Bruno Wouters

8 NOV 2015

Yamaha XV950: Cherchez le Sportster!

Le succès du Sportster chez Harley-Davidson ne faiblit pas, et ça dure depuis 1957, de quoi donner des idées à certains! Yamaha maîtrise l'art du custom depuis pas mal d'années avec d'ailleurs quelques succès retentissants comme la Virago ou la Dragstar, il eût été dommage de passer à côté d'une tendance qui fédère de plus en plus d'adeptes, le custom dépouillé d'inspiration "bobber". Pour ceux qui découvrent un nouveau monde, un bobber est obtenu en dépouillant une machine de tout son superflu…

Yamaha a bien compris la leçon avec sa XV950. Naturellement inspirée du Sportster, la Yamaha évite le piège de la copie servile pour se forger sa propre identité, avec toutefois la même volonté de proposer à son possesseur un véhicule facile à transformer et personnaliser. Et pour que le message passe bien, le constructeur nippon a mandaté de nombreux spécialistes de la profession pour qu'ils livrent leur propre interprétation de cette machine, histoire sans doute de prouver que les seules limites seront financières. Pour les plus timorés, Yamaha propose une vaste gamme d'accessoires, dont certains sont réunis sur notre machine d'essai.

Basse, assez longue, la XV950 affiche des proportions qui en jettent, sans toutefois intimider. Avec sa selle basse, elle reste accessible à tous. Son style classique se mâtine d'éléments high tech, certains bien visibles comme le surprenant feu arrière rond, à la fois rétro et moderne avec sa technologie LED, ou son compteur, maladroit avec son pavé digital. D'autres se cachent dans les entrailles de la bête, comme l'ABS, de série sur la XV950R qui hérite dans la foulée d'amortisseurs à bonbonne, ou en option, comme sur notre machine. Le noir est de mise à peu près partout, même si vous choisissez une autre couleur de carrosserie que le noir. Il n'y aura jamais que le réservoir qui change de couleur, et sur la moto, le réservoir de douze litres, ça ne fera pas beaucoup de surface! Tout le reste est noir: moteur, cadre, roues, garde-boues, échappement… Faut chercher pour trouver du chrome: le cerclage de phare et c'est à peu près tout. Résultat, une bonne gueule de brute comme on les aime!

Le moteur, hérité de la XV950A, est optimisé pour gagner en caractère. Il développe un couple généreux de 80 Nm à 3.000 trs/min. L'admission est retravaillée. Le filtre à air d'une contenance réduite de 15% améliore paradoxalement le remplissage, tandis que le calage d'allumage et la cartographie d'injection améliorent les capacités d'accélération, tandis que l'échappement deux en un court et compact suit au plus près les rondeurs des carters. Sur notre XV, il était remplacé par un plus viril Akrapovic pioché dans l'épais catalogue de pièces, tout comme (en vrac) le couvercle de filtre à air, le petit saute-vent, les poignées et repose-pieds, les sacoches cavalières, la selle monoplace (pas besoin de repose-pieds arrière, alors, les gars!) et les cerclages dorés disséminés de-ci de-là. Vous pourrez aussi opter pour des roues à rayons, en perdant le bénéfice de l'ABS et des pneus tubeless. Participent encore au look des disques "wave" et une intelligente courroie de transmission finale, propre et quasiment sans entretien.

Le vétouine de 942 cc refroidi par air s'enchâsse dans un classique cadre double berceau en acier dessiné pour afficher une hauteur de selle réduite à 690 mm. Monté rigide, il distille ce qu'il faut de vibrations, de quoi combler l'amateur sans jamais devenir désagréable.

Très méfiants sur les positions de conduite prodiguées par certains customs (ou bobbers, ou cruisers, ou ce que vous voulez!), nous sommes agréablement surpris par la XV950. Nous sommes assis au ras des pâquerettes, c'est vrai, les jambes relativement repliées, d'accord, mais les pieds à peine en avant, et le guidon parfaitement dessiné tombant idéalement dans les mains. C'en est presque du bonheur, et suffisamment rare sur ce type de machine que pour le souligner!

Le moteur crépite gentiment au ralenti, première, un filet de gaz et la XV s'arrache avec vivacité. Le couple, bien présent rend le twin vivant et très plaisant en toutes circonstances, d'autant qu'il répond à la moindre sollicitation de la poignée. Position de conduite conciliante, on l'a vu, à deux bémols près: est-ce pour singer Harley-Davidson qu'on se prend le genou droit dans le filtre à air? En tous cas, chez Harley, on ne se prend pas le genou gauche dans le cylindre arrière: ils sont dans le même plan. Ce n'est pas le cas sur la Yamaha… Ne boudons pas notre plaisir, le statut de "biker" pur et dur tient aussi à ce genre de choses. Sur la route, la XV950 témoigne d'un caractère efficace et enjoué, et nous en venons vite à pester contre la garde au sol ridicule, encore grevée d'un degré ou deux par les repose-pieds plus longs montés en accessoires. D'accord, ce genre de machine n'est pas pensée pour l'attaque, mais la réactivité du moteur, la position de conduite plutôt confortable et les saines prestations du châssis donnent parfois envie de hausser le rythme. Est-ce le petit saute-vent monté sur notre XV950 d'essai, toujours est-il que même les liaisons autoroutières ne l'effraient pas! Une bonne base de prépa pour se concocter un engin efficace et perso!

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