Entre les gros mastodontes Mercedes, BMW et Volkswagen, NSU fait figure de petit poucet. La marque décide de frapper fort avec un produit révolutionnaire, histoire de se repositionner sur l’échiquier. Elle met donc en chantier un projet de berline avant-gardiste qui voit le jour à la fin de l’année 1967. Son nom Ro80 est déjà tout un programme : Ro fait référence au type de moteur (rotatif) et 80 évoque les… années 80, soit une vision du futur ! D’autres sources évoquent aussi une certaine obsession du chiffre 8 durant le développement : la voiture devait coûter 8000 DM, peser 800 kg et consommer 8 l/100 km. Aucun de ces objectifs ne fût atteint, et de loin…

Une fiche technique invraisemblable !

Techniquement, la Ro 80 se démarque bel et bien des traditionnelles berlines allemandes : moteur rotatif birotor de 995 cm3 (115 ch à 5.500 tr/min), suspensions indépendantes (de type McPherson à l’avant, s’il vous plaît), traction avant, crémaillère de direction avec assistance et cerise sur le gâteau : une boîte semi-automatique à trois rapports, dont le pommeau du levier de vitesse actionne un interrupteur qui désengage l’embrayage !

Voiture de l’année 1968

Dès sa présentation, la voiture intrigue et reçoit un accueil très favorable de la presse, qui ne manque d’ailleurs pas de la nommer « voiture de l’année 1968 ». La production démarre assez bien les premières années mais très vite, les ennuis s’enchainent… Le choix du moteur rotatif était particulièrement audacieux de la part de NSU, qui n’avait expérimenté ce type de moteur que sur un petit roadster confidentiel. Et c’est ce moteur qui causera la perte de la Ro 80 et finalement, de la marque…

Un moteur atypique

Le moteur rotatif de la NSU était remarquablement compact, affichait un rendement à faire pâlir tous les moteurs conventionnels à pistons et soupapes et était de plus, nettement moins bruyant. En revanche, dans les années 60, ce moteur n’était pas encore parfaitement au point, ce qui se payait sur le long terme : la fiabilité problématique de ce moteur exigeait une réfection complète bien avant la barre des 100.000 km. De plus, ce moteur se montrait vorace en huile et… en essence ! Et la crise énergétique des années 70 porta alors un dernier coup fatal à cette voiture… A peine plus de 35.000 voitures seront produites jusqu’en 1977.

Aujourd’hui

Opter pour une NSU Ro 80 n’est pas un choix anodin. C’est le choix d’un connaisseur, amoureux de la technique autant que de l’originalité. La première difficulté sera tout simplement de… trouver un bel exemplaire à la vente ! En effet, entre les exemplaires jetés à la ferraille dans les années 70, ceux convertis avec un V4 Ford et les modèles délaissés dans le fond du jardin, il ne reste plus grand-chose de valable sur le marché. Les voitures s’échangent entre 8.000 et 15.000 € selon l’état. Le birotor ne fait plus peur aujourd’hui, mais il faut trouver un atelier spécialisé qui saura en prendre soin et, au besoin, le remettre en forme. Ce qui implique un budget en rapport et… de courir à l’étranger.