Au premier coup d’œil, on remarque tout de suite que la 308 reste globalement sobre, même dans sa version siglée GTI. Si l’on ne souhaite pas passer inaperçu, il reste tout de même la solution « Coupe-Franche », soit la peinture biton (avant rouge et arrière noir) inédite dans le segment facturée 1.800€.

Ou alors, si l’on souhaite vraiment s’attirer tous les regards, la Honda Civic Type R n’a pas son pareil. Impossible de ne pas remarquer son kit carrosserie spécifique dont l’énorme aileron arrière constitue le trait le plus saillant. Cela dit, tous ces équipements ne sont pas là (que) pour amuser la galerie. La Civic Type R profite de tous ces appendices pour devenir « déportante ». Autrement dit, collée au sol à grande-vitesse.

Génération turbo

Histoire de ne pas perdre pied dans la course à l’armement que se livrent les concurrentes du segment, Honda s’est résigné à se tourner vers la suralimentation. Pour la première fois, le constructeur nippon associe son célèbre système de distribution variable de soupape VTEC à un turbocompresseur. Voilà qui n’autorise plus le bloc à escalader le compte-tours à des altitudes himalayennes comme avec les précédentes Type R atmosphériques. Mais les performances profitent tout de même de l’effet turbo pour exploser.

Histoire de ne pas décevoir ses afficionados, Honda s’est tout de même attelé à ce que ce nouveau moteur VTEC Turbo s’essouffle le plus tard possible. Un exercice plutôt réussi : la puissance maxi (310 ch) arrive à 7.000tr/min. Un régime relativement tard pour un 2.0l turbo. En conduite coulée, ce bloc turbo se montre également plus rond que les anciens moteurs atmosphériques creux à l’usage. Ici, on dispose de 400 Nm dès 2.500 tr/min…

Petit, mais costaud !

A priori, à côté de ce nouveau 2.0l turbo de 310 ch, la Peugeot se retrouve bien démunie avec son « petit » 1.6l turbo. Peugeot Sport, en charge du développement, lui a donc offert le meilleur. Résultat : 270 ch. Soit un rendement digne d’un moteur de compétition avec près de 170 ch/litre. A l’aise dans les hautes-rotations (sa puissance maxi arrive à 6.000 tr/min), ce « petit nerveux » soigne également sa disponibilité. Le conducteur dispose de 330 Nm déjà dès 1.900 tr/min !

Pour les conducteurs moins exigeants, ou ceux qui préféreraient économiser 2.850€, Peugeot propose une 308 GTI dégonflée à 250 ch. Nettement moins radicale, cette variante doit par contre se passer de l’autobloquant mécanique de la variante 270 ch ainsi que de ses « gros freins ».

Radicale, mais pratique !

Dans les deux cas, les carrosseries à 5 portes et le large hayon permettent de conserver une voiture utilisable au quotidien. Même si on ne l’aurait peut-être pas imaginé à première vue, c’est la Civic Type R qui remporte la palme de la « praticité ». Son habitabilité est meilleure aux places arrière, même si son empattement est un peu plus court (2,62 m contre 2,59m) et son coffre est gigantesque. Le réservoir de carburant étant implanté, comme sur le reste de la famille Civic, sous les sièges, on dispose d’une trappe sous le plancher de coffre. Au total, on peut ranger jusqu’à près de 500l de marchandises (498l contre 420l pour la 308 GTI).

La 308 GTI se rattrape par son équipement très généreux. A bord, l’ambiance est même assez bourgeoise et cossue. On appréciera, notamment, les beaux sièges baquets (dont l’accès est moins acrobatique que ceux de la Type R) offrant… une fonction massage. Mamy 205 GTI doit se retourner dans sa tombe !

Dépouillée ou compliquée ?

A la philosophie « dépouillée » de la planche de bord de la 308, la Civic préfère une instrumentation ultra-complète digne d’un avion de chasse… Il y a des écrans et des boutons partout ! L’ergonomie est plus complexe à appréhender. Par contre, les amateurs du genre pourront jouir de bien plus d’informations. Inspiré de l’univers « Playstation », le système de télémétrie embarqué permet d’enregistrer notamment sa prouesse sur circuit (chrono par tour), son meilleur 0 à 100km/h ou son temps sur le 400m départ arrêté, etc.

L’ennemi, le poids…

Si elle se montre moins puissante que la Civic Type R et certaines autres concurrentes, la Peugeot 308 GTI n’en entend pas jouer les « lambinards » du segment pour autant. Son secret ? Trouver le bon équilibre entre puissance et poids à animer. Résultat : c’est elle qui offre un des meilleurs rapports poids/puissance du segment. Si l’on se base sur les poids affichés par les fiches techniques, il est de seulement 4,46 kg/ch contre 4,71kg/ch pour la nouvelle Honda Civic Type R de 310 ch…

Boîte magique

Diable : le 2.0l turbo de la Civic Type R pousse « velu » à tous les étages ! La commande de boîte manuelle à six rapports permet ensuite de jouer les chefs d’orchestre avec une précision diabolique. A côté du « gros cœur » de la Civic, le seize cents français n’a pas à rougir. Voilà un petit moteur incroyablement rageur. De souple et civilisé en conduite coulée, il devient hargneux et surtout affiche une allonge incroyable. Il pousse jusqu’à la zone rouge sans donner l’impression de se démonter. Par contre, la boîte manuelle à six rapports doit composer avec une commande nettement moins convaincante (débattements trop longs, notamment).

Autobloquant

Les deux boîtes manuelles intègrent un excellent différentiel autobloquant affichant un taux élevé de blocage. Résultat : en sortie de courbe, sous l’effet de la remise des gaz, les deux voitures repiquent vers la corde au lieu de, naturellement, s’en éloigner. Surprenant, au début, cette caractéristique permet de réaccélérer très tôt et de s’extirper à une vitesse supersonique des virages. Il faudra juste s’habituer à écraser l’accélérateur alors que l’on pense arriver déjà à la limite d’adhérence du train avant.

Sur circuits, ces deux engins affichent une efficacité redoutable pour des voitures de série. La Civic Type R se démarque dans ces conditions par son monde « R+ ». Une pression sur ce bouton permet de jouir d’un amortissement raffermi de 30% grâce à la suspension pilotée.

Amortissement progressif

En conduite active sur des petites routes typées « rallye », la française se souvient à l’occasion de la mobilité légendaire des trains arrière Peugeot. Elle accepte d’enrouler gentiment les courbes (nettement moins que feue 309 GTI, bien sûr !). Son amortissement se montre également plus à l’aise pour digérer des revêtements imparfaits et son train avant laisse moins remonter les effets de couple dans le volant.

La Civic Type R est entièrement construite autour de son train avant. C’est toujours lui qui commande et qui tire le train arrière se contentant de suivre. Sur des routes bosselées, les remontés de couple dans le volant deviennent plus marquées et imposent de bien serrer le « cerceau ». La Civic Type R devient alors plus brutale à conduire à la limite.

Conclusion

Les amateurs de discrétion apprécieront le style tout en nuance de la 308 GTI. Même si elle conserve un amortissement « passif », la française se montre également plus conciliante et confortable à l’usage. Si l’on recherche une sportive aussi utilisable au quotidien, la 308 GTI se pose en référence. Cela dit, cravacher le 2.0l V-TEC turbo de la Honda, avec sa commande de boîte manuelle d’une rare précision, assure un plaisir indescriptible. Quel engin ! On jouit quasiment de performances dignes d’une super-sportive bien plus onéreuse!