Est-ce la demande croissante qui pousse les constructeurs à proposer toujours plus de SUV ? Ou est-ce l’offre galopante qui incite les conducteurs à s’orienter vers un SUV ? Impossible de trancher dans cette réinterprétation moderne de l’histoire de l’œuf et de la poule. Quoiqu’il en soit, c’est un (double) fait : on n’a jamais autant vendu de SUV en Europe. Et on n’en a jamais autant proposé dans les concessions…

Histoire de famille

BMW n’est pas innocent dans l’histoire. Avec son armée de modèles badgés « X » (X1, X3, X5 et X6), il propose une des offres les plus vastes du marché. A tel point que près de 30% de ses ventes totales dans le monde concernent un modèle badgé X. En attendant les X7 (dont la mise en production en 2017 vient d’être confirmée) et un potentiel X2, c’est le X4 qui vient agrandir la famille.

Chez Porsche aussi, un heureux évènement s’apprête à chambouler la hiérarchie dans la famille. Le petit frère du Cayenne, le Macan, s’apprête à lui piquer la vedette… et à devenir le modèle le plus vendu de la famille Porsche. Dans les deux cas, ces modèles se basent techniquement sur un modèle existant : le X3 pour le X4 et l’Audi Q5 pour le Macan.

Made in US

Fabriqué dans l’usine américaine de Spartanburg, en Caroline du Sud, comme ses frères X3 et X5, le nouveau X4 reprend exactement le même empattement (2m81) que le X3. Ses autres cotes restent globalement identiques. A l’exception de la hauteur, bien sûr. Ligne de SUV « coupé » oblige, le X4 descend son pavillon de près de 4 cm (1m62). De profil, il hérite ainsi d’une allure particulièrement aléthique. Digne de celle de son grand frère X6… mais sans sa propension au gigantisme puisque le X4 ne s’étend que sur un plus raisonnable 4m67.

Basé sur le Q5, le Macan en reprend logiquement l’empattement (2m81, comme le X4). En rendant 16 cm à son grand frère Cayenne, le Macan s’aligne sur l’encombrement du X4 (4m68). Si son pavillon culmine également à la même hauteur (1m62), il possède les épaules les plus larges (1m92 contre 1m88 pour le X4).

Gros cœurs

S’ils se profilent donc comme des concurrents on ne peut plus directs côté mensurations, nos deux concurrents semblent jouer dans des catégories différentes au rayon des motorisations. Même si BMW ne retient pas les mécaniques de « base » du X3 pour le X4, étiquette sportive oblige, on peut déjà cocher des quatre cylindres 2.0l turbo essence (20i de 184 ch ou 28i de 245 ch) et diesel (20d de 190 ch) sur son bon de commande. Et jouir d’un prix de base de moins de 50.000€ (47.200€).

Chez Porsche, du moins durant sa phase de lancement, le Macan ne jure que par les six cylindres. En essence, le 3.0l V6 est proposé en 340 ch (Macan S) voire 400 ch (Macan Turbo). Même constat en diesel, impossible de partir avec moins qu’un 3.0l V6 de 211 ou 258 ch sous le capot. Du coup, le prix d’attaque du Macan ne descend jamais pas sous les 60.000€ (et encore, c’est tout nu…).

Culs-de-jatte

A voir le profil du X4, on pourrait penser que caser la tête d’adultes à l’arrière pourrait poser problème. Et bien non. Grâce à l’abaissement de près de 3 cm des sièges arrière, la garde au toit ne pose pas le moindre souci. Ni même l’espace pour les genoux. C’est plutôt la position d’assise qui s’avère handicapante. L’implantation plus basse de la banquette arrière impose de voyager avec un angle de hanche assez fatiguant (les genoux dans le menton). Et l’abaissement (de deux centimètres) des sièges avant qui empêche de glisser ses pieds en-dessous des fauteuils n’arrange rien.

Les passagers arrière sont donc mieux lotis à bord du Macan. Côté coffre, c’est un peu chou-vert et vert-chou par contre. On dispose de 500l dans les deux cas, d’une division 40/20/40 de la banquette arrière et d’un hayon motorisé en série.

Plaisir indéniable

Même si attaquer des virages au volant d’un SUV donne toujours l’impression de débuter son jogging perché sur des hauts talons, force est reconnaître que ces deux modèles méritent leur appellation de SUV « sportif », n’en déplaise aux puristes. A bord du Macan, c’est d’abord la précision de sa direction qui séduit. Le retour d’information est irréprochable et le tranchant du train avant reste digne du blason Porsche.

Suspension pneumatique

Trois types d’amortissement sont proposés sur le Macan : suspension « statique » de base, amortissement piloté en option et suspension pneumatique en guise de haut de gamme. Irréprochable, cette dernière, équipant notre modèle d’essai, assure un compromis confort de marche/dynamisme indiscutable. Quitte à dépenser encore un peu d’argent, on n’hésitera pas à opter pour la répartition vectorielle de couple sur le train arrière.

Les glissades entretenues à l’accélérateur avec un Macan Turbo de développement sur une piste d’essai, quelques semaines avant son lancement officiel, hantent encore mes nuits… Et pour que le plaisir soit parfait, cochez l’option échappement sport. Sans cet artifice, le Macan reste tristement muet dans l’habitacle malgré la noblesse de ses mécaniques…

Super-X3

Contrairement à son grand frère X6, le X4 ne peut s’équiper d’un différentiel arrière actif (il n’y a pas de place pour le caser !). Mais il comble en partie ce manque en s’équipant en série du « Performance Control » freinant de manière sélective les roues pour aider la voiture à pivoter dans les enchaînements serrés. On retrouve également, en série, une direction active qui permet d’économiser ses efforts dans les courbes et un nouveau calibrage des suspensions davantage orienté vers la sportivité.

Au final, on se retrouve au volant d’un SUV vraiment dynamique et plaisant à conduire. Seuls petits bémols : un amortissement (de base) un peu ferme au quotidien. Et un poids total élevé qui vous ramène sur terre lorsque les freins commencent à jeter le gant. A ce sujet, même si le Macan est encore plus lourd, les freins Porsche permettent de maintenir l’illusion plus longtemps…

Conclusion

Sans rien perdre de leur charisme ni de leur efficacité routière, les X4 et Macan singent parfaitement les X6 et Cayenne. Mais, dans le cas du Porsche, sans vraiment diminuer la note finale… Si l’on dispose d’un budget (presque) illimité, on ne sera pas déçu du Macan. En offrant un agrément de conduite presque aussi soigné pour un tarif nettement plus raisonnable, le X4 se profile comme une meilleure affaire. D’autant plus qu’il n’est pas nécessaire d’opter pour les six cylindres pour se faire plaisir sur nos routes.