Né à Izmir en 1906, il travailla chez Morris dès 1936, où il signera un autre bestseller, la Morris Minor. Mais son chef d'œuvre, conçu en moins de trois ans, devait changer à jamais l'architecture des voitures actuelles: c'est en effet la Mini qui a lancé le principe de la traction avant avec moteur transversal. Conçue au départ comme une petite voiture économique répondant aux nouveaux enjeux posés par la crise pétrolière de Suez en 1956, elle ne mit pourtant pas longtemps à convaincre certains sportifs, dont John Cooper, de développer des versions affûtées de la puce. On connait la suite: la Mini est devenue dans les années soixante un véritable phénomène, maniant avec maestria le grand écart entre luxe décadent (Peter Sellers était un grand fan de Mini revisitées avec luxe par Radford) et palmarès sportif inégalé, brillant aussi bien sur circuit que lors des rallyes les plus prestigieux: vainqueur en 64, en 65, en 66 (déclassée au profit d'une DS pour une sombre histoire d'éclairage non conforme), et 67. les plus grands de ce monde ont roulé en Mini, d'Enzo Ferrari à Steve McQueen. La Mini fut produite durant quarante ans, sans changer fondamentalement, avant de disparaître et de voir son nom renaître en 2001 sous l'impulsion de BMW, une autre success story.
Un même concept?
Il était tentant d'un jour s'amuser à comparer la Toyota IQ, 297 cm pour quatre places à la Mini, 305 cm pour quatre places, cinquante ans séparant leurs conceptions respectives. Quelques centimètres de moins en longueur en faveur de la IQ, mais 15 cm de plus en hauteur et 24 en largeur, et 4 cm de moins pour l'empattement. Restons dans les chiffres en notant que notre iQ 1.33 Dual VVT-i affiche un poids de 960 kg. Les premières Mini pesaient 620 kg, celle qui nous occupe 670, près de 300 kg en moins… A l'examen statique, difficile de ne pas craquer devant la bouille inimitable de la Mini et ses proportions joliment équilibrées, alors qu'à côté l'IQ ressemble à une motte de beurre! 15cm de plus en hauteur, un capot court mais tellement haut, des roues disproportionnées: Mini: 1, IQ: 0! Passons à l'intérieur, pour découvrir dans la IQ un habitacle soigné et intelligent, un équipement généreux et bien de son siècle malgré quelques lacunes, pour se rendre compte que si la voiture est haute, l'assise des sièges (non réglable) aussi: résultat, nous avons la tête quasiment dans le toit ouvrant.
Un progrès?
Peu de place pour les passagers arrière: celui de gauche dépendra du bon vouloir de son conducteur et de la taille de ses jambes, tandis que celui de droite bénéficiera de l'intelligente conception de la planche de bord qui permet d'avancer au maximum le siège avant droit et d'octroyer ainsi une place respectable pour le passager. Mais il faudra choisir entre coffre et passagers: avec les sièges en place, celui-ci se limite à… 32 litres, de quoi ranger un classeur ou un ordinateur portable! Bof, bof, d'autant que la Mini fait aussi bien en habitabilité intérieure, sauf peut être en largeur, mais tout en proposant un coffre de 116 litres! IQ: 1, Mini: 1. Match Nul. Au volant, l'IQ jouit d'une technologie moderne, avec un moteur équipé d'un Start & Stop, sa boîte six, sa direction assistée et ses aides à la conduite. Rien de tout ça dans la Mini avec son antique bloc en fonte, sa boîte quatre et ses freins à tambour à l'arrière. Pourtant, dès que le moteur tourne en distillant un son rageur, assis au ras du sol, on sent immédiatement qu'on va prendre du plaisir.
Plaisir actuel
Les rapports très courts de la Mini la rendent vive et pétillante, alors que les montées en régime de la IQ, laborieuses, sont étouffées par des rapports excessivement longs. Pas photo sur l'autoroute, où l'IQ bénéficie d'un bon confort et d'un silence de marche dont on rêve dans la Mini qui semble avoir oublié ses suspensions au garage. Il faut toutefois noter que la Mini mise à notre disposition a fait l'objet de quelques modifications au niveau des fixations des trains roulants, plus rigides, et des amortisseurs à gaz, réglés particulièrement raides. Une fois quittée l'autoroute pour les petits chemins de traverse, le conducteur de la Mini se régale de son comportement précis et incisif, qui enterre ses contemporains et pourrait même en remontrer à quelques voitures actuelles. La IQ paie ici ses suspensions souples, gage de confort, mais qui ne l'aident guère à rendre sa conduite amusante, alors qu'avec la Mini, on se croit dans une spéciale du Monte Carlo! Agrément IQ: 0, Mini: 1.
Tout est dit
La IQ ne démérite pas et se montre attachante à l'usage, mais elle n'arrive pas à réinventer un concept né en 1959 et qui se montre encore efficace de nos jours, que cela se situe sur un compromis encombrement-habitabilité, ou tout simplement au niveau du comportement routier. La Mini première génération offre un agrément que peu de voitures de son époque sont capables de donner. Non seulement sa bouille sympa fera craquer tout le monde, mais le plaisir pris à son volant vaut qu'on s'y attarde: votre première voiture de collection?