La Thunderbird est en effet mue par un bicylindre vertical, qui sur la Storm cube 1700cc, une cylindrée qui n'était initialement proposée qu'en kit sur la Thunderbird 1600. Ce qui change? Les pistons plus larges, d'autres arbres à cames et ressorts d'embrayage, avec un bond de 12 ch (98 au total, au régime de 5200 trs/min) pour la puissance, et de 10 Nm pour le couple (156 dorénavant, à 2950 trs/min). Hormis ces changements mécaniques, la Storm se différencie surtout de la Thunderbird par une application systématique de noir, ne laissant du chrome que sur les échappements et le guidon, et quelques accents de métal sur les ailettes de la culasse. Même les ressorts des amortisseurs passent au noir, comme les clignoteurs, les tubes de fourche ou les phares! Pour la carrosserie, vous aurez le choix entre du noir brillant ou du noir mat! Il n'y a pas à chipoter, la Storm en jette un max avec son air de bad boy!
De la gueule, et du tempérament!
Les différences ne s'arrêtent pas qu'à la couleur: nous avions cité plus haut "les phares" parce qu'en effet la Storm a jeté aux orties le gros phare chromé de la Tbird pour reprendre l'ancien regard qui fit la gloire des speed et qu'on retrouve aussi sur l'incroyable Rocket III Roadster. Autre différence, le guidon de type drag-bar monté sur de hauts risers noirs. Quoi d'autre? Le carter latéral gauche s'orne de l'oiseau stylisé apparu fin des années quarante sur les Thunderbird de l'époque, une moto rendue célèbre par Marlon Brando dans L'Equipée Sauvage. Quand on vous disait que la Storm avait un petit air bad boy! Pour le reste, pas de changement, et nous retrouvons avec beaucoup de plaisir le custom Triumph dont les qualités routières valent bien mieux que ce que le genre laisse présager! Le moteur, déjà bien attachant en 1600cc gagne encore en agrément dans cette nouvelle configuration: de la patate, il n'en manque pas et c'est un régal de se sentir catapulté en avant dès les plus basses rotations! Inutile d'ailleurs d'aller chercher le dernier carat aux abords de la zone rouge, le plaisir se goûte dans les bas et mi-régimes, en enroulant sur le couple: un régal sur la route, où nous prenons plaisir à chaque relance, sans rentrer de rapport.
Comportement efficace
Le comportement rigoureux du châssis incite à parcourir les kilomètres, abordant avec sérénité virages serrés autant que courbes rapides, avec comme seul bémol des repose-pied touchant trop tôt le macadam. Le pneu arrière de 200 offre le bon compromis entre les exigences esthétiques d'une clientèle amateur de gros boudins et un comportement routier qui reste amusant et gratifiant, aux contraire d'autres concurrentes (pas toutes, heureusement!) qui ont cédé aux sirènes d'un 240, perdant de facto tout agrément de conduite. Le freinage suffit amplement à ralentir la masse malgré tout conséquente de la machine, bien secondé par un ABS bienvenu, en particulier pour la roue arrière qui aurait sinon tendance à facilement bloquer. A propos de roue arrière, attention au couple généreux en cas d'adhérence précaire et de remise en gaz généreuse en courbe, sous peine de figures acrobatiques un peu stressantes à gérer!
Atypique et attachante
Le confort de la Storm reste vraiment correct pour une machine de ce type, en roulant à des vitesses plus ou moins paisibles, mais les qualités de cette moto sont telles qu'on en viendrait à rêver d'une version roadster, avec une position mieux étudiée pour tailler la route, comme le constructeur anglais l'a réalisée avec la Rocket III Roadster, une moto à la fois délirante et enthousiasmante à mener. Et on en arrive sans doute au deuxième défaut de la Storm: un prix (15.990 €) trop proche de celui de la Rocket III Roadster (16.790 €), particulièrement attractive et statutaire. Il est malgré tout réjouissant de voir le succès de Triumph qui a su se créer une gamme de motos décalées et réussies, en arrivant à chaque fois à se démarquer de la concurrence. Que John Bloor en soit remercié!