive sur le marché des véhicules particuliers avec ce SUV électrique spacieux proposé à un prix compétitif. Mais ces qualités sont-elles suffisantes pour séduire à l’usage ?

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Le Maxus eUNIQ6 séduit non seulement par son rapport qualité / équipement / prix mais aussi grâce à son vaste volume habitable. Néanmoins, ses « qualités électriques » restent assez basiques."

Marque du groupe chinois SAIC Motor (Shanghai Automobile Industry Corporation), qui possède notamment aussi MG dans son portefeuille, Maxus a débuté son offensive en Europe avec ses véhicules utilitaires électriques. Petit à petit, Maxus entend toutefois aussi séduire les clients particuliers. Mais toujours avec des modèles exclusivement électriques. Soit avec la déclinaison « double cabine » de son pick-up T90 EV. Mais surtout avec ses grands monovolumes stylés MIFA 9 (5,27 m ; 7 places) et MIFA 7 (4,91 m ; 7 places). Mais bien sûr, pour s’attaquer au cœur du marché du véhicule électrique en Europe, il manquait encore un SUV dans le catalogue Maxus ! Voilà qui est maintenant chose faite grâce à cet eUNIQ6.

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Design

Allure conventionnelle…

Contrairement à ses frères de la lignée « MIFA », cet eUNIQ6 ne mise pas sur un design clivant pour se démarquer. Au contraire, ce SUV présente plutôt des lignes assez conventionnelles qui devraient rassurer les clients à la recherche d’un modèle discret et passe-partout. Sa poupe se démarque tout de même par la présence d’un grand bandeau LED assurant une certaine « assise » sur la route à ce SUV haut-sur-pattes. Les fins feux LED, à l’avant, confèrent quant à eux un visage assez acéré au modèle. Notons également que ce Maxus affiche clairement la couleur. Personne ne se demandera de quelle marque il s’agit en découvrant un logo inhabituel sur la calandre comme c’est parfois le cas avec d’autres modèles exotiques. Dans ce cas-ci, Maxus s’affiche clairement en toutes lettres tant sur la proue que sur la poupe du modèle.

Enfin, notons que l’importateur Astara (qui distribue aussi chez nous Hyundai, Suzuki ou MG par exemple) n’a prévu qu’une unique version de ce SUV Maxus. De série, tous les modèles disposent donc des vitres arrière teintées, du surlignage chromé de ses vitrages latéraux ou encore des jantes en alliage de 18 pouces. Bref, dans l’ensemble, ce SUV présente plutôt bien.

Blanc sous la barre pivot

Quatre couleurs « seulement » sont prévues au catalogue de cet eUNIQ6. Mais il y a fort à parier que les clients résidant en Flandre privilégieront surtout son blanc « Pure White ». Seule peinture prévue sans supplément. Les trois autres teintes métallisées (gris, rouge et noir) facturées 800 € font en effet passer le prix du modèle juste au-delà de la barre des 40.000 € retenue comme pivot pour la prime de 5.000 € sur les modèles électriques immatriculés en Flandre en 2024.

Expérience

Long de 4,74 m, ce SUV peut être considéré comme un grand modèle du genre. Pour se donner un ordre de grandeur avec un concurrent thermique bien connu, c’est quasiment l’encombrement du nouveau Skoda Kodiaq (4,76 m) qui ne lésine pas sur les centimètres. C’est donc sensiblement plus long, dans l’univers électrique cette fois, que le Skoda Enyaq (4,65 m)ou encore que les nouveaux Renault Scenic E-Tech (4,47 m) et Peugeot e-3008 (4,54 m).

Conséquence de ce gabarit extérieur « imposant » : l’eUNIQ6 présente un espace habitable généreux. On accède facilement aux places arrière via de grandes portes et on y trouve un plancher totalement plan. Trois adultes peuvent s’installer assez confortablement, même si bien sûr les places latérales se montrent les plus accueillantes.

Maxus a aussi soigné la modularité de son SUV, avec la présence de dossiers arrière réglables en plusieurs inclinaisons de série. Les assises descendent également vers le plancher quand on replie totalement les dossiers afin de jouir d’un vaste plancher plan de chargement en cas de besoin.

Mais cette solution ne sera à retenir que pour les jours de grand déménagement. Avec un coffre de plus de 750 l (754 l) et aux surfaces régulières facilement exploitables, on aura déjà largement de quoi voir venir au quotidien en conservant la configuration à 5 places. A ce sujet, notons que la présence d’accoudoirs au niveau du coffre et le vaste grand rangement prévu sous le double plancher permettrait d’espérer pouvoir commander une « option 7 places ». Mais ce n’est pas prévu : l’eUNIQ6 est uniquement proposé en 5 places. On profitera alors du grand rangement sous le coffre pour disposer les câbles de recharge puisqu’on ne trouve qu’un grand cache en plastique sous le capot avant. Aucun « frunk » n’est prévu. Par contre, notons que le grand toit vitré panoramique ouvrant qui inonde l’habitacle de lumière fait partie de la dotation de série. Tout comme le hayon arrière à ouverture électrique (au bouton de commande à trouver sur l’essuie-glace arrière).

Présentation « soignée », sans plus

Globalement, la présentation de l’habitacle est assez soignée pour un modèle « à prix serré ». On trouve même quelques plastiques moussés assez flatteurs. Mais certains matériaux pourraient mal vieillir, comme en témoigne par exemple l’habillage noir autour de la tablette centrale déjà altéré sur notre modèle d’essai n’accusant pourtant que 1.800 km. A voir.

En fonction de son gabarit, on pourrait également se plaindre de la position de conduite (avec un volant uniquement réglable en hauteur, pas en profondeur) et du confort des sièges (assez fermes et manquant un peu de maintien) à l’avant. L’ergonomie du poste de conduite aurait aussi pu être plus soignée : le rangement caché derrière la console central n’est pas très accessible (tout comme les connexions USB et 12 volts qui s’y trouvent d’ailleurs) et les espaces de rangement d’une manière générale restent assez chiches.

Pas d’Android Auto

Devant ses yeux, le conducteur trouve deux écrans. Celui du cockpit digital (12,3 pouces) est assez complet, à défaut de présenter un graphisme très original. La tablette tactile centrale installée en format portrait (10,4 pouces) est, quant à elle, positionnée un peu bas. A l’usage, on en aura rapidement fait le tour, les menus étant assez rares. On notera également que le modèle n’intègre pas de navigation. Il faudra faire appel à celle intégrée à son smartphone. En revanche, si les adeptes de « la pomme » seront ravis d’apprendre qu’Apple CarPlay est prévu, il faudra se passer des services d’Android Auto. Les utilisateurs Android devront télécharger l’application QD Link pour dupliquer leur smartphone sur la tablette.

Plus globalement, on déplorera aussi une connexion radio assez défaillante. Mieux vaut utiliser sa playlist via Bluetooth pour égayer ses trajets. La radio en DAB+ « saute » en effet régulièrement en route, ce qui peut vite devenir exaspérant.

Equipement complet en série

Néanmoins, l’équipement général est assez complet. En l’absence totale d’option (hormis la peinture métallisée), on jouira en série de du chargeur à induction, de la climatisation automatique, des sièges avant à réglages électriques et chauffants, du système de caméra 360°, de l’accès/démarrage mains-libres, du régulateur de vitesse adaptatif, etc.

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Conduite

Pas d’embarras du choix non plus du côté technique. L’eUNIQ6 n’est proposé que dans une seule variante couplant une batterie lithium-ion de 70 kWh à un moteur électrique de 130 kW (177 ch). Ce dernier anime les roues avant et assure des prestations « honnêtes », sans plus au lourd SUV de quasiment 2 tonnes à vide (1.960 kg). La vitesse maximale est fixée à 160 km/h et l’exercice traditionnel du 0 à 100 km/h réclame 10,5 s. Bref, on n’évolue clairement pas dans l’univers du SUV électrique taillé pour malmener les cervicales. Mais les 310 Nm de couple du moteur électrique passent assez efficacement au sol et suffisent en conduite coulée. C’est, du reste, clairement la philosophie de ce modèle au comportement routier plutôt confortable que sportif. Avec un coffre chargé jusqu’au toit, 5 personnes à bord voire une remorque (on peut tracter jusqu’à 750 kg), il faudra toutefois certainement éviter les dépassements furtifs.

3 niveaux de récupération

En route, il faut utiliser le levier de sélection de marche sur la console centrale pour basculer entre les trois niveaux proposés pour le freinage régénérateur. C’est moins commode qu’avec des palettes derrière le volant. Mais tout de même plus simple que de devoir naviguer dans un menu de la tablette centrale. Notons néanmoins que même en niveau 3, le Maxus électrique n’offre pas de conduite « à une pédale ». Il faut toujours utiliser le frein conventionnel pour marquer l’arrêt.

Quelle est l’autonomie du Maxus eUNIQ6 ?

Maxus annonce une autonomie WLTP de 354 km. Dans la pratique, nous avons relevé une consommation réelle de 20,2 kWh/100 km durant notre essai, avec une majorité de trajets autoroutiers. On peut donc tabler sur une autonomie réelle de l’ordre de +- 330 km avant de chercher une borne de recharge. Et il faudra alors être assez patient. Le chargeur intégré ne digère en effet que le courant monophasé jusqu’à maximum 6,6 kW. Il faudra donc environ 12 heures sur une borne adéquate (mais sur notre borne triphasée, le temps réel était forcément encore plus important). Quant à la charge rapide en courant continu, Maxus annonce un temps d’immobilisation de 35 minutes pour récupérer de 30 à 80 %. Bref, pas un « chrono spectaculaire ».

Prix

Prix Maxus eUNIQ6 2024

On l’a écrit, Maxus ne propose qu’une unique version de son SUV eUNIQ6. Et son prix catalogue a été judicieusement étudié pour lui permettre de profiter de la prime flamande pour les véhicules électriques commandés en 2024 : 39.990 €. A part, la peinture métallisée proposée en sus à 800 €, tout est compris pour ce tarif. On s’en passera donc si on habite en Flandre et qu’on passe commande avant la fin de l’année afin de repartir avec ce modèle pour un prix net de 34.990 €. Un prix assez alléchant au vu des prestations générales offertes.

Pour les conducteurs habitant dans les autres régions, ou pour les commandes passées en 2025, notons que le prix même peinture métallisée comprise de 40.790 € reste compétitif. D’autant plus que pour ce prix, Maxus offre une garantie de 5 ans / 100 000 km sur le véhicule et une garantie de 8 ans / 200 000 km sur la batterie. Tout l’attirail sécuritaire est également prévu de base, dont le système de freinage d'urgence automatique, l'aide au maintien dans la voie, le régulateur de vitesse adaptatif ou encore le système de détection des angles morts. Mais certains concurrents aussi visent dorénavant le prix symbolique de 40.000 €, comme le Renault Scenic E-Tech proposé à partir de 39.950 € ou encore la série spéciale Pure Limited de la Volkswagen ID.4 à 39.619 €.

Verdict

Le Maxus eUNIQ6 en offre assurément pour son argent. Un tel volume habitable avec un tel équipement pour moins de 40.000 €, c’est clairement compétitif. Reste que, hormis ces qualités indéniables, le Maxus eUNIQ6 se montre assez transparent, avec des performances routières quelconques et des caractéristiques électriques « moyennes ». Si on ajoute un prix de revente certainement plus faible que celui de modèles aux blasons plus conventionnels, son intérêt face à des familiales électriques classiques tend à fondre dans la pratique.

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