Vous connaissez la chanson : succéder à un best-seller est le pire des scénarios pour les ingénieurs, surtout lorsque les caisses de l’entreprise sont vides ! Lancée au début des années 60, la petite BMC 1100/1300 (nom de code ADO 16) a connu un immense succès. Pratique, innovante et maniable, elle symbolise à merveille le dynamisme de la BMC et des entreprises anglaises de ce début de décennie.
Une dizaine d’années plus tard, le rêve tourne progressivement au cauchemar : la BMC est devenue British Leyland et les mauvaises décisions stratégiques se sont enchainées. Rajoutez à cela un contexte social et économique compliqué, et vous aurez la recette d’un échec quasi assuré.
Lorsque vient le temps de songer à une succession, Harris Mann, à la tête du style, arrive avec quelques ébauches audacieuses et élégantes. Hélas, la direction lui impose de recycler des éléments existants, comme le vieux moteur culbuté, ainsi qu’un coûteux et énorme boîtier de chauffage. Le carrosse se transforme en citrouille et la direction valide le laideron. Pire : dans l’habitacle, des idées saugrenues ont fini par passer le stade de la production, comme le volant… carré.
Ridiculisée par la presse et la concurrence, l’Allegro symbolise la pénible descente aux enfers de British Leyland et, de manière générale, des grosses entreprises britanniques. Très mal construites, les Allegro n’ont jamais connu le succès et moins de 650.000 voitures furent construites en 9 ans de production (1973 - 1982), soit 3 fois moins que la célèbre ADO16.