Jamais dans son histoire, Renault n’a enregistré un résultat aussi catastrophique. Au terme du premier semestre de cette année 2020, le constructeur français a accumulé une perte record de 7,3 milliards € !
Deux éléments expliquent cette déconvenue : d’une part la crise sanitaire mondiale, dont l’impact est évalué à 1,8 milliard €, et d’autre part la méforme du partenaire japonais Nissan, dont la contribution négative a atteint 4,8 milliards € !
Pour le nouveau directeur général de Renault, Luca De Meo, ces résultats sonnent comme « un signal d’alerte préoccupant ». Et d’ajouter qu’il est « convaincu que nous avons touché le point bas d’une phase négative qui a commencé il y a plusieurs années (…) Nous savons ce qu’il faut faire pour en sortir : passer d’une approche fondée sur les volumes à une autre vision, fondée sur la création de valeur ».
Le pire est à venir
Au premier semestre de l’année 2019, Renault affichait un bénéfice net de 790 millions €, mais la même année s’est achevée avec une perte de 141 millions €, une première en dix ans. Les pertes abyssales de ce début d’année 2020 sont le signe que l’heure est grave et que le pire est probablement encore à venir. En effet, tous les signaux sont actuellement au rouge. Sur les six premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires a reculé de 34,3 % tandis que la marge opérationnelle s’est effondrée à -1,2 milliard.
En outre, après avoir profité de la « rente Nissan » durant de nombreuses années (Renault détient 43 % du capital du constructeur japonais), ce qui lui assurait de confortables rentrées financières, Renault subit aujourd’hui le choc lié à la chute des ventes mondiales de son allié nippon. À ce titre, Nissan vient d’annoncer une perte de 5,4 milliards € sur l’exercice 2020-2021. Une contribution négative qui représente plus de 65 % des pertes enregistrées au second semestre par la marque française.
Hors de question de capituler
Renault, qui compte réduire ses coûts fixes de 600 millions € dès cette année et procéder, d’ici à 2023, à la suppression de 15.000 emplois dans le monde, détaillera début 2021 un vaste plan de reconquête. La nouvelle direction entend bien tourner la page de l’ère Ghosn, qui avait tendance à privilégier les parts de marché au détriment de la rentabilité. De quoi conduire la marque à surdimensionner un appareil industriel aujourd’hui surcapacitaire.
Sans surprise, la gamme Renault devrait du coup être moins large à l’avenir et se concentrer sur les segments les plus rentables. Par contre, Dacia, elle, devrait voir son catalogue s’étoffer avec de nouveaux modèles. En effet, malgré le faible rythme de renouvellement de ses produits, le label low cost du groupe franco-nippon continue de s’imposer comme l’une de ses rares sources de rentabilité.