Nous sommes au début des années 1910. Nous avons d’un côté Peugeot qui entend élargir sa gamme avec des modèles allant du plus basique au plus luxueux. De l’autre, nous avons Bugatti, dont le patron Ettore déborde d’idées géniales… mais n’arrive pas vraiment à financer ses coûteux modèles sportifs ! Entre la famille Peugeot et le petit artisan de Molsheim, la rencontre était inévitable…
Au salon de l’automobile de 1911, Bugatti expose fièrement la Type 19, un projet de petite voiture populaire. S’il ne peut produire lui-même cette voiture, Bugatti espère qu’elle attirera l’œil d’un autre constructeur qui lui rachètera la licence. De quoi renflouer des caisses bien vides… Et ce constructeur, ce sera justement Peugeot qui cherche précisément un véhicule d’entrée de gamme !
Les mains se serrent et Peugeot simplifie la voiture : la calandre n’est plus en fer à cheval et le moteur abandonne l’arbre à cames en tête au profit de bien plus conventionnelles soupapes latérales. Dès le lancement en 1913, cette aventure se révèlera être fructueuse pour les deux partenaires ! La BP1, surnommée Bébé, connaît un grand succès. Seule modification notable en cours de carrière, l’adoption d’une boîte à 3 rapports (plutôt que 2), qui permet au petit moteur de 855 cm3 (pour une dizaine de chevaux) de gravir plus aisément les côtes.
Hélas, en 1914, c’est le déclenchement de la Première Guerre Mondiale. Peugeot écoule encore des stocks jusqu’en 1916 et, au final, ce sont un peu plus de 3.000 exemplaires qui furent vendus. Extraordinaire morceau d’histoire, elle est aujourd’hui très recherchée par les connaisseurs. Pour preuve, l’exemplaire que vous avez sous les yeux fut vendu 74.250 dollars il y a 5 ans par RM Sotheby’s. Il faudra toutefois vous satisfaire d’une vitesse de pointe d’environ 60 km/h et d’un mode d’emploi très particulier…