Jean-Francois Christiaens

23 AOÛ 2018

Un modèle, un flop : Ligier JS2, la Porsche 911 française

Les Alpine A310 sont régulièrement présentées comme les « Porsche 911 à la française »… Mais il y a une autre sportive hexagonale qui mérite ce prestigieux label et qui pourtant, est complètement restée dans l’oubli !

Derrière les histoires de voitures, il y a souvent des histoires d’hommes. Et celle-ci est particulièrement poignante : il est non seulement question d’un homme passionné aux talents incroyablement nombreux, mais aussi d’une amitié indéfectible. Guy Ligier fait partie de ces êtres humains qui donnent des complexes à ceux qu’ils rencontrent : ce solide gaillard est non seulement un athlète d’exception (rugby, aviron, courses moto, courses auto : il brillait partout !), mais il est aussi un homme d’affaires avisé, ayant fait fortune dans les… travaux publics !

Un nom en mémoire d’un ami

Guy Ligier est aussi un ami proche de Jo Schlesser, un autre pilote automobile. Ensemble, ils remportent les 12 heures de Reims sur une Ford GT40 en 1967. S’en suivra une amitié solide, hélas brutalement interrompue : Jo Schlesser trouva la mort un an plus tard, le 7 juillet 1968, au Grand Prix de Rouen de Formule 1. Ensemble, ils avaient pour projet de développer une petite sportive à moteur central… Guy Ligier ne baisse pas les bras pour autant et avec un ingénieur de pointe, Michel Têtu, il jette les plans d’une sportive à moteur central arrière. Elle s’appellera JS, ces initiales rappelant son ami trop tôt décédé.

Du rêve sur papier

Sur papier, la voiture paraît prometteuse : la ligne est dessinée par le talentueux Pietro Frua, le châssis poutre central avec carrosserie en polyester permet de limiter la masse à moins de 900 kg et le moteur, en position centrale arrière, est un V6 2,7 l d’origine Maserati développant plus de 170 chevaux ! Un V6 2,6 litres d’origine Ford est dans un premier temps envisagé, avant que le constructeur à l’ovale bleu ne se rétracte, désirant garder l’exclusivité de cette mécanique.

Des performances de haut niveau !

Très basse et remarquablement fine d’un point de vue aérodynamique, la Ligier JS2 (la JS1 étant une voiture de course à 4 cylindres), fait sensation lors de sa présentation en 1971. Annoncée à 240 km/h, elle se profile comme une rivale de choix aux sportives italiennes (Dino 246 GT) et allemandes (Porsche 911). Mais la diffusion sera hélas confidentielle avec moins de 100 exemplaires ayant vu le jour jusqu’en 1975. La voiture connaîtra toutefois quelques évolutions mineures, comme un moteur porté à 3 litres et des phares rétractables.

Aujourd’hui

Une voiture sportive à la fois artisanale et rarissime n’entraine généralement que des mauvaises nouvelles sur le plan de l’entretien. Ce qui est à moitié vrai ici : le V6 Maserati et la boîte sont connus des Citroën SM et Maserati Merak. Côté entretien, vous devriez donc trouver quelques spécialistes. Hélas, cette mécanique est réputée pour sa fragilité et son accès acrobatique corse les interventions.

Si les divers accessoires de la voiture sont repris pour la plupart à la production française de l’époque, la finition n’en est pas moins artisanale, avec tout ce que cela sous-entend en matière de longévité. Quant au châssis poutre, il est hyper sensible à la rouille ! Voilà donc un achat à effectuer avec un spécialiste… Quoique vous n’aurez pas beaucoup le choix, vu la faible production ! Comptez un peu moins de 100.000 € pour un très bel exemplaire.

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