Depuis 2010, les ventes annuelles Jeep sur le marché EMEA sont passées de 25.000 à 131.000, avec une gamme qui, il est vrai, s’est fortement diversifiée pour couvrir un maximum de segments dans un marché SUV lui-même en complète explosion, passant pour la même période de 2,5 à 6,1 millions d’unités ! Jeep va donc surfer sur cette vague en élargissant encore son offre qui passera de cinq à huit modèles, tous nouveaux ou renouvelés à l’horizon 2022, et en abandonnant progressivement les motorisations diesel (d’ici à 2022 dans la zone EMEA) pour privilégier l’essence, l’hybride et l’électrique. 

La Renegade, bâtie sur la même plateforme que la Fiat 500X, politique de groupe oblige, fait bien sûr l’objet de toutes les attentions. Commercialisée depuis l’été 2014, vendue déjà à plus de 800.000 exemplaires de par le monde, elle a connu sa première refonte fin 2017, axée principalement sur la connectivité avec l’Apple CarPlay et l’Android Auto et quelques éléments de fonctionnalité dont certains éléments intérieurs redessinés. Ces évolutions se retrouvent dans le millésime 2019 qui est apparu en ce mois de juin, millésime qui évolue cette fois-ci profondément, et principalement du côté mécanique, avec de toutes nouvelles motorisations. 

Style affirmé

Bien sûr, le design n’est pas oublié, avec une nouvelle signature LEDs des phares et des feux arrières qui reprennent le motif en « X » caractéristique du Wrangler, de nouvelles jantes allant de 16 à 19’’, des boucliers retouchés. La Renegade a bien sûr préservé l’essentiel, à savoir un style affirmé ne ressemblant à aucun autre, une certaine compacité qui n’empêche pas un grand volume intérieur pour les passagers mais aussi, en fonction du modèle et de l’équipement choisi, de réelles capacités en tout-terrain. Les équipements de sécurité ne sont pas oubliés non plus, tels l’alerte de franchissement de ligne, le système de limitation de vitesse intelligent couplé à la reconnaissance des panneaux de signalisation, l’aide au stationnement parallèle et perpendiculaire, mais aussi, de série ou en option suivant les finitions, l’alerte de collision frontale, le freinage d’urgence actif, le régulateur de vitesse adaptatif, la surveillance des angles morts et la détection de mouvements à l’arrière.

Trois cylindres, un litre

Mais revenons à l’évolution la plus marquante, l’arrivée d’une toute nouvelle famille de moteurs, basée sur une structure modulaire, et disponible en deux configurations : une version 1 L trois cylindres de 120ch avec un couple de 190 Nm, associée à une boîte de vitesses manuelle à six rapports, ainsi que deux versions 1,3 L quatre cylindres : l’une de 150 ch associée à une boîte de vitesse DDCT à double embrayage, l’autre de 180 ch associée alors à une boîte de vitesses automatique à neuf rapports avec convertisseur de couple. Le couple maximal des deux moteurs 1,3 litre est de 270 Nm. Le bloc trois cylindres ne sera disponible qu’en traction avant, comme le quatre cylindres de 150ch. Seul le 180ch aura droit aux quatre roues motrices.

Ces moteurs en aluminium partagent donc un maximum de pièces et font appel à l’injection directe d’essence, à la suralimentation et à la troisième génération du MultiAir, à savoir la levée et la fermeture variable des soupapes, améliorant le remplissage et l’évacuation. Le gain en consommation devrait avoisiner les 20%, d’après Jeep. Autre argument en faveur de ces nouveaux blocs, le poids, limité à 93kg pour le trois cylindres. Équipées de filtres à particules, ces nouvelles motorisations répondent bien entendu aux normes les plus exigeantes, à savoir Euro6/D. Côté diesel, Jeep propose deux quatre cylindres : le 1.6 L Multijet de 120ch, traction avant, boîte manuelle ou DDCT à double embrayage, et le 2.0 l Multijet, quatre roues motrices, en 140 (boîte 6 ou automatique à neuf rapports) ou 170ch, boîte automatique uniquement.

Pré-série

C’est au volant du quatre cylindres essence 1.3 L de 150ch que nous découvrons ces nouvelles motorisations, appelées à apparaître dans les mois qui viennent sous d’autres capots du groupe FCA. Nous avons droit à des modèles de présérie avec immatriculations provisoires, les versions finales ne devant pas apparaître en concessions avant le mois de septembre. La Renegade a préservé son style reconnaissable entre mille, et les discrètes évolutions stylistiques de la calandre, des feux et des boucliers ne font que renforcer son attrait, d’autant que le petit SUV italo-américain est disponible dans des palettes de couleurs n’engendrant guère la mélancolie, même si l’habitacle rentre un peu dans le rang. 

Avec la monte en jantes de 19’’ et des pneus en profil 45 de notre Renegade, le comportement se veut assez précis, une précision qui n’entame pourtant pas trop le confort. C’est une bonne nouvelle, hormis pour les bruits de roulement, forcément plus présents. Le nouveau moteur se montre sympathique et volontaire, et sa disponibilité dès les plus bas régimes gomme l’effet turbo. La boîte à double embrayage ne figure pas parmi les plus réactives du marché, mais est-ce vraiment important sur ce type de véhicule ? Tout au plus regrette-t-on l’absence de palettes au volant pour forcer à l’occasion le passage d’un rapport. Le calibrage de l’injection nous a encore paru perfectible sur le modèle essayé, un défaut de celui-ci, ou une mise au point pas encore entièrement figée ? 

Révélation

C’est au tour du 1.0 L maintenant de se laisser découvrir. Et la découverte est plaisante, ma foi ! À peine moins puissante, notre « petite » Renegade compense par un poids solidement revu à la baisse, et principalement sur le train avant, ce qui la rend vraiment plus joueuse et attachante à conduire. Le bruit caractéristique des trois cylindres est relativement maîtrisé, plus discret que chez d’autres constructeurs, et les performances peuvent être qualifiées de suffisantes, l’agrément de son comportement compensant largement une cavalerie plus modeste que celle du quatre cylindres. Pour ceux qui envisagent l’essence, un très bon choix, qui fait bien vite oublier la lourdeur et le bruit d’un « mazout » ! Le « mazout », nous avons pu l’essayer en version haut de gamme Trailhawk avec le 2.0 L de 190ch sur la piste off-road du centre d’essai FCA à Balocco, de quoi mesurer les prétentions d’une vraie Jeep dans son élément ! Ça ne rigole plus ici, avec le choix entre les modes « Auto, Snow, Sand, Mud et Rock », le 4WD Low, le 4WD Lock et le Hill Descent Control : de quoi quasiment grimper aux arbres, ou en redescendre. L’ADN de la marque parle ici, et le Renegade cloue sur place la concurrence, bien incapable d’en proposer autant… Ouf ! C’est vraiment une Jeep, et c’est sans doute cela qui participe en grande partie à son succès !