Sous le choc ! Nous sommes en 1966 et l’Europe est ébranlée par une petite puce enragée, à la taille de guêpe mais aux rugissements de lion ! Jamais on avait vu ça auparavant : une voiture de série capable d’encaisser près de 9.000 tr/min ! Au cœur des swinging sixties, la petite S800 s’en alla conquérir le cœur d’une jeunesse éberluée par cette remuante petite chose !
Le Japon ? Connais pas…
Dans les années 60, le marché européen était logiquement envahi de produits locaux : VW Coccinelle, Renault Dauphine, Citroën DS, MG Midget et autres Fiat 850… Les rutilants paquebots américains étaient réservés à une clientèle de nouveaux riches et les voitures japonaises n’avaient pas encore vraiment percé. Pourtant, Honda n’était pas un inconnu : ses motos écumaient les victoires en Grand Prix et les Formule 1 à moteur V12 connaissaient des débuts assez brillants. Mais lorsque ce dernier se décida à exporter sa petite S800, ce fût le choc !
Vive les hauts régimes !
Dérivée des S500 et S600, la S800 présenta un moteur plus costaud, mais tout aussi adepte des hauts régimes. Le style est resté globalement similaire mais la transmission par chaîne et les roues arrière indépendantes furent abandonnées. Techniquement, si le châssis était des plus classiques, avec un essieu arrière rigide et des freins à disques avant, le moteur était une véritable pièce d’orfèvrerie, radicalement opposée aux classiques moteurs tout en fonte et à arbre à cames latéral de la concurrence, alors principalement britannique.
Un festival technique !
Sans aucun doute, c’est le monde de la moto qui a inspiré les ingénieurs pour leur moteur : tout en alliage, avec un vilebrequin monté sur roulements à aiguilles et une culasse coiffée de deux arbres à cames, il s’alimenta via une jolie batteries de 4 carburateurs ! D’une cylindrée de 791 cm³, ce microscopique 4 cylindres en ligne développait la bagatelle de 70 chevaux à 8.500 tr/min, soit une puissance spécifique toute proche d’une Honda Civic Type-R actuelle !
Coupé ou cabriolet
Présentée au salon de Tokyo en 1965, la S800 fût introduite sur le marché européen en 1966 et poursuivi sa carrière jusqu’en 1970. Un entretien fastidieux, un prix vite revu à la hausse et un réseau de concessionnaires pour le moins restreint ont vite eu raison de son succès. Pourtant, de succès, il est bel et bien question, avec 11.523 exemplaires ! Il est vrai que les prestations de premier ordre et le prix bien calculé étaient de sérieux atouts !
Microscopique !
Tout d’abord, c’est le minuscule gabarit qui étonne : la S800 est comparable à une MG Midget… A se demander comment pareille petite chose a pu devenir un mythe ! La ligne est sportive, avec un style classique de ces années-là, mais au bossage de capot évocateur. Bref, avec des dimensions aussi réduites, on se dit que l’habitabilité doit être sérieusement restreinte… Et c’est le cas ! Conducteurs de plus de 1m70, apprenez à faire des concessions, conducteurs de plus de 1m80, renoncez ! Pourtant, l’habitacle est accueillant, avec ses petits cadrans cerclés de chrome et son compte-tours à la zone rouge comprise entre… 8.500 et 11.000 tr/min ! Pas de doute, vous n’êtes pas dans une Anglaise… Mais la finition n’était pas ce qu’elle est devenue aujourd’hui : le volant est en faux bois - vrai plastique, les fils électriques ne sont que vaguement masqués et les vibrations ne sont pas vraiment filtrées. Pourtant, l’équipement complet (pour l’époque) devait ravir les clients de l’époque !
Une sonorité enivrante !
La S800, c’est d’abord une sonorité, une mélopée envoûtante, qui passe du grave à l’aigu avec une férocité démentielle ! La rage du moteur est exprimée de la plus belle manière qui soit, au travers du double échappement. La petite Japonaise, à la cylindrée inférieure à 800 cm³, se permettait d’en remontrer aux 2 litres de l’époque ! Quelle vigueur ! Les 160 km/h n’étaient pas qu’une promesse et c’est dans un grondement prodigieux que cette vitesse est atteinte ! Pour faire varier cette partition, la boîte à 4 vitesses affiche des verrouillages parfaits et un étagement forcément court : pas loin de 6.000 tr/min à 120 ! Le châssis, lui, ne présente pas la même sophistication que le moteur : ça rue dans les brancards ! La suspension sèche permet de virevolter sur routes lisses, mais supporte difficilement les irrégularités. Quant au freinage, il est sérieusement daté…
Aujourd’hui
En dépit d’une sophistication extrême, la mécanique est plutôt solide si elle est bien entretenue ! Et c’est là la clé de la longévité : une conduite respectueuse, un entretien suivi avec des pièces de qualité et la petite S800 se révèle étonnement solide ! La cote est soutenue : comptez environ 12.000 € pour un coupé et 18.000 € pour un cabriolet. En état irréprochable, ce dernier peut prétendre à plus de 20.000 € !