Plantons le décor immédiatement et remontons le temps jusqu'en 1983 (presque trente ans!) et la présentation de la 205, un succès qui perdurera jusqu'en 1998! Une réussite retentissante, produite à près de 5.300.000 exemplaires! Elle cédera la place à la 206 qui se vendra à plus de 7.700.000 exemplaires en huit ans. La 206 s'effacera en faveur de la 207 en 2006. Cette dernière atteint, nous annonce pudiquement le staff Peugeot, ses objectifs avec 2.369.000 véhicules vendus. De 1983 à 2011, ce sont donc 15.000.000 de voitures sorties des chaines, soit une fameuse part du segment B, la 206 prenant le leadership de la catégorie sur le continent européen durant trois années consécutives.
La grenouille qui se prenait pour un bœuf…
Les années passent, et la petite Peugeot au fil du temps se prend pour un bœuf, comme dans la fable de la Fontaine: une 205 mesurait 370 cm pour 880 kg, la 206 qui la remplace grandit de 13 cm (383 cm) et gonfle de 94 kg (974 kg). L'inflation continue de plus belle avec la 207 qui prend encore 20 cm (403 cm) et 186 kg (1160 kg!). Il était temps pour Peugeot de revenir aux fondamentaux en marquant le renouveau. La 208 sera plus petite et plus légère, ce sera un axe prioritaire du cahier des charges de la nouvelle voiture que Peugeot destine au plus large succès dans un segment B qui signifie 30% des parts du marché, soit quatre à cinq millions d'unités annuelles. Et elle aura intérêt pour cela à avancer de solides arguments parce que si, en 2001, seize concurrentes se partageaient le gâteau, vingt-sept le revendiquent dorénavant! Pour se démarquer, Peugeot rajoute à son cahier des charges la nécessité d'une personnalité forte, mais capable de fédérer le plus large public. La 208 s'adresse aussi bien aux hommes qu'aux femmes, aux jeunes qu'aux vieux, aux citadins qu'aux campagnards… Parmi les ambitions de Peugeot: reconquérir la clientèle féminine et le marché de la seconde voiture.
Cure d'amaigrissement
Le décor est planté, voyons le résultat! La 208 rétrécît de 7 cm, s'amincit de 2 cm et s'abaisse de 1 cm, tout en conservant l'empattement de sa devancière, et maigrit de 110 kg, en menant une chasse impitoyable à l'embonpoint dans toute la voiture. C'est ainsi que 23 kg sont récupérés sur l'avant, 20 kg dans l'habitacle, 25 sur la structure, 27 à l'arrière et 15 sur les équipements! A contrario, les occupants arrières gagnent 5 cm pour les jambes grâce à des dossiers affinés et le coffre atteint une contenance de 311 litres sous la tablette, 1152 sièges rabattus. La ligne, dessinée par Sylvain Henry, capte l'esprit de ses aînées tout en affichant des formes très travaillées, en évitant l'écueil "d'en faire trop", comme la série des DS par exemple. De nombreux détails sophistiqués enrichissent le regard que les passants poseront sur une 208 qui soigne aussi son coefficient de pénétration avec un très correct Cx de 0,29. Les phares très travaillés intègrent bien entendu la technologie LED, la calandre et le lion Peugeot retrouvent des proportions raisonnables, les feux arrières, "mordus" d'une avancée de tôle affichent leur personnalité propre.
Du style et des choix originaux
De discrets inserts chromés soulignent le mouvement des vitres latérales ou la présence des antibrouillards, donnant, mariés à certaines teintes métallisées, un côté "chic parisien" particulièrement flatteur à cette 208. Proposées en trois et cinq portes, les deux carrosseries possèdent leur personnalité propre, cohérente avec l'objectif visé. Assis à bord, le conducteur découvre avec étonnement un minuscule volant, joliment dessiné et on ne peut plus agréable à tenir en mains. Avec des dimensions de 350 par 328 millimètres, son ovale rend vieillot le volant des voitures actuelles et leur diamètre habituel de 380 millimètres. Du coup, l'ergonomie de la planche de bord évolue, avec des cadrans qu'on ne lit plus à l'intérieur du cercle de volant, mais au-dessus de celui-ci. En complément et judicieusement placé haut sur la console vient se poser, un peu décroché comme ça semble devenir la norme, un écran tactile de sept pouces, interface entre le conducteur et sa voiture pour piloter de nombreuses commandes. Notre époque se revendique de la connectivité, le monde automobile n'y échappe pas. Elle n'est hélas pas encore celle de l'intuitivité, quoiqu'en disent nos amis de chez Peugeot! Le constructeur qui proposera sur ses produits une interface aussi intuitive que celle d'un iPad ne semble pas encore né…
Vie à bord
Les premières 208 passées entre nos mains possédaient un intérieur gris particulièrement peu flatteur et clinquant, avec des matières basiques, trop de chrome et des plastiques peints dans un gris métal paillette brillant dont vous ne voudriez pas pour votre grille-pain acheté en solde chez Lidl! Grosse déception donc, jusqu'au moment où nous avons pris le volant d'une 208 à l'intérieur noir, autrement plus classe et équilibré. Ouf! L'écran tactile et le navigateur GPS ne nous ont pas franchement convaincus. Certes, le possesseur d'une 208 lira son mode d'emploi et s'habituera à son arborescence, mais nous espérions mieux, vraiment. Pour le reste, l'accueil à bord ne suscitera guère de critiques, hormis peut-être la garde au toit pour des passagers arrières adultes, un peu limitée lorsque la voiture est équipée du toit vitré panoramique. Rien à redire par contre pour les jambes, dont les genoux se caseront sans difficulté.
Réputation justifiée
Peugeot a bâti sa réputation sur les liaisons au sol et a décidé de nous le laisser vérifier par un sympathique tracé dans le sud du Portugal. Nous partons d'abord au volant d'une 1.6 VTi de 120 ch avec boîte manuelle à cinq rapports. Les premiers kilomètres sur autoroute n'appellent guère de commentaires, hormis peut-être un confort plutôt ferme, dû à la monte pneumatique en 205/45 X 17. Nous abandonnons rapidement ce morne terrain de jeu pour attaquer les petites routes de l'arrière pays, étroites, virevolteuses à souhait, bosselées et n'arrêtant pas de monter et descendre au gré du paysage. Dans ce contexte idéal, le talent des ingénieurs de Peugeot se confirme. La 208 se place au millimètre, les réactions de caisse parfaitement contenues, et l'on se régale à guider la voiture par le biais de ce petit volant qui semble échappé du monde du karting, avec une assistance de direction idéalement calibrée. Ajoutez pour faire bonne mesure un freinage comme on les aime, avec un franc mordant et une excellente progressivité.
Le poumon, ou les vertus de la suralimentation
Un vrai sans-faute, hélas terni par un moteur essence atmosphérique épouvantablement creux et ne supportant absolument pas la comparaison avec l'agrément procuré par le 1.6 e-HDi FAP de 115 ch accolé à une boîte six dont nous reprenons le volant immédiatement après. Rien de personnel contre le bloc Peugeot, toutes les marques se trouvent logées à la même enseigne. Le discours politiquement correct actuel pousse à revenir vers plus de motorisation essence pour la plupart d'entre nous: c'est en tout cas une ineptie en termes d'agrément, hormis pour un moteur compressé! Ceci dit, le moteur essence sauve un peu la mise avec un train avant moins lourd et donc un comportement routier encore plus incisif et amusant. Le bloc diesel se montre agréablement discret, et sa sonorité n'envahit guère l'habitacle, au contraire presque du bloc essence que nous faisons désespérément "gueuler" pour obtenir un semblant de reprises sur nos petites routes.
Vaste choix
Une vaste gamme de moteurs est proposée, tant en essence qu'en diesel, et l'offre devrait encore se développer dans un avenir proche. En bref, nous truvons en diesel le bloc 1.4 HDi de 68 ch, aussi en version e-HDi avec boîte cinq pilotée et Stop&Start (87 g/km de rejets), puis le bloc 1.6 e-HDi en 92 et 115 ch, boîte 5 ou 6 pilotée, tous avec Start&Stop. L'offre essence démarrera (cet été) avec le trois cylindres en 1.0 L de 68 ch et en 1.2 L de 82 ch, puis viennent les quatre cylindres: le 1.4 L de 95 ch, le 1.6 VTi de 120 ch et (cet été) le 1.6 THP turbocompressé de 156 ch, en attendant la prochaine GTI de 200 ch. La 208 revendique évidemment par rapport à la 207 des chiffres de consommation et de rejets nettement plus favorables. Nous avons pu découvrir en primeur le bloc 1.2 L trois cylindres de 82 ch sur quelques kilomètres et, s'il ne se démarque guère de la concurrence, nous avons adoré sa sonorité et apprécié son caractère enjoué. Nous attendons avec impatience de le voir revenir enrichi d'une injection directe et de la suralimentation. Si le prix et la consommation restent mesurés, voici sans doute un très bon choix. Nous serons moins enthousiastes après une cinquantaine de kilomètres parcourus à un rythme de "papy" au volant de la 1.4 e-HDi FAP de 68 ch avec sa boîte cinq pilotée. Une consommation de 5,2 l/100 à l'afficheur sans vraiment nous amuser, avec une boîte robotisée peu convaincante et des reprises inexistantes, il n'y a pas de quoi casser trois pattes à un canard! Alors, la 208, un sacré numéro? Assurément, le choix de Peugeot de réduire poids et encombrement s'avère judicieux et le e-HDi de 115 ch à boîte six a su nous convaincre, en attendant des prometteurs trois cylindres "boostés". Si vous craquez pour le lionceau, surtout n'oubliez pas de privilégier l'intérieur noir!