Style

On a beau tourner autour de ce coupé, il est difficile de lui reprocher quoique ce soit. Fine et fluide, la XK est superbe et semble être la digne descendante de son illustre aïeule, la Type E. Les ailes arrière laissent transparaître une musculature peu commune alors que l’avant se fait plus fin et épuré. Seuls les phares avant manquent de classe, semblant provenir d’un coupé coréen. Mais ne chipotons pas, telle quelle, la XK fait honneur à la marque. Mais une telle ligne impose quelques concessions, comme une visibilité de trois/quart arrière réduite et une habitabilité arrière étriquée.

Moteur

Après les deux V8 4.2 l de 298 et 420 chevaux, c’est donc un petit 3.5 l qui fait son apparition. Comportant toujours 8 cylindres, il développe 258 chevaux à 6.250 tr/min et un couple de 334 Nm à 4.200 tr/min. Très franchement, ces valeurs ne sortent vraiment pas de l’ordinaire et trahissent la conception déjà âgée de cette mécanique. Accouplée à ce moteur, on y retrouve une boîte automatique à 6 vitesses à deux modes (normal ou sport) et proposant des passages séquentiels via les palettes situées derrière le volant. Cerise sur le gâteau : les rétrogradages sont alors ponctués d’un coup de gaz, ce qui ravit les oreilles !

Car si cette mécanique est déjà connue des berlines XJ, elle possède ici une admission et un échappement spécifiques, celui-ci expirant des notes graves et rugissant franchement sous forte charge. Un véritable festival ! Mais les sensations auditives ne se retrouvent pas vraiment dans le bas du dos. En cause : une masse élevée (1.720 kg), un certain manque de couple dans les faibles rotations et, surtout, une boîte trop longue ! Si le compresseur de la version « R » parvient à gommer cette caractéristique grâce à l’apport d’un couple abondant dès les bas régimes, le petit V8 manque ici de souffle ! Résultat : à la moindre pression sur la pédale de droite, la boîte rétrograde immédiatement pour relancer la machinerie. Quant au mode sport, très réactif, il devance la conduite sportive mais se révèle peu agréable en milieu urbain. Mais ne boudons pas notre plaisir, ce petit V8 parvient à séduire grâce à son onctuosité, sa volonté à monter dans les tours et sa sonorité délicieuse.

Niveau consommation, c’est une petite déception. Notre moyenne de 12,8 l, réalisée avec un pied assez léger, est vraiment quelconque. A titre de comparaison, notons que le moteur de 3.5 l essence de chez Mercedes (qui ne compte que six cylindres mais délivrent 272 chevaux), consommait près de deux litres de moins, sur la SLK essayée il y a peu ! De toute manière, il semble illusoire de vouloir descendre sous les 10 litres, alors qu’un pied droit assez lourd ou une expédition urbaine fera passer la moyenne à plus de 15 litres.

Tenue de route

Prévue pour affronter les assauts du V8 « supercharged » de 420 chevaux, le châssis n’a naturellement aucun mal à encaisser la puissance de ce « petit » V8. Très équilibrée, la XK se manie du bout des doigts et reste d’une stabilité irréprochable en toute circonstance. Les freins, eux aussi, répondent facilement, puissamment et progressivement. Mais en tant que GT, on peut lui reprocher une trop grande légèreté des commandes, que ce soit de l’accélérateur ou de la direction.

S’agissant d’une Jaguar, le compromis de suspension se devait d’allier dynamisme et confort. Et c’est une réussite ! Cette XK est véritablement une superbe avaleuse de bitume, absorbant avec beaucoup de tact les ornières et autres déformations, et permettant une conduite dynamique sans pompages ni autres désagréments.

Confort

Ce compromis de suspension idéal permet évidemment un excellent confort de roulage. Celui-ci, associé à des sièges d’excellente facture, autorise de longs voyages en toute quiétude. Mais ces voyages ne se feront qu’à deux : en effet, l’habitabilité arrière est des plus réduites, et ne conviendra qu’à de jeunes enfants sur de courts trajets… Le coffre montre également ses limites, avec un volume de 350 litres.

L’ergonomie est excellente, avec notamment un GPS servi sur un écran tactile extrêmement intuitif. La position de conduite est elle aussi, bien pensée, même si elle aurait sans doute gagné à être plus basse. L’insonorisation est naturellement très réussie, laissant juste percevoir les vocalises rageuses du V8 qui mugit sous le capot.

Tarifs et équipement

Cette nouvelle motorisation devrait, selon Jaguar, permettre à une bien plus large part de la population d’accéder au mythe. Et de fait, face à la version 4.2 l de près de 300 chevaux, ce sont près de 10.000 € qui sont économisés ! Certes, cela fait toujours 75.600 € en version coupé et 84.000 € en cabriolet, ce qui ne rend pas le mythe franchement accessible… Au moins, l’équipement de série est-il complet, avec notamment des phares bi-xénon de série, une aide au stationnement, le GPS, la climatisation bizone, la téléphonie bluetooth, la sellerie cuir,… Toutefois, face aux références germaniques, l’équipement montre quelques lacunes et les derniers gadge�ts à la mode ne sont pas disponibles ici. En effet, nulle trace des sièges massant, du soutien latéral actif, de l’avertissement de franchissement de ligne,… Le régulateur de vitesse actif avec radar de distance est néanmoins présent sur la liste d’option.

Rayon concurrence, on retrouve la BMW 630i, forte du réputé 6 cylindres en ligne de 272 ch pour 68.800 €. Chez Mercedes, le coupé CL n’est pas disponible à moins de 388 chevaux (et 117.007 €) et la SL, la version coupé-cabriolet deux places, propose son V6 de 272 chevaux pour 86.878 €.

Conclusion

Certes, cette Jaguar XK n’est pas aussi sophistiquée ou performante que ses rivales teutonnes, mais elle présente un charme indéniable, une ligne superbe et le tout est saupoudré d’une classe tout britannique. Une GT qui ne s’apprécie pas pour ses nombreux gadgets, mais qui nous fait tomber sous le charme au bout de bien des kilomètres. Voir les reflets des platanes longeant la route apparaître sur son long capot musclé, écouter son moteur rugir de sa voix caverneuse ou encore profiter de son ambiance inimitable, voilà ce que propose cette XK. Et ce petit moteur, s’il ne parvient pas à suivre le rythme des rivales germaniques, parvient à séduire de par son onctuosité et sa sonorité enivrante.