François Piette

24 NOV 2016

Modèle oublié : de Tomaso Mangusta

Elle avait tout pour elle : une gueule racée, une mécanique puissante, une architecture à la pointe et des géniteurs surdoués. Mais le destin en décida autrement…

L’argentin Alejandro de Tomaso et l’américain Carroll Shelby sont de grands copains. Et cela tombe bien : le premier compte remplacer sa Vallelunga avec un modèle plus viril et le second cherche une remplaçante pour son AC Cobra. Même le nom est trouvé : Mangusta. Une allusion au monde animale, la mangouste étant un prédateur pour le cobra.

Finalement, Carroll Shelby sera impliqué dans le projet Ford GT40, l’obligeant à délaisser con copain... Ou presque ! En effet, Alejandro de Tomaso ira pourtant au bout du projet et reçoit de Shelby, des moteurs V8 Ford préparés. L’histoire est en marche pour la petite société italienne !

Carrière courte et coûteuse !

Son allure bestiale, on la doit à Giugiaro. Un regard de brute qui se prolonge en de soyeuses courbes sur une spectaculaire partie arrière, vitrée en deux parties et aux ouvertures latérales. Celles-ci donnent accès au cœur de la bête : un V8 Ford ! Oui, une mécanique bien roturière pour une supercar italienne, mais qui a reçu les bons soins du docteur Shelby : d’une cylindrée de 4,7 litres, ce moteur développait la bagatelle de 305 chevaux ! Accouplé à une boîte manuelle à 5 rapports, il promettait des performances capables de faire trembler la concurrence toute voisine : Ferrari et Lamborghini !

Hélas…

Les chronos ne font pas tout. Manquant cruellement de développement, la Mangusta est peut-être un prédateur pour les cobras, mais elle l’est aussi pour les conducteurs ! Installés très près du pare-brise, ceux-ci doivent composer avec un déséquilibre chronique des masses (quasiment 70 % sur le train arrière) et un manque de rigidité. La combinaison de ces deux facteurs procurent un comportement au mieux fantasque, au pire dangereux.

La messe est dite

Délicate à conduire et très chère à produire, la Mangusta se verra stoppée dans son élan en 1971, après quelque 401 exemplaires produits depuis 1967. A la fin de sa vie, la descente aux enfers est accélérée par l’arrivée d’un nouveau V8 Ford de 5 litres, certes plus gros, mais aussi moins puissant. Peu importe, la Pantera est prête. Plus homogène et moins chère, celle-ci fera connaître le succès à de Tomaso. Mais c’est une autre histoire…

Aujourd’hui

Très recherchées pour leurs lignes bestiales et leurs rareté, les Mangusta s’échangent aujourd’hui à prix d’or : une très bel exemplaire peut se vendre aux alentours de 350.000 €. Les transactions sont tout de même rares, faute de modèles à la vente ! Pour trouver la perle rare, il faudra donc s’armer de patience et ne pas hésiter à franchir de nombreuses frontières. A l’usage, le V8 Ford ne pose pas de problème, la boîte ZF non plus, mais tout le reste étant artisanal, cela promet des recherches longues et fastidieuses…

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