Une allure immuable

Tout a commencé en 1970. Le Range inaugure une nouvelle catégorie de véhicules : celle des tout-terrain capables de s’exprimer avec autant d’aisance sur et hors du bitume. Depuis, ce segment s’est considérablement étendu… Mais le Range, lui, n’a pas bougé, restant immuable et se contentant simplement de magnifier l’espèce. On ne change pas une équipe qui gagne… Pas de gros bouleversements au programme donc, si ce n’est le passage du châssis séparé à la monocoque en 2002. Aujourd’hui, les fréquents coups de bistouris qui ont émaillé sa carrière ne l’ont pas rendu vulgairement « has been » pour autant. Pas plus qu’il ne se veut à la mode, en dépit de l’attachement que lui montre nombre de stars américaines… Au service du Royaume britannique depuis belle lurette, le Range est également l’ami des rappeurs bling-bling, des aristocrates en veston et casquette en tweed, ainsi que des nouveaux riches désireux de se montrer dans les belles avenues des grandes capitales…

Au goût du jour

Sous sa majestueuse stature, on le devine prêt à tout, d’une polyvalence inégalée. Aujourd’hui, si les traits généraux sont conformes à ceux des premiers modèles, quelques éléments high-tech légers, mais bien placés, le remettent au goût du jour. Phares et feux notamment… Dans l’habitacle, c’est Byzance ! Un cottage anglais n’est pas plus accueillant ! En bon sujet de Sa Majesté, cuir et bois sont à profusion. De même qu’une indicible ambiance chaleureuse, tellement éloignée des sombres teintes teutonnes. Les sièges avant s’apparentent plus à des fauteuils et la banquette arrière pourrait trouver sa place dans un salon cosy. Cosy, mais branché, comme en témoigne le spectaculaire écran digital présentant l’instrumentation et autres informations. La multitude de boutons impressionne, mais n’effraie pas : l’ergonomie est juste et bien pensée ! L’habitabilité est royale et le coffre, immense ! Ce dernier se découvre après abaissement de la ridelle et élévation de la lunette. Dommage que le Range n’offre pas de version 7 places, ce qu’il laisse au Discovery.

e-Terrain

Une série de mesures a été adoptée pour améliorer sa sobriété. Ainsi le moteur est réétalonné, le convertisseur de couple de la boîte de vitesses automatique voit son glissement réduit et l’augmentation du couple a permis d’allonger les rapports. De plus, le moteur monte plus rapidement en température, les frictions mécaniques internes ont été revues à la baisse, l’aérodynamisme général est optimisé et, enfin, l’alternateur choisit le moment le plus opportun pour se recharger. Voilà de quoi afficher des valeurs de consommation et d’émission sensiblement meilleures.

Surpuissants V8

Deux V8 sont au catalogue. Le bien connu V8 diesel de 3.6 l et 272 chevaux est reconduit et se voit désormais rejoint par le nouveau V8 essence à injection directe de 5 litres. Suralimenté par compresseur, il fournit 510 chevaux. Ses rejets de CO2 et sa consommation ont été abaissées d’environ 7% face au précédent V8 de 4.2 l compressé. Somptueux mais… inutile car bien trop gourmand, en dépit des efforts réalisés. Pour autant, le V8 diesel qui équipait notre exemplaire n’a rien d’un calvaire ! Son gargouillis feutré le rend attachant et son monstrueux couple (640 Nm) lui permet de se mouvoir avec le détachement nécessaire. S’il semble distant, le V8 répond néanmoins à toutes les sollicitations et semble emmener la lourde masse sans avoir l’air de vraiment y toucher. Et la boîte de vitesses ? Automatique à 6 rapports, c’est tout bonnement l’une des meilleures du moment ! Pourtant, en dépit de ces caractéristiques alléchantes, ce V8 n’offre pas de performances transcendantes. N’espérez donc pas larguer quelques vulgaires SUV teutons d’un coup de semelle… La masse (2,7 tonnes !) plombe lourdement les performances. Mais lui demander de détaler comme un Porsche Cayenne est aussi absurde que de demander à la Reine de courir un 100 mètres !

Souverain

Le Range, c’est le roi du tout terrain ! A la nuance près qu’il est tellement beau que l’on hésite à risquer sa belle peinture dans les sous-bois ! Et ce facelift a sublimé ses performances hors du bitume : l’amortissement adaptatif réglé par la molette du Terrain Response a été revu pour permettre de meilleures performances en tout terrain. Le contrôle de stabilité a été adapté à cet égard. Enfin, le système de freinage est renforcé, quelle que soit la motorisation retenue. Bref, il avale tout, surmonte tout et donne l’impression de ne jamais forcer son talent ! Respect ! Autant dire que les nombreuses irrégularités du revêtement de notre plat pays sont digérées avec une formidable aisance ! Le confort à bord est donc royal : insonorisation, amortissement, confort climatique, tout y est somptueux ! Et l’option Tuner TV, si elle ne peut être utilisée en roulant pour raisons de sécurité, elle apporte un certain agrément lors d’arrêts prolongés. C’est cher payé me direz-vous, mais bon… Enfin, il faut bien lui trouver des défauts… Alors on regrette que les inserts en bois semblent être fournis par une vieille Renault 8 des années 70. Un peu cheap tout ça…

Budget

Tout comme Dom Perignon ne brade pas son Champagne, Land Rover affiche son Range à un tarif plutôt corsé. Les prix démarrent à 87.200 € pour le HSE, grimpent à 95.400 € pour le Vogue et s’envolent à 113.500 € pour l’Autobiography. Forcément, à un tel prix, l’équipement est pléthorique. C’est bien la moindre des choses, même lorsque l’on se porte acquéreur d’une telle légende.

La consommation est plutôt modérée, vu la cylindrée et la masse : un peu plus de 12 l/100 km en utilisation mixte.

Conclusion

Archétype du tout terrain polyvalent, le Range s’intègre aussi à son époque en adoptant les équipements les plus high-tech. Plus efficace et plus somptueux encore, il n’aura jamais été aussi désirable. Plus que jamais, la Rolls des sous-bois, c’est lui ! D’ailleurs, le tarif le confirme !