Pourtant, la lecture de la fiche technique n'apportera guère d'émotions. Escamoté, le cadre en alu de la GSR600, à la trappe le robuste bras oscillant! Et pas encore de version ABS… Pas de quoi sauter au plafond, vous en conviendrez! Ceci dit, toutes ses concurrentes ne bénéficient pas d'un cadre en alu, et l'ABS ne saurait tarder. Le style de la GSR ne renie pas ses origines nippones et reprend tous les poncifs du genre, à savoir en profil incliné vers l'avant, un phare très travaillé avec une amorce de saute-vent, des écopes latérales taillées à la serpe, un arrière effilé avec une selle passager haut perchée et du noir à profusion. Pas de surprise non plus côté mécanique avec un quatre cylindres refroidi par eau issu de la GSX-R750 de 2005. Le châssis fait l'impasse sur l'alu, se contentant de deux poutres en acier et de tubes ronds, avec une fourche inversée de 41mm pour l'avant et un monoshock pour l'arrière.
Jolie gueule
Les jantes à bâtons reçoivent à l'avant deux disques flottants de 310mm avec étriers Tokico à deux pistons, la roue arrière se contentant d'un disque de 240mm et d'un étrier Nissin à simple piston. Si la selle passager est particulièrement inconfortable et haut perchée, elle ménage malgré tout un petit espace de rangement bien pratique. Autre point très positif, un tableau de bord particulièrement bien conçu et lisible, ce qui devient presque une rareté, il suffit de voir le tableau de bord de certaines Honda ou Ducati pour s'en convaincre! Un grand compte-tours analogique voisine avec un pavé digital donnant la vitesse, le rapport engagé, la température moteur, le niveau d'essence et l'heure, le tout surmonté des habituels voyants. Net, lisible d'un coup d'œil, on ne lui reprochera (air connu) que les boutons de commandes, malcommodes et obligeant la main à quitter le guidon. Si le style ne surprend plus guère, il n'en demeure pas moins réussi pour les amateurs du genre, malgré certains assemblages approximatifs.
Simple mais efficace
La prise en main, intuitive comme on s'y attendait, mettra tout le monde à l'aise, une fois assimilé le gabarit court de la machine. La position qui n'appelle à priori pas de critique se révèle toutefois fatigante et inconfortable à l'usage: la selle, décidément très dure, se montre particulièrement exigeante pour notre fondement et les repose-pied haut placés plient exagérément les jambes. Nos genoux ne leur disent pas merci et, après une heure de route, nous capitulons pour une pause bienvenue. Le guidon, peu flatteur, se verrait avantageusement remplacé par un cintre en alu, tout comme d'ailleurs le pauvre bras oscillant en tube d'acier de section rectangulaire. Ces éléments n'entachent en rien les qualités de la moto, mais mettent à mal l'ego de son propriétaire par leur aspect "cheap".
Moteur enthousiasmant
Dommage que nos fesses crient "pouce" trop rapidement, car le comportement du moteur nous a enthousiasmé: capable de reprendre en sixième depuis le régime du ralenti sans sourciller, il commence à tracter sérieusement dès 4.000 tr/min et vraiment franchement vers 5 à 6.000 tr/min pour entraîner la GSR au taquet à plus de 240 km/h compteur, 220 réels. Pas fait pour ça, un roadster, mais ça donne une indication de la sacrée santé de ce bloc développant 106 ch! La boîte de vitesses se fait complètement oublier. Les rapports passent à la volée sans embrayer, comme dans du beurre. Bon point aussi pour le freinage, qui allie suffisamment de mordant avec un bon feeling, alors que sur papier, nous ne nous attendions pas à pareille fête! Les suspensions donnent à la GSR un excellent comportement, qui ne perdra de sa superbe que lorsque le revêtement devient plus contraignant. La stabilité est au rendez vous, hormis en pleine accélération sur l'angle ou sur un raccord, où le train avant, allégé, a tendance à se délester. Rien de rédhibitoire, car la GSR accepte tout sans broncher.
Convaincante
On le voit, la GSR vaut bien mieux que ce que sa fiche technique laisse supposer, comme quoi l'abondance de sophistication et de bon matos ne suffit pas toujours à faire une bonne moto. Seule quelques détails de finition (ou plus exactement quelques choix dictés par l'économie) desservent cette Suzuki décidément bien née, comme l'aspect peu flatteur de son bras oscillant ou de son guidon, et peut être un relatif inconfort (ceci variant d'un pilote à l'autre) prive la GSR du sans faute! Son prix? 8.770€ sans ABS, 9.170€ avec ABS.