Nous nous sentons un brin privilégiés lorsque nous arrivons chez l’importateur : 1-STB-361 était à ce moment-là la seule variante Nismo de l'année modèle 2017 à circuler dans le Benelux. L'importateur Nissan a déployé beaucoup d'effort pour nous permettre de conduire la GT-R Nismo et aimerait revoir le bijou en un seul morceau. Message reçu.

La veuve noire

Stylistiquement parlant, les doutes sur les intentions de la bête ne sont pas permis : un pare-chocs avant noir, des jupes latérales, des jantes noires et un pare-chocs arrière en fibre de carbone trahissent la nature particulière de cette GT-R. Le colossal aileron arrière en fibre de carbone ôte les derniers doutes. Tout comme les jantes Nismo, bien entendu…

Ces éléments en carbone ne sont pas seulement esthétiques, mais aussi fonctionnels : les mots-clés sont l’appui aérodynamique et la stabilité à haute vitesse. De plus, le châssis profite lui aussi de quelques aménagements : les amortisseurs, les ressorts et les barres stabilisatrices sont modifiés pour un meilleur comportement en virage, selon Nissan.

Plus toute jeune

Mais laissez-nous d'abord entrer. Tirez la poignée de la porte hors de la carrosserie et glissez-vous dans les sièges baquets. L'intérieur de cette GT-R Nismo a été habillé de cuir, d’Alcantara et de… fibre de carbone, y compris sur le dos des sièges avant. Mais pour le reste, il est semblable à celui de la GT-R « classique » de l'année 2017. Cela signifie un tableau de bord rafraîchi avec moins de boutons, un écran tactile de 8 pouces et toujours les trois interrupteurs à bascule sur la console centrale pour les paramètres de conduite. « Celui qui gère la réponse à l’accélérateur aide énormément dans les manœuvres et les embouteillages », indique l'importateur Nissan. Bon à savoir, avec 600 chevaux sous le pied.

L'intérieur trahit l’âge de la GT-R. La console centrale et l'ergonomie du système d'info-divertissement sont un peu datées, l’instrumentation est encore analogique et bien des éléments semblent provenir de la banque de pièces Nissan. Mais heureusement, une position de conduite sublime et d'excellents sièges baquets nous réconfortent. Du moins, tant que vous ne vous asseyez pas sur la banquette arrière...

Côté illégal

En appuyant sur le bouton de démarrage rouge de la console centrale, ce monstre de 600 chevaux prend vie. Six cent, en effet : les ingénieurs japonais ont utilisé leur expertise de course acquise avec Nismo pour augmenter la puissance du V6 biturbo de 3,8 litres. Cela donne 30 chevaux de plus que les 570 ch de la GT-R standard. Le couple passe à son tour de 637 à 652 Nm. Les takumi, les ingénieurs responsables de ce bolide, gardent leur bouche fermée en ce qui concerne les performances. Mais tablez sur un 0 à 100 km/h en environ 2,5 secondes ! La vitesse maximale est sans doute supérieure à 300 km/h...

Mais même avec cette version Nismo, il y a des choses qui ne changent pas : si vous roulez à basse vitesse, vous entendez le « travail » des composants : les différentiels, la transmission et ... les amortisseurs. Sachez également que même avec les amortisseurs dans leur position la plus tolérante, votre dos devra subir des chocs douloureux. Le V6 biturbo reste aussi feutré que celui de la version non-Nismo : sa sonorité de turbine ne parle pas tout de suite à l'imagination...

Décollage

Tout ceci change lorsque vous sautez sur les gaz : le V6 change de voix et devient plus mélodieux, la boîte de vitesses à double embrayage et six rapports rétrograde brutalement et le moteur semble se transformer en une ogive nucléaire. Les deux turbos ont besoin d'une fraction de seconde pour réagir, mais le coup de pouce qui suit est aussi impressionnant qu'il y a dix ans.

Est-ce que cette Nismo réagit plus brusquement que la GT-R de base ? Difficile à dire, car pour évaluer cela, il faut non seulement un circuit fermé, mais aussi beaucoup d'espace. La Nismo répond précisément et directement à vos injonctions, les mouvements de caisse sont absents, et si les pneus sont à température, l'adhérence et la stabilité sont à l’abri de toute critique. Bien que vous ne devriez pas être trop confiant avec ce monstre...

Point délicat

À la fin de notre tour de 48 heures, il suffit de regarder l'étiquette de prix. Et là nous arrivons au point épineux de la GT-R Nismo : la "version de base" de la GT-R coûte 99.900 €. Quant à cette version Nismo, elle revient à... 184.900 €. Le traitement en fibre de carbone, la puissance supplémentaire et les procédures soignées ont leur prix. Mais l'argument traditionnel de la GT-R, à savoir celui d’être une « supercar abordable » n’est plus d’application. En effet, la voilà dans la même catégorie de prix qu’une Porsche 911 GT3/Turbo, pour ne citer qu'un exemple ... Les clients fortunés vont-ils opter pour une Nissan ?

Fin de l’essai

Pendant dix ans, la Nissan GT-R a été une valeur sûre sur le marché des supercar. Ce traitement Nismo est la cerise sur le gâteau qui rend cette machine une dernière fois attractive pour les clients de supercars supersoniques. En même temps, en raison du prix astronomique et de la valeur ajoutée relativement limitée, ce n'est qu'une version hardcore pour les inconditionnels de la GT-R. Mais ses performances prouvent que le Godzilla japonais peut surprendre tout autant qu'il y a dix ans...