À force de grandir et de prendre du poids, la mythique M3 s’éloigne de plus en plus du concept originel lancé en 1986. Sans compter que, l’air de rien, les tarifs exigés commencent à devenir nettement élitistes. Comptez dorénavant au bas mot 80.000€ pour repartir au volant d’une M3… En reprenant à son compte une partie des liaisons au sol et quelques recettes utilisées pour le six cylindres en ligne de sa mythique grande sœur, la petite M2 permet de goûter à ses plaisirs pour 20.000€ de moins. Chez Audi, aussi, la TT siglée RS se profile comme une super-car en réduction. Mais ici c’est plutôt comme une R8 à l’échelle ½, avec son demi-V10, qu’elle se présente.
Finition, équipement : avantage Audi
Ici, on ne discutera pas longtemps ! Au rayon finition et équipement, l’Audi TT RS bat la BMW M2 à plate couture ! Il faut dire que d’un côté, on se retrouve au volant d’une voiture affichant une finition irréprochable, avec des matériaux soignés et des écrans aux graphismes léchés. Et, de l’autre, on se retrouve face à quelques plastiques durs, des ajustements moins précis et une planche de bord classique assez quelconque.
Bon, certes, la TT RS est affichée à un prix encore un peu plus élitiste, on y reviendra. Mais tout de même, il faudra s’alléger de plus de 60.000€ pour repartir au volant de la M2 ! Et même si ce n’est pas pour sa finition qu’on la commande, bien sûr, on aurait aimé un petit effort dans le domaine pour ce tarif… Même constat côté équipement : la liste Audi est un peu plus étoffée que celle proposée par BMW.
Confort : avantage Audi
Sur le plan du confort de marche, l’Audi prend également l’avantage. Son amortissement piloté se montre plus prévenant, ses sièges plus confortables et son insonorisation globalement plus soignée. Notons tout de même que si l’on se passe de l’amortissement Magnetic Ride optionnel, le typage de la suspension de base de l’Audi a tendance à se montrer un peu plus caricatural.
La M2, même avec son amortissement piloté à deux modes, conserve quant à elle toujours les articulations un peu raides. La BMW se rattrape néanmoins sur le plan du confort quand on se glisse dans la peau des passagers arrière. Indiscutablement, la BMW M2 se montre plus utilisable si l’on est amené à voyager à plus de deux. Les places arrière de la TT RS ne sont d’ailleurs pas destinées à transporter des adultes mais plutôt des enfants de moins d’1,45m.
Moteur : égalité
Voilà, on entre dans le vif du sujet ! Et au chapitre moteur, plus question de domination outrageuse ! Certes, sur le papier, le cinq cylindres en ligne d’Audi se montre le plus puissant avec ses 400 ch contre 370 ch pour le six cylindres en ligne BMW. Mais le 3.0l béhème se rattrape avec son couple de 475 Nm qui peut être porté temporairement via un overboost, à 500 Nm contre 480 Nm pour le 2.5l d’Audi. Dans les deux cas, ce couple généreux répond à l’appel sur une très large plage de régime : 1.700 tr/min à 5.850 tr/min chez Audi ; 1.400 et 5.560 tr/min chez BMW.
Inutile de préciser que, peu importe le rapport engagé, ces deux bolides repartent ventre à terre en sortie de courbe. En conduite sportive, le cinq cylindres se démarque surtout par sa sonorité inimitable (surtout avec l’échappement sport optionnel) et ses reprises musclées. Le six en ligne BMW se montre, quant à lui, le plus gratifiant à cravacher dans les hautes-rotations avec son allonge incroyable. Égalité !
Comportement routier : avantage BMW
Sur le plan du comportement dynamique, la BMW prend par contre l’avantage. Disons qu’elle se montre la plus jouissive à cravacher grâce à son équilibre de propulsion joueuse. Bien sûr, un pilote néophyte réalisera certainement de meilleurs chronos au volant de la TT RS globalement plus rassurante grâce à sa transmission intégrale et à son typage davantage sous-vireur. La transmission intégrale Quattro ne privilégie en effet jamais le train postérieur avec sa répartition de 80/20 en Confort et 50/50 en mode Dynamique.
Du coup, en sortie de courbe, la TT RS a davantage tendance à élargir la trajectoire sous la pression du cinq cylindres qu’à la resserrer malgré l’intervention du freinage vectoriel de couple (la TT RS accepte tout de même de joyeusement se placer en entrée de courbe au lever de pied si l’on maîtrise l’exercice). La M2 se montre plus délicate et plus pointue à piloter si l’on se met en tête de la pousser dans ses derniers retranchements. On pourra alors, selon l’envie et la position retenue sur l’interrupteur de la console centrale, adopter des trajectoires chirurgicales (mais l’on déplorera alors le rendu un peu artificiel de la direction) ou verser dans un rodéo plus sauvage !
Budget : avantage BMW
Vous pouvez repartir au volant d’une BMW M2 pour 61.200€ en commandant la boîte manuelle à six rapports. Comptez 65.170€ si vous souhaitez bénéficier des services de la boîte de vitesses à double embrayage Drivelogic assez chèrement tarifée. De série, la TT RS s’équipe quant à elle toujours de la transmission à double embrayage S Tronic et de ses quatre roues motrices Quattro.
Il faudra par contre encore ajouter quelques milliers d’euros en sus par rapport à la M2 : 68.900€, voire 71.200€ si vous préférez jouir de la sonorité gutturale du cinq cylindres en plein air avec la version roadster… Dans les deux cas, il faudra en outre tabler sur un solide budget carburant si vous avez le pied lourd. Mais même en conduite « coulée », il sera assez difficile de descendre sous la barre des 10 l/100km.
Conclusion : égalité
Cravaché, le moteur de la TT RS file quasiment des frisons tant il semble avoir le diable au corps ! Pour suivre le rythme infernal de la TT RS au volant d’une M2, il faudrait déjà un sacré as du volant compte tenu de l’efficacité « proprette », et par tous temps, de l’Audi. Les pilotes apprécieront néanmoins davantage de cravacher la sportive munichoise qui permet de s’impliquer davantage. La M2 est, certes, plus pointue à piloter et moins efficace quand les circonstances deviennent difficiles. Mais elle reste plus gratifiante à mener aux limites. Mais dans les deux cas, on passera un excellent moment au volant de ces bolides aux performances dignes de celles de sportives (encore) bien plus onéreuses.