Tout a très bien commencé, avec l'apparition en 2014 d'une certaine MT-07, singulièrement bien née. Yamaha a élaboré pour cette machine un bouilleur particulièrement attachant, un bicylindre vertical face à la route de 689cc développant 75 ch à 9.000 trs/min, bien assez pour se faire plaisir, comme l'ont très vite constaté tous ceux et celles qui en ont pris le guidon! Ce moteur, aussi généreux qu'expressif, rend la M7-07 très attractive, ce qui se traduit d'ailleurs dans les ventes. La Yamaha termine dans le top 10 sur notre marché, derrière les indéboulonnables BMW (GS et RT) et la Honda Africa Twin qui connaît elle aussi un beau succès. Au niveau mondial, pas moins de 95.000 modèles ont déjà été produits, tant au japon qu'en France dans l'usine MBK d'où sortent les XSR et la Tracer.
Yamaha avait déjà marqué les esprits avec la MT-09 trois cylindres, une autre belle réussite. Très vite fut présenté un dérivé plus fonctionnel et utilisable au quotidien de cet amusant roadster, la Tracer 900. La recette fonctionne bien, Yamaha la reprend et l'adapte maintenant à la MT-07: place à la Yamaha Tracer 700, troisième opus de la saga, après la XSR700 surfant sur la vague plus néo que rétro.
Sport et tourisme
Avec ses Tracer, Yamaha est parti, c'est ce que nous explique le staff lors de la présentation, du constat que les "sport tourisme" n'étaient plus si sportives, mais encombrantes et guère agiles. La Tracer 900 marque donc clairement sa différence en ce domaine, et on se doute bien qu'en partant de la MT-07, Yamaha ne va pas nous pondre une enclume!
Peu de choses, en fait, différencient la Tracer de la MT-07, mais ça change tout! Priorité est donnée à la protection et à la polyvalence, avec un habillage protecteur. Le haut du carénage se prolonge sur les flancs, masquant discrètement le radiateur. La bulle est réglable en hauteur sur près de sept centimètres et l'éclairage est confié à deux optiques étirées intégrant l'incontournable éclairage de jour à LEDs, optiques qui ne sont pas sans rappeler le regard de la Tracer 900, un clin d'œil à la grande sœur.
Plus originales, les protections pour les mains qui surplombent les clignotants. On imagine bien que, dans leurs rêves les plus fous, les designers imaginaient de stylés éléments LEDs, mais les définitivement rabat-joie cost-killers sont passés par là! Ca le fera toujours mieux placés là que tristement accrochés au flanc de l'habillage, comme sur la 900…
Les entrées d'air latérales du carénage ne sont pas là pour frimer: l'une ventile le régulateur, l'autre l'ECU et l'unité ABS. La selle, redessinée en une pièce et enfin encadrée de poignées de maintien, le guidon repositionné et les repose-pieds forment un triangle nettement plus confortable que sur la MT-07.
Les différences
Le tableau de bord, peu convaincant sur la MT, est reconduit, mais sa position plus conformiste le rend enfin lisible et exploitable. On a déjà vu plus riche, mais l'essentiel s'y retrouve: compteur, compte tours, odomètre et deux trips partiels, horloge, jauge à essence, températures moteur et extérieur, vitesse engagée, consommations moyenne et instantanée. L'indispensable, hélas uniquement accessible via les boutons placés au centre du combiné. Sur une moto à la vocation tourisme, on aurait aussi apprécié d'y trouver l'autonomie restante. Notons que la barre de renfort du guidon accueillera opportunément un support éventuel de GPS ou de smartphone. Le réservoir gagne trois litres, ce qui lui en fait maintenant dix-sept, et s'orne de grip-genoux en caoutchouc, bienvenus.
Sous l'habillage, les différences se font plus discrètes, mais pas moins utiles. Le meilleur exemple se niche dans les cinq centimètres rajoutés au bras oscillant, et donc à l'empattement qui passe à 1.450mm. Si la suspension avant n'évolue pas, hormis de subtils réglages, l'amortisseur arrière est rallongé et la cinématique des biellettes modifiée pour porter le débattement à 142mm. Les freins ne changent pas, et le moteur non plus, hormis un passage à l'Euro 4, sans dommage pour le rendement ni pour l'agrément. Le catalyseur est modifié, tout comme l'admission d'air et la programmation de l'ECU. Bonne nouvelle, mais là aussi on s'en doutait, le poids tous pleins faits reste contenu, à 196 kg.
Fa-cile!
Dès les premiers tours de roue, la Tracer 700 fait mouche. Clair, le poids, c'est l'ennemi! Il suffit de descendre d'une moto un peu lourdingue (facile, elles le sont presque toutes!) et d'enfourcher la Yam pour en prendre conscience: un vrai vélo! La selle reste à une hauteur accessible (835 mm), la position de conduite est évidente, la Tracer reste fine, voilà une moto à échelle humaine.
Le moteur en rajoute une couche sur le même sujet. Pourtant pas avare de sensations, il ne prend jamais le dessus sur le pilote, qui reste en tous temps maître de sa machine, sans artifice électronique coûteux. Le maître mot est lâché: fa-cile! Facile, mais efficace et pas ennuyeuse pour deux sous! Le moteur, généreux et volontaire, accepte de reprendre dès 2.000 à 2.500 trs/min, mêmes sur les plus hauts rapports.
Avec une puissance maxi atteinte à 9.000 trs/min et une zone rouge à 10.000, la plage de régime exploitable convainc, d'autant que le couple reste généreux tout au long de la courbe. Pas besoin de s'inquiéter du rapport engagé: c'est toujours le bon rapport! La Tracer reprend à chaque fois avec bonhomie, avec un peu plus de rage et de réactivité dans les hauts régimes.
L'allongement de l'empattement améliore considérablement le comportement routier. Si la MT-07 amusait par ses prestations, elle manquait hélas de rigueur, et ses suspensions marquaient régulièrement le pas. La Tracer a préservé la merveilleuse agilité du roadster, mais avec un comportement qui ne prête plus le flanc à la critique. Impériale de stabilité, elle ne se désunit jamais et permet toutes les improvisations, bien aidée par son poids contenu et une monte pneumatique confiée à des Michelin Pilot Road 4. Avec un grip impressionnant, ils offrent une confiance absolue.
Brillante, performante, amusante, efficace: les qualificatifs ne manquent pas pour décrire cette machine qui apporte vraiment un vent de fraîcheur sur le marché. Bien loin des dérives auxquelles nous sommes régulièrement confrontés, voici une moto qui n'apporte que du plaisir, même aux plus aguerris des motards, qui n'intimide jamais, même le moins expérimenté des novices, tout en se montrant d'une rare polyvalence, lui permettant d'endosser tous les costumes, du commuting à l'arsouille en passant par le voyage au long cours. La moto rêvée!