Et pour 2017, les évolutions se révèlent plus profondes que d'habitude, avec un nouveau moteur décliné en trois variantes: deux de 107 ci, le troisième de 114 ci, soit respectivement 1.746 et 1.868 cc. Baptisée Milwaukee Eight à cause de ses huit soupapes, cette neuvième génération de "big twins" est proposée avec un refroidissement mixte air-liquide dans les deux cylindrées, suivant la technologie "Twin-Cooled" apparue sur la génération précédente, ou avec des culasses refroidies par huile, comme sur le moteur équipant la Street Glide Special que nous avons essayée.
S'il reprend le sacro-saint principe du bicylindre en V à 45°, ce twin se différencie bien entendu des précédents par sa plus grosse cylindrée, mais aussi par ses culasses à quatre soupapes, un taux de compression plus élevé, des passages d'admission et d'échappement augmentés de 50%, et un allumage à double bougie. La distribution évolue, avec une conception des culbuteurs ne nécessitant plus aucun ajustement de soupapes sur la vie du moteur. A poids identique, le nouveau bloc offre de meilleures prestations, avec notamment un couple plus généreux de 11% et une consommation réduite.
La plus belle
La gestion de la température a fait l'objet de toutes les attentions, que ce soit pour le refroidissement des culasses ou pour l'échappement, avec le pot catalytique et le tuyau arrière repositionnés pour éloigner la chaleur dégagée. Les carters et le filtre à air sont amincis, la commande de l'embrayage est adoucie, les vibrations et les bruits mécaniques mieux filtrées. Bref, du Harley, mais en mieux!
La gamme Touring, dont la Street Glide fait partie, reçoit également de nouveaux composants de suspension, tant à l'avant qu'à l'arrière. La fourche Showa à double valve devrait apporter des prestations proches d'une fourche à cartouche, tandis que les amortisseurs arrières à émulsion offrent une précharge plus étendue, mais surtout plus facile à ajuster, avec un seul bouton de réglage.
Notre Street Glide, somptueuse dans sa livrée Laguna Orange, ne désarçonnera pas les bikers tatoués à la marque américaine! Pas de doute, la Street Glide reste sans doute une des plus belles Harley, avec son carénage "Batwing" et sa proue "bagger" effilée. La façon dont les Harley évoluent au fil du temps me fascinent. Elles semblent immuables, intemporelles, et pourtant si tout semble pareil années après années, tout change!
Tout pareil, tout différent
Au guidon, pas de pitié pour les petites mains! Le tube garde son diamètre d'un pouce, et les leviers ne sont toujours pas réglables. Mais quelle douceur et quelle précision dorénavant pour la commande d'embrayage, qui réclamait autrefois une solide poigne!. Pareil pour les valises, esthétiquement figées, mais à l'ouverture tellement plus aisée, facile et naturelle. Même réflexion pour leur dépose, qui s'effectue en un tournemain, sans l'aide d'outils…
Il en va ainsi pour le moteur: les agités du Bar & Shield, excusez-moi mais si le communiqué de presse s'extasie sur l'esthétique du nouveau bloc, citant un Brad Richards, directeur du stylisme chez HD, décidément très lyrique: " Les cache-culbuteurs ressemblent à une peau tendue sur des muscles, comme si les culbuteurs se préparaient à jaillir du moteur", j'avoue qu'hormis la forme du filtre à air, rien ne me paraît plus ressembler à un big twin qu'un autre big twin!
Nothing beats cubic inches
Par contre, au niveau du ressenti et de l'agrément, je puis vous confirmer que ça n'a plus rien à voir! Le moteur a subi une foultitude d'évolutions, qui vont du ralenti rabaissé à 850 trs/min en passant par des arbres à cames plus légers entraînés par une seule chaîne de distribution, avec pour résultat un fonctionnement plus silencieux et engendrant moins de frictions, ou un arbre d'équilibrage hérité du Twin Cam B, qui vient habilement compléter le montage sur silentblocs pour maîtriser les vibrations, maintenant tout simplement plaisantes!
Plus puissant, plus coupleux, plus onctueux, plus discret mécaniquement, ce moteur est une vraie réussite et participe incroyablement à l'agrément de conduite prodigué par la Street Glide, d'autant que les suspensions ont elles aussi progressé, et que le freinage couplé et secondé par un ABS bien calibré se montre très efficace, pour peu que l'on ait bien assimilé son mode d'emploi (usage immodéré de la commande au pied!).
With love
Tout n'est pas parfait, bien sûr, avec des débattements malgré tout relativement limités engendrant à l'occasion des réactions plutôt sèches, mais surtout une position de conduite perfectible. La selle, confortable au demeurant, n'empêche pas d'arrondir le dos, une position intenable au bout d'un moment. Dommage… L'éventuelle passagère ne supportera de parcourir que quelques kilomètres, et à la seule condition qu'elle soit déraisonnablement amoureuse de vous: elle subit en effet une véritable torture, mal assise sur un vicieux petit strapontin glissant et en pente douce vers l'arrière. Avec le couple de camion développé par la Street, rester agrippée à vos robustes épaules tient de l'exploit!
En usage égoïste et en composant avec la position de conduite perfectible, la Street Glide fait preuve d'un comportement efficace et plaisant. Son poids conséquent (un calvaire à l'arrêt!) se fait immédiatement oublier une fois la machine en mouvement, et la Street allie avec maestria agilité et rigueur. Le moteur déborde d'agrément, mais aussi de caractère: est-ce la médiocre qualité du pneumatique ou son couple camionnesque, toujours est-il qu'il m'a valu quelques impressionnants travers sous la pluie! Les automobilistes qui me suivaient doivent encore en parler! Allez, pour 2018, un antipatinage?!?