Luxe et décadence…
La XFR, c’est le cottage anglais avec un baril de poudre sous le capot. La noble Lady qui prend le thé à 5 heures, mais qui enflamme le dancefloor dès la nuit tombée… Bref, un côté Jekyll et Hyde qui me plaît assez bien, même si je les préfère plutôt matures, sans toit et avec un demi-siècle dans les bielles !
Quant à notre photographe fétiche, peu sensible aux trémolos d’une vieille mécanique suintant l’huile et l’essence, elle voit l’arrivée de notre nouvelle monture avec un certain enthousiasme… Bref, tout s’annonce pour le mieux (pour une fois), d’autant que le soleil brille et que le road-book s’annonce prometteur !
Fichtre bleu !
Rejoindre Aiseaux-Presles, notre lieu de départ, n’est qu’une simple formalité ! La XFR est un vrai boudoir sur l’autoroute : régulateur de vitesse, sièges ventilés, climatisation… Voilà que notre équipage sombre dans l’oisiveté ! Histoire de remuer tout ça, de temps à autres, j’allume la mèche, histoire de dépasser quelques limaces égarées sur la route… Et là, boum ! Un grondement contenu mais puissant assène le coup de grâce aux âmes égarées sur notre chemin, le V8 compressé rue dans les brancards et la XFR bondit furieusement vers l’horizon ! D’ailleurs, signe qui ne trompe pas, on a l’impression que c’est le paysage qui saute à la figure !
Point de départ…
Aiseaux-Presles, c’est une charmante petite bourgade, fleurie, entretenue et lovée dans un écrin de verdure… Quelques photos souvenirs, on programme le GPS (décadence…) et en route ! Direction : Mettet ! Si la tentation est grande de titiller la horde sauvage abritée sous le capot, le temps est plutôt à la flânerie, avec des collines colorées de pissenlits, des vaches paressant au soleil et… une photographe dont les gazouillis de l’estomac sont un appel à l’apéro !
De Mettet à Dinant
De Graux à Mettet, la route ondule joyeusement et nous fait traverser quelques petits villages au charme intact, aux maisons de pierres de pays et à l’ambiance calme et repue… Le temps de bifurquer vers Maredsous, et la vallée de la Molignée se présente à nous. Un fabuleux ruban, probablement l’un des plus beaux de Belgique, serpentant entre rochés, châteaux et cours d’eau…
Un petit bonheur qui s’accompagne également de caravanes aussi mobiles qu’un Mexicain à l’heure de la sieste, de cyclistes ruisselants, de motards à l’affût de virages et de promeneurs inconscients de la furie qui les entoure… Bref, tailler son chemin au milieu de cette horde n’est pas forcément de tout repos et demande un zeste de prudence ! Pas question donc de lâcher la bride aux 500 chevaux… Sachez choisir vos heures de passage !
L’appétit vient en mangeant !
Un petit lapin à la Moli’Bière plus tard, et nous revoilà sur la route ! Cette fois, on longera la Meuse depuis Anhée pour redescendre jusque Givet, en passant par Dinant. Mais avant tout, un petit appoint en Super Glouglou pour miss XFR, dont l’appétit croît de manière exponentielle avec l’enthousiasme du pied droit. Et d’enthousiasme, il en est question devant ces belles courbes dégagées et parfaitement dessinées ! Mode dynamique enclenché, le félin se rue de virage en virage avec une aisance digne d’une voiture de sport : rigide, parfaitement amortie et à la direction précise, la Jag’ encaisse les bourrades de son moteur avec tact et une insolence aisance !
La Meuse et ses doux reflets…
A ne surtout pas manquer, ce tronçon de route longeant la Meuse est une petite merveille, on va de surprise en surprise et de château en villa style Art-Nouveau. Un coin dont le pittoresque est encore relevé lorsque, avec une prudence de Sioux, je dépasse quelques cyclistes hirsutes lézardant au milieu de la route et qui nous gratifient d’un puissant et vindicatif « Va donc, hé, con*** », le tout, juste devant le panneau « Bienvenue en France »…
Pas de quoi démoraliser l’équipage, mon capitaine, d’autant que Givet nous offre le fort de Charlemont, une place forte offrant un point de vue exceptionnel sur la région. On décide d’ailleurs d’offrir un bonus à nos lecteurs, en continuant la route (D8051) en direction de Fumay, ce qui nous vaut de découvrir un extraordinaire village médiéval, où seuls quelques parasols égarés viennent nous rappeler le siècle actuel…