Au début de l'année dernière, Ford a divisé le développement et la vente de ses véhicules en trois départements distincts : « Model E » pour les voitures électriques, « Ford Pro » pour les utilitaires et « Ford Blue » pour les voitures particulières à moteur thermique. C’est Jon Williams qui dirige cette dernière division en Europe.
VROOM.be : En choisissant la division de Ford qui s'occupe des voitures à moteur thermique, avez-vous opté pour un métier en voie d'extinction ?
Jon Williams : En Europe, nous sommes clairs sur notre avenir : d'ici 2030, en ce qui concerne les voitures particulières, nous voulons être 100% électriques. Nous sommes donc sur la voie de l'électrification totale, mais cela signifie également que nous continuerons à vendre des voitures à moteur thermique jusqu'à la fin de cette décennie et à en assurer l'entretien par la suite. Nous avons donc encore du temps devant nous ! Nous vendrons des véhicules assemblés en Europe, complétés par certains produits « emblématiques » des États-Unis en plus petits volumes pour les passionnés, tels que le Bronco présenté au Salon de Bruxelles, ainsi que la nouvelle Mustang.
VROOM.be : En parlant de noms emblématiques, allez-vous faire disparaître le nom « Fiesta », ou reviendra-t-il sous une forme différente ?
Jon Williams : La Fiesta actuelle va disparaître à la fin de cette année. Mais regardez la Puma : elle existait il y a longtemps et nous l'avons ramenée sous une forme différente. Fiesta est un nom fort, tout comme Puma, sauf que nous n'avons pas de produit Fiesta prêt pour le moment. Il ne faut donc pas s'attendre tout de suite à une nouvelle Fiesta sous une forme différente, mais il ne faut jamais dire jamais.
VROOM.be : Si la Fiesta et la Focus disparaissent, restera-t-il à l'avenir des voitures à moteur thermiques abordables dans la gamme Ford ?
Jon Williams : Nous vendrons encore la Focus jusqu'en 2025. Et outre, nous avons aussi la Puma et le Kuga. Il y aura également un nouveau modèle basé sur la plate-forme de la Puma, qui sera construit à côté de la Puma, à la fin de cette année ou au début de l'année prochaine. Il s'agira d'un utilitaire qui ne remplacera pas le Courier mais qui reprendra plutôt son rôle. En outre, il sera également décliné une version particulière avec une finition spécifique. Il y aura donc du choix dans cette gamme, avec des moteurs thermiques. Nous nous adoptons aux goûts des acheteurs qui évoluent.
VROOM.be : Et qu'en est-il des rumeurs qui circulent de temps en temps selon lesquelles Ford veut quitter l'Europe ?
Jon Williams : Nous avons une entreprise prospère ici. Nous sommes le leader du marché des utilitaires en Europe pour la huitième année consécutive, nous avons des voitures particulières qui se portent bien, nous allons lancer de nouveaux véhicules électriques qui sont construits à Cologne, et nous avons de nouveaux modèles très prometteurs qui arrivent, comme le nouveau Ranger et le Bronco... Nous avons un rôle important ici, donc non, Ford ne va pas quitter l'Europe.
VROOM.be : Ford en Europe voit-il les marques chinoises comme une menace ?
Jon Williams : Ces marques arrivent rapidement en Europe, avec une approche différente du marché. Elles peuvent rapidement adapter leur vaste portefeuille de modèles en Chine pour le commercialiser ici, ce qui en fait des concurrents avec lesquels il faut compter. Il suffit de voir ce qui se passe en Norvège, où les modèles électriques chinois se vendent bien. Par conséquent, en tant que marques établies, grâce à la connectivité et aux services numériques, mais aussi en collaboration avec notre réseau de concessionnaires, nous devons répondre aux attentes des clients. Avec une expérience totale et aussi de nouvelles façons d'acheter. Et là, je pense aussi, par exemple, au modèle d'abonnement. Si vous regardez comment les jeunes traitent la musique aujourd'hui, via des services de streaming plutôt que des CD, cette méthode va certainement devenir importante à l'avenir.