La nouvelle Série 5 de BMW fait étalage d’un impressionnant armada technologique qui lui permet de rouler toute seule (pendant quelques secondes, certes) et d’afficher un confort au plus haut niveau. Certes, ce dernier paramètre a quelque peu tempéré les traditionnelles valeurs sportives du modèle, mais BMW insiste malgré tout sur le dynamisme de sa grande berline. En attendant la fulgurante M5, voyons voir si le dernier échelon avant cette dernière possède bien toutes les qualités requises.
Pas une Série 5 traditionnelle, mais pas une M5 non plus…
A l’instar d’Audi et de Mercedes, BMW propose des modèles badgés « M », mais au compromis plus équilibré entre sport et confort. Comprenez que si les 600 chevaux annoncés par la future BMW M5 vous paraissent un peu exagérés, la marque propose une alternative plus ouatée, moins extravertie, mais toujours très performante. D’ailleurs, sous son capot, nous retrouvons ici aussi un V8 biturbo de 4,4 litres. Mais dans ce cas-ci, ce sont 462 chevaux et 650 Nm qui font tournoyer le vilebrequin.
Sécurité oblige…
Si la Série 5 a longtemps bâti sa réputation de berline sportive par ses moteurs 6 cylindres en ligne et son architecture de propulsion équilibrée, elle défend aujourd’hui d’autres valeurs : V8, boîte automatique et… transmission intégrale ! Que les puristes se rassurent, cette dernière favorise toujours les roues arrière et la boîte auto à 8 rapports est l’une des meilleures du moment. Côté châssis, BMW promet des barres antiroulis actives et des roues arrière directrices en option. De quoi plomber le portefeuille mais préserver le « Freude am Fahren » ?
Discrétion ?
Si le muscle sous le capot est perceptible dès le démarrage, la présentation n’en est pas moins discrète. Des boucliers retravaillés, des jantes spécifiques et des sorties d’échappement rectangulaires sont les principaux ingrédients de ce modèle. Dans l’habitacle, même refrain : cette M550i se présente comme une Série 5 qui aurait coché bien des options sur l’interminable liste. Ni plus, ni moins. Selon vos goûts et la taille de votre portefeuille, vous pourrez donc garnir l’habitacle des meilleurs cuirs, de sièges massants, d’Alcantara et d’un arsenal technologique à faire pâlir une station spatiale…
Un vélo confortable et ultra puissant !
Que ce soit en ville, sur autoroute ou dans les embouteillages, la M550i se profile comme un formidable vaisseau à voyager, le confort étant au sommet. Comme une Série 5 classique alors ? Oui, et même en en mieux ! Non seulement la souplesse et la tolérance de la suspension ne laisse rien deviner de la cavalerie sous le capot, mais de plus, cette dernière permet d’oublier toute chicane mobile ! En effet, dans un grondement sourd fabuleusement suggestif, la BMW efface toutes les difficultés avec une puissance qui semble ne jamais se tarir.
Poussée tectonique
Enhardis par tant de manifestations sportives, nous nous sommes permis de titiller la chose sur un itinéraire sinueux et déserté. En ligne droite, la berline teutonne tonne la charge et efface tout ce qui roule. C’est qu’après tout, BMW annonce un 0 à 100 km/h en 4 secondes ! Le mode sport, qui raffermit la direction et la suspension, tente d’en rajouter une louche en aspergeant les compteurs de rouge vif et en faisant sonner le V8 au travers des haut-parleurs. Ces deux dernières manifestations semblent inutilement artificielles et on en vient à regretter cet excès de zèle.
Mais c’est surtout à l’approche d’un virage que les choses se gâtent. Le freinage semble sous-taillé pour la cavalerie et la masse de l’ensemble : pas assez puissant, il s’évanouit également très rapidement. Au garde-à-vous sur la grosse pédale centrale, nous tentons donc une inscription plus ou moins « proprette » dans le virage… Et le constat ne s’améliore pas vraiment, le panzer teuton préférant poursuivre la ligne droite et nous fait part de sa passion pour le sous-virage. La caisse semblant quelque peu flotter sur ses suspensions, il reste alors la solution de redonner vie au V8 pour tenter une sortie en force. La transmission intégrale s’exécute alors remarquablement, la cavalerie s’agrippe au tarmac et peut même nous ravir avec une légère dérive des roues arrière.
Missile autoroute-autoroute
Vous l’aurez compris, l’arsouille sur itinéraire sinueux, voire pire, sur un col de montagne n’est pas le hobby préféré de cette grande berline. Pour préserver une certaine efficacité, il vous faudra freiner longtemps et bien avant le virage, entrer doucement et sortir les chevaux dès que la ligne droite se profile ! Mais dans tous les cas, la masse importante se fait sentir. Reste l’autoroute, où cette M550i impose sa force et sa décontraction. Soulagé(e) par les sièges massants, enhardi(e) par la stéréo et l’échappement, préservé(e) par l’amortissement et rassuré(e) par la stabilité, vous avalerez les Autobahn avec délectation et panache.
Budget
Commençons par la bonne nouvelle : à allure légale, le V8 fait preuve d’une très étonnante sobriété. Nous avons en effet relevé une consommation moyenne inférieure à 9 l/100 km. En titillant les huit cylindres, forcément, la note peut être presque doublée ! Mais quelques personnes à képi se pourlècheront alors les moustaches…
Question tarif, BMW propose sa M550i xDrive à partir de 91.500 €. Bon à savoir, ce modèle n’est pas disponible en version Touring (break). Pour le moment ? L’équipement de base n’a bien évidemment, rien d’indigent, mais il faudra mettre la main au portefeuille pour profiter des 4 roues directrices, d’un confort optimum (les sièges massants sont vraiment à conseiller !) et de quelques options de personnalisation. En clair, tablez sur un supplément compris entre 10.000 et 20.000 €, selon vos envies.
Conclusion
Non, la M550i n’est pas la voiture à laquelle nous nous attendions. Si jadis, un badge « M » posé sur une Série 5 signifiait une voiture presque rugueuse, mais terriblement équilibrée et joueuse comme une sportive, les mentalités et les produits ont évolué. La nouvelle venue n’est pas la ballerine que nous escomptions, loin s’en faut, mais elle se profile plutôt comme une formidable machine à voyager. Une « super Série 5 », à la puissance débridée et qui ravira ceux qui adorent les longs voyages, bercés par le son d’un V8 musical et enthousiasmés à l’idée d’éclipser quasiment tout ce qui roule sur Autobahn !