Alors que Saab se verra bientôt dépouillé de toute forme de vie, revenons un instant sur les débuts prometteurs d’un constructeur qui, décidément, n’aura jamais fait les choses comme les autres… Une genèse audacieuse, augurant un bel avenir et qui devait placer Saab sur le chemin de la réussite.
Un avionneur recyclé
Alors qu’un voile tombe sur les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, Saab se rend vite compte que sa condition d’avionneur risque d’être une sérieuse entrave à sa prospérité. Le Suédois décide donc de se recycler dans l’automobile… Les quatre roues, d’accord, mais avec une expertise unique et un fabuleux sens de la minutie. C’est une équipe de 20 personnes qui se lança dans cette nouvelle aventure. Le lien avec l’aviation est pourtant évident, ne serait-ce que dans le nom de code du modèle : 92 (92001 ou UrSaab), car 91 faisait référence à la précédente production du constructeur, un avion baptisé Safir.
Le cahier de charges
Imprégné de la technologie aéronautique, Saab insista sur l’aérodynamisme de son modèle. Les autres spécifications sont ébouriffantes, pour l’époque : traction avant, moteur deux-temps en position transversale avant, sécurité secondaire étudiée et aptitudes hivernales. Ainsi, concernant ce dernier point, les arches de roues étaient dessinées de manière à accumuler la neige sans obstruer la rotation des roues… Nous sommes en 1945 !
A l’été 1946, le prototype est amélioré et se voit doté d’un petit moteur deux cylindres, toujours deux temps et développant la puissance de… 18 chevaux !
Influence évidente…
Testé sur des milliers de kilomètres, le prototype 92001 céda sa place à une seconde génération en 1947, la 92002 et, par la suite, à la voiture de production, la 92. Les bases étaient pourtant établies dès le départ et le design devait se répercuter jusqu’aux Saab 96.
L’audace des techniques inusitées, le soin particulier apporté aux détails, l’importance accordée aux aspects prioritaires ont vite forgé la réputation de Saab. Une marque définitivement à part, qui méritait sans doute un autre destin…