Fallait oser !

Imaginez un somptueux vaisseau, la Classe S, la crème de la crème des limousines, animé par un rustre 4 cylindres diesel au grésillement nasillard et aux relents mazoutés ! Il y aurait là, de quoi perdre son latin, nous qu’y pensions que ces nobles familiales ne pouvaient être entraînées que dans la suave mélopée d’un V6, V8 ou, noblesse suprême, d’un V12…

Pourtant, rappelez-vous… C’était il n’y a pas si longtemps et le monde du prestige s’est enflammé (spontanément) lorsque le diesel a débarqué dans le segment ! Aujourd’hui, voilà que c’est chose tout à fait acquise, d’ailleurs, il suffit de regarder l’immense majorité des BMW Série 7, Audi A8 et autres Mercedes S circulant sur nos routes : ça sent le mazout ! Alors, après tout, pourquoi ne pas passer au 4 cylindres ?

Pas n’importe quel 4 cylindres…

Forcément, l’opération se devait d’être réussie du premier coup. Mercedes ne pouvait manquer cette opération de transplantation à cœur ouvert. Impossible pour les zigues à col blanc se baladant du côté de Stuttgart de refiler à la clientèle leur somptueuse Classe S, mais à la mécanique bringuebalante. Les ingénieurs ont donc opté pour le plus émérite des 4 cylindres : le 2.1 l diesel qui anime d’ores et déjà les Classe C, E, ML et autres CLS…

Son couple de 500 Nm et sa puissance de 204 chevaux ne sont que très légèrement inférieurs aux valeurs du précédent V6 de 3 litres que ce moteur ne remplace pas, mais complète. Voilà qui en dit long sur ses capacités !

Mais pourquoi cette transplantation, que diable ?

Tout simplement, et vous l’aurez certainement deviné, pour abaisser les valeurs de consommation et d’émissions de CO2 ! En annonçant 5,7 l/100 km et 149 g/km en terme d’émissions de CO2, cette Classe S met bien des atouts de son côté car il s’agit de la berline la plus frugale du marché ! En toute simplicité ! Pourtant, les performances ne sont pas tombées dans l’oubli, loin de là : 8,2 secondes pour le 0 à 100 km/h et 240 km/h en vitesse de pointe !

Et sur la route ?

La question primordiale qui trottait dans ma tête avant de démarrer, concernait l’isolation acoustique de ce moteur. Certes, ses qualités sous le capot des autres Mercedes sont indéniables, mais à tous les coups, il se manifeste par un grondement rugueux, plus proche du monde de l’agriculture que du prestige des limousines !

Verdict ? Ben… C’est superbe ! Il n’y a pas d’autres mots. Ce moteur, on ne le ressent quasiment pas. Sa sonorité est parfaitement encapsulée et il ne pipe mot dans l’habitacle. Ou presque. A vouloir lui faire cracher ses poumons, il se manifeste, mais toujours de manière très ténue… On perçoit alors qu’il n’a pas l’onctuosité d’un V6, mais franchement, il faut vraiment aimer pinailler !

Et l’agrément dans tout ça ?

Question performances, honnêtement et au vu des conditions de circulation actuelles, il n’y pas matière à critique. Le couple de 500 Nm est disponible dès 1.600 tr/min et la douceur de la boîte automatique à 7 rapports permet des reprises suffisamment énergiques, mais toujours empreintes de douceur. Une réussite totale, qui ne montre des signes de faiblesse qu’à hautes vitesses sur autoroutes allemandes, où le souffle des 6 cylindres concurrents lui damne le pion. Autrement dit, la Classe S flotte toujours au-dessus du lot ! Remarquez que, histoire de jouer la carte éco à fond les ballons, elle se permet aussi de couper le sifflet de son moteur à l’arrêt. Le start & stop fait ici preuve d’une belle éducation en coupant et redémarrant le moteur le plus finement possible.

Mais une Classe S, c’est aussi…

Un confort au-dessus de toute critique ; une voiture qui semble flotter au-dessus de la route et prend bien soin de ne jamais donner l’impression aux occupants que l’engin évolue sur un rude bitume. Une isolation incroyable face aux bruits de roulement, de vent et mécaniques, ainsi qu’un équipement digne des plus incroyables vaisseaux de science-fiction. Bref, une limousine de très haut de gamme, qui peut sembler manquer de dynamisme face aux Série 7 et autres A8 (voire XJ), mais qui se rattrape en opposant à ce triplé, un confort unique.

Cette version 250 CDI rajoute une autonomie faramineuse : notre moyenne de 6,8 l/100 km (sans chercher la conduite éco) permet une autonomie frôlant les 1.400 km. Voire bien plus en faisant un tantinet attention ! De quoi traverser l’Europe d’une traite, bercé dans ce salon ambulant…

Et, hélas, aussi…

Un prix costaud ! Voilà ce qui caractérise les limousines germaniques et la Classe S en particulier. Bien qu’elle s’affiche à un tarif de 3.000 € inférieur à la 350 CDI, cette 250 CDI présente une note plutôt salée : 78.650 € ! Bigre ! Cela fait cher le cylindre ! D’autant qu’une Classe S se savoure surtout avec un équipement généreux, ce qui ne fait rien pour calmer la douloureuse : on grimpe facilement à plus de 20.000 € d’options !

Conclusion

La Classe S reste un monument. Peu importe le nombre de cylindres. Et si ce dernier indique « 4 », elle devient alors impériale pour les trajets au long cours, avec sa consommation dérisoire (au vu de la taille) et sa spectaculaire autonomie. Si ce 4 cylindres peut peut-être manquer de noblesse face aux V6 et autres V8, il ne le fait presque pas ressentir au volant. Et ça, c’est plus qu’un atout. C’est un exemple à suivre…