Le Trans Eurasia Trail, ainsi qu'il est baptisé, s'étend d'août à septembre et parcourt successivement la Chine, le Kazakhstan, la Russie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, l'Allemagne, où le convoi fera escale à l'occasion de l'ouverture du salon de Francfort. Le Rexton y sera en effet présenté en première européenne. L'expédition reprendra ensuite la route pour traverser la Belgique, continuer sur Calais pour débarquer en Angleterre avec pour destination ultime les allées du parc du splendide château de Blenheim, non loin d'Oxford.

Fer de lance de la marque depuis 2001, le Rexton est en finale plus connu que la marque Ssangyong elle-même. Cette quatrième génération succède à un Rexton qui a bénéficié d'une respectable carrière: les trois premières générations ne constituaient en effet que des évolutions plus ou moins marquées du modèle initial. Le Rexton 2018 ne renie pourtant rien de son héritage, même s'il se veut plus désirable et efficace.

Ce généreux SUV se revendique du segment D, avec ses dimensions généreuses et son habitacle pouvant accueillir sept passagers. Il reprend la motorisation 2.2 L diesel de son prédécesseur, accolé à la boîte automatique à sept rapports fournie par Mercedes-Benz ou à une boîte mécanique à six rapports. Le bloc délivre 181 ch avec un couple culminant à 429 Nm. Point important, la capacité de traction s'élève à trois tonnes, de quoi contenter plus d'un amateur!

Off-Road

Ce SUV affiche de réelles prétentions en tout terrain, ce que confirme la lecture de la fiche technique. Le châssis est en effet séparé de la caisse, gage d'une robustesse certaine, mais aussi d'un poids conséquent pouvant atteindre 2.230 kg pour la version 4X4 sept places à boîte automatique. Au niveau de la transmission, justement, le Rexton est proposé en deux roues motrices ou en quatre roues motrices. Attention, ici aussi rien que de l'éprouvé, à défaut de modernité. On roule en temps normal en deux roues motrices (le train arrière), le mode quatre roues motrices n'étant exploitable qu'en conditions d'adhérence précaire, vu l'absence de différentiel entre les trains avant et arrière. C'est donc plutôt rustique, mais par contre bien efficace en tout terrain, d'autant que cette transmission dispose de rapports courts et du "Hill descent Control": de quoi grimper aux arbres et classer le Rexton dans la famille des vrais crapahuteurs plutôt que dans celle des gentils SUV d'opérette, incapables du moindre franchissement.

Est-ce pour cela? Nos premiers kilomètres à son volant furent parcourus sur les pistes poussiéreuses et empierrées du Canyon de Charyn, au sud-est du Kazakhstan, non loin de la frontière chinoise, à environ 200 km à l'est d'Almaty, l'ancienne capitale kazakhe. Plus modeste (80 km de long environ) que le célèbre grand canyon américain, il n'en reste pas moins spectaculaire. C'est au volant du Rexton que nous franchissons la Vallée des Châteaux, ainsi baptisée à cause de ses spectaculaires formations rocheuses et remontons sur le plateau, 100 mètres plus haut, en direction d'Almaty, la ville la plus peuplée du pays.

Le Rexton fait ici preuve de ses réels talents de franchisseur. Se guidant du bout des doigts grâce à sa direction assistée correctement démultipliée et aux bienfaits de la boîte auto, un réel "plus" en la circonstance, le Rexton se joue de tous les obstacles et se couvre de poussière sans broncher.la ligne extérieure, autrement plus élégante que certains errements du passé auraient laissé pu craindre, autorisent de beaux angles d'entrée et de sortie, et confirment ses réelles aptitudes au tout-terrain.

Kazakhstan

Si le belge râle (avec raison!) sur l'état déplorable du réseau routier, il ne peut que relativiser à la découverte des routes kazakhes! Certes, le nid de poule tel que nous le connaissons y est plutôt rare mais, sapristi, je n'ai jamais vu une surface de route aussi déformée! Bien sûr, la taille du pays (près de 90 fois la Belgique), sa densité de population 65 fois moindre et les écarts de température de son climat continental (de +40° en été à -40° en hiver!) expliquent sans doute cela! Pouvait-on rêver meilleur terrain d'essai? D'autant qu'une fois n'est pas coutume, nous avons parcouru un bon 1500 km à son volant, avec des journées de plus de douze heures, seulement interrompues par les inévitables arrêts pipi, miam-miam et fuel…

L'habitacle de notre Rexton avec sa finition en cuir bicolore noir et fauve ne manquait pas d'allure, et le tableau de bord se montre plutôt agréable à l'œil, malgré quelques détails clinquants sans doute plus au goût asiatique ou américain qu'européen. Il n'empêche, ça le fait, avec une qualité de matériaux en net progrès. Par-dessus tout, les conditions extrêmes de roulage ont démontré la qualité des assemblages. Pas le moindre couinement, pas le moindre grincement, aucun bruit de mobilier à déplorer. Certaines marques bien plus prestigieuses ne peuvent s'enorgueillir d'un tel résultat…

Sans concurrence

Autre point de satisfaction, une dotation plutôt généreuse en fonction des niveaux de finition, avec en vrac des sièges réglables électriquement avec mémoire, chauffants à l'avant et à l'arrière, ventilés à l'avant, la climatisation automatique double zone, l'accès mains-libres, y compris pour l'ouverture du hayon, la vision caméra à 360°, la connectivité Apple CarPlay et Android Auto avec des écrans allant jusqu'à 9,2": de quoi rendre plaisant l'usage du Rexton au jour le jour.

Côté aides à la conduite, nous ne jouons pas dans la même cour que certains constructeurs, souvent allemands, qui s'épuisent à une course sans fin vers la voiture autonome, mais nous avons malgré tout droit à quelques attentions, comme les neuf airbags, l'alerte anti-collision et de franchissement de voie, le freinage d'urgence, la reconnaissance des panneaux routiers, les feux de route automatiques, la détection des angles morts, sans omettre les incontournables ESP (Electronic Stability Control), TCS (Traction Control System) et autres ARP (Active Roll-Over Protection) sensés préserver votre intégrité en corrigeant et tempérant vos ardeurs!

Nos longues heures au volant du Rexton dans l'environnement exigeant des paysages kazakhs a encore mis en valeur d'autres qualités, telles qu'un réel confort, tant des suspensions (avant à doubles triangulations, arrières à dix bras) que des assises, un moteur discret, un habitacle bien insonorisé ou encore un freinage au mordant agréable et précis. La boîte automatique nous a malgré tout paru paresseuse, surtout lors de certains dépassements un peu "rock'n roll" (la conduite kazakh peut en dérouter certains…) et on sent bien que le Rexton n'a pas été conçu pour tailler des croupières à un Macan ou un X4 sur le "Nurburg"! Pas certain à contrario que ces derniers se seraient montrés bien fiérots sur les surprenants revêtements rencontrés dans ces terres reculées d'Asie!

Un SUV pouvant accueillir 7 personnes, tracter 3 tonnes, briller en off-road en ne réclamant que 30 à 42.000 € comme ticket d'entrée, nous ne lui voyons pas trop de concurrents…