Un esprit très rationnel pourrait nous opposer de nombreux contre-arguments. Compte tenu des dimensions de l’engin, du nombre de places offertes à bord et, surtout, du prix réclamé pour jouir (nous y reviendrons dans le chapitre budget) de la nouvelle Citroën e-Méhari, une Renault Zoé se serait davantage posée en rivale directe. Sauf qu’en l’occurrence, aucune réflexion purement rationnelle ne peut légitimement sous-tendre la réflexion quand on envisage l’achat d’une telle « voiture ». Bref, pour son côté tout aussi aéré et surtout sa capacité équivalente de faire tourner les têtes sur son passage, on a préféré convier la petite Twizy à la fête !

Deux-poids, deux-mesures

Du coup, forcément, garés l’un à côté de l’autre, nos deux joyeux engins ne semblent pas boxer dans la même catégorie. Le Twizy ne peut accueillir que deux personnes contre quatre pour l’e-Méhari. Et le coffre de la petite Renault se montre pour le moins spartiate (31l, c’est ridicule) tout en imposant un accès très peu pratique. Cela dit, si la Citroën affiche un volume de coffre d’environ 200l, seule une petite trappe sous le plancher du coffre peut se verrouiller quand on abandonne le véhicule. Tout le reste de la voiture reste toujours accessible.

Finition, équipement : avantage Renault

Sorte de scooter à quatre roues, le Twizy impose de se contenter d’un équipement assez sommaire. La finition est également assez aléatoire. Les portières à la façon « Lamborghini » de notre modèle d’essai ne se fermaient pas toujours du premier coup par exemple. On retrouve tout de même un airbag pour le conducteur. Attention sécuritaire dont doit se passer l’e-Méhari. Développée à la « hâte » suite à l’engouement du public après la présentation du concept, Citroën n’aurait pas eu le temps d’intégrer un airbag conducteur. Mais ça sera pour la version « faceliftée ». Bon, difficile de désigner un vainqueur pour le chapitre finition/équipement compte tenu du caractère bricolé de ces deux engins. Mais comme au royaume des aveugles les borgnes sont rois, le Twizy (avec son phare arrière de cyclope d’ailleurs, ça tombe bien…) s’en sort au final le moins mal !

Confort : avantage Citroën

Ici, par contre, pas de doute : l’e-Méhari se révèle clairement la plus confortable à l’usage. On s’attendait à découvrir un engin rudement amorti et on se retrouve au volant d’une voiture qui filtre étonnamment bien les irrégularités. Pour le toucher de route, elle s’en sort donc nettement mieux que le Twizy qui semble avoir troqué ses amortisseurs contre des bouts de bois. Sur nos routes belges, à bord du jouet Renault, ça tape et ça secoue ! Dans les deux cas, par contre, l’insonorisation est assez catastrophique. Et le confort thermique directement lié aux conditions climatiques…

Moteur : avantage Citroën

Clone technique de la voiture électrique du groupe Bolloré (la BlueCar utilisée notamment comme voiture partagée à Paris), la Citroën e-Méhari hérite du même moteur électrique développant 68 ch et 140 Nm. Le Renault Twizy dans sa version « débridée » hérite quant à lui d’un petit moulin électrique de 17 ch et 57 Nm. Pesant une tonne de moins que la Citroën (1.480kg), le petit moustique (473 kg) parvient à assurer des performances similaires lors des démarrages (0 à 45 km/h en 6,6s contre 6,4s pour le 0 à 50km/h). Par contre, le Twizy plafonne à 80 km/h contre 110 km/h pour la Citroën. Du coup, sur les grands axes, on se sent plus à l’aise à bord de la Citroën qui offre une plus grande polyvalence d’usage. D’autant plus que ses batteries offrent environ 160 km d’autonomie en conduite mixte contre 80 km pour le Twizy.

Comportement routier : avantage Twizy (route) – avantage e-Méhari (tout-chemin)

Campée sur des suspensions souples et disposant d’une garde au sol assez élevée, la e-Méhari n’offre pas un comportement dynamique tranchant en adéquation avec ce que son petit volant en peau retournée qui semble tout droit sorti de l’habitacle d’une DS3 WRC laisse imaginer. En route, la Citroën préfère adopter le rythme « touristique ». Par contre, les campagnards apprécieront la possibilité de s’aventurer en dehors des sentiers revêtus comme son illustre devancière. Le Twizy est davantage à l’aise dans les centres urbains. Il se faufile (presque) partout. Et son comportement dynamique est clairement plus amusant : on a l’impression de piloter un petit karting.

Budget : avantage Renault

Comme toutes les voitures « exclusives », la Citroën e-Méhari impose de s’acquitter d’un lourd tribut en comparaison avec le service offert : plus de 25.000€, à l’achat, et un loyer mensuel de 87€ pour la location des batteries. Ce n’est pas tout : les batteries « chaudes » du groupe Bolloré utilisées par Citroën imposent d’être constamment branchées sur le réseau pour ne pas se décharger. Tablez donc en sus sur une consommation électrique d’environ 1.500€ par an juste pour garder les batteries à 70°C (il faudra donc encore payer en plus la consommation d’électricité des déplacements). Même le Twizy, du haut de ses quelques 7.000€ et 50€ de loyer par mois, semble bon marché à côté…

Conclusion : avantage Renault

La Citroën e-Méhari se montre clairement plus polyvalente que la Renault Twizy. Cela dit, dans un cas comme dans l’autre, il paraît totalement illusoire de vouloir les utiliser comme première voire même comme seconde voiture. Du coup, si c’est pour repartir au volant d’un engin amusant, qui fait tourner les têtes et à utiliser de manière sporadique, autant opter pour la voiture la moins coûteuse. Sauf si l’on est adapte des promenades aérées en famille, bien sûr. Cela dit, toutes voiles retirées, les places arrière de la Citroën s’avèrent assez « ventilées ». Mieux vaut donc attendre des jours de canicule pour en profiter.