Créé à partir d'une page blanche, le Nmax, produit dans une importante usine indonésienne, a la lourde tâche de séduire plusieurs continents. Les exigences du marché européen ont donc été prises en compte dès la genèse du produit, des exigences parfois contradictoires. Le beurre et l'argent du beurre, en somme: on veut un moteur pétillant mais sobre, un châssis agile et amusant mais stable et rassurant, un gabarit compact mais de l'espace à bord, un style sportif mais "fashion"!

Le moteur, entièrement nouveau, a focalisé toutes les attentions des ingénieurs, dont le travail s'est articulé sur trois axes principaux: le rendement, la réduction des frictions et l'optimisation du refroidissement. Le Nmax est ainsi le premier scooter du marché à bénéficier d'une distribution variable, baptisée VVA (Variable Valve Actuation), une technologie renforcée par l'étude particulière du passage gazeux et du point d'injection. Résultat? Du couple à bas régime, de la puissance dans les tours et une consommation normalisée d'un peu plus de deux litres aux cent kilomètres!

Technologie de pointe

Le refroidissement est confié à un radiateur compact fixé latéralement, sur le flanc droit du moteur. Le circuit est contrôlé par un thermostat et un by-pass n'autorisant le liquide de refroidissement à passer dans le radiateur que lorsqu'il est chaud. Le moteur monte donc très vite en température pour fonctionner dans des conditions idéales, privilégiant ici encore l'économie de carburant.

La réduction des frottements n'a pas d'autre but. Les culbuteurs sont montés sur roulements, le cylindre reçoit un revêtement à faible friction, l'alternateur plus compact doit fournir moins de courant grâce à l'éclairage LED. Ce bloc flambant neuf et de technologie moderne est fixé au cadre par des liaisons dont les bagues en caoutchouc amortissent les vibrations.

Le châssis est classiquement réalisé en tubes d'acier, avec pour objectifs principaux une rigidité sans faille et un poids contenu, la chasse aux kilos se nichant partout, jusque dans le dessin des roues. Résultat sur la balance, 127 kg tout mouillé, le Nmax!

L'arme fatale

Parmi les autres caractéristiques, notons encore que les roues de treize pouces, largement chaussées (AV 110/70, AR 130/70), sont freinées par des disques de 230 mm secondés, de série s'il vous plaît, par l'ABS. Le coffre sous la selle, un bac en plastique sans éclairage ni moquette, peut recevoir un casque intégral et quelques menus objets.

Le réservoir, sur le tunnel central et donc facile d'accès, contient 6,6 litres. Le contacteur est protégé par un clapet protégeant le barillet de la crasse, de la pluie ou d'un coup de tournevis malveillant, le tableau de bord LCD fournit diverses informations (trips, consos) mais omet de nous indiquer la température extérieure. Parmi les absents, citons encore les feux de détresse.

Nos Nmax flambants neufs, mêlés à quelques MBK Ocito, son frère jumeau vendu en France et en Belgique, nous attendent devant l'hôtel, rangés comme à la parade le long du trottoir. Quatre couleurs, quatre groupes de journalistes qui vont partir à la découverte de Lisbonne de la meilleure façon qui soit.

Si cet essai nous permet de juger des qualités et défauts du dernier-né nippon, il nous prouve une fois de plus combien un léger deux roues motorisé constitue une arme absolue en termes de déplacement urbain. N'en déplaise aux gentils rêveurs adeptes de la petite reine, celle-ci ne peut rivaliser dans une ville accidentée! Au fait, pour les quatre couleurs, vous aurez le choix entre les ennuyeux Milky White et Midnight Black (les seuls disponibles pour le MBK) ou les inévitables Power Red et Frozen Titanium.

Flatteur

Des couleurs convenues, visibles à peu près dans toutes les marques. Ils feraient bien de jeter un œil dans leurs archives, les constructeurs: ils se montraient autrement plus inspirés et audacieux dans les années '60 ou '70! Relativement compact, le Nmax ne manque pas d'allure et flatte plutôt l'œil, un compliment pour un scooter dont le prix ne dépassera pas les 3.000 €.

Deuxième excellente surprise, l'accueil à bord. D'accord, on ne l'a pas testé en duo, mais le conducteur est choyé: selle confortable, bien dessinée et au revêtement adhérent, espace pour les jambes généreux avec un plancher permettant d'y poser les pieds aussi bien à plat qu'en avant, avec toutes les positions intermédiaires possibles. Un sans-faute, d'autant que le petit cadran LCD du tableau de bord évite le piège du misérabilisme ou, pire, du clinquant.

Le petit mono, prompt et réactif, ne peine pas à mener le Nmax d'un feu à l'autre avec vivacité. N'attendez pas l'allonge d'un Xmax, mais certains tronçons bien dégagés lui ont permis d'exprimer sa vigueur, bien réelle. Impossible de percevoir la variation de la distribution, complètement transparente. Le 125 donne le meilleur de lui-même à tous les régimes.

Il assume

Mais le meilleur vient du châssis. Avec son poids et son gabarit contenus, le Nmax se sent naturellement comme un poisson dans l'eau dans les ruelles de la ville portugaise, mais quand vient l'heure des grands boulevards, il file "à fond les ballons" avec une rigueur rassurante.

Ville: OK. Grands boulevards, autoroutes urbaines: OK. Mais les petites routes pour aller à la plage (hé oui, les Lisboètes ont de la chance!), ça le fait comment? Hé bien, drôlement bien! Nous avons pu un peu arsouiller pour descendre sur Costa Da Caparica, et nous n'avons pas laissé notre part au chat! Le sans faute encore ici, d'autant que les suspensions, bien moins dures que sur d'autres modèles de la marque, préservent un confort de bon aloi et évitent de talonner. Rien à dire non plus sur le freinage, endurant et facile à doser. Le nouveau bloc 125cc aura réclamé trois litres aux cents durant notre essai, une valeur qui semble réaliste, au vu du parcours effectué. Du très bon boulot, pour un scooter accessible mais valorisant, auquel on ne reprochera pas grand chose, hormis quelques lacunes d'équipement pardonnables et une protection limitée, les designers ayant privilégié l'esthétique, autel sur lequel fut consumée une bulle digne de ce nom, mais disponible en accessoire. L'automobiliste touché par la révélation d'une mobilité intelligente et festive ne sera pas déçu, l'habitué du deux roues non plus!