Et il faut admettre qu'ils ont plutôt bien travaillé, abattant la même tâche que le Grand Schtroumpf quand il a "recarrossé" la schtroumpfette de Gargamel! Le renouveau esthétique saute aux yeux, mais Kawasaki a encore revu sa copie sur bien des points.
Plus proche visuellement des autres modèles de la marque, la Versys s'inspire librement de la Z1000SX dont elle dérive. Avec un peu de retard face à cette dernière, elle hérite d'une nouvelle boucle arrière qui soigne l'intégration de la bagagerie. Finis, les supports "after-market"! Les valises, beaucoup mieux intégrées et proches de la moto, s'enlèvent en un tournemain, dévoilant une poupe affinée intégrant les fixations.
Les valises de 28 litres accueillent sans sourciller un intégral, tandis que le top case, dont la contenance est portée à 47 litres, peut en abriter deux. Système de clé unique pour le contact et la bagagerie, bien sûr! Le nouveau nez a permis d'augmenter l'amplitude de réglage de la bulle, qui passe de 30 à 75 mm, sans outils.
Nouvelle robe, mais pas que…
Plus discrètes, de nombreuses évolutions se cachent encore sous la robe redessinée du gros trail Kawasaki, comme l'ajout d'une béquille centrale, d'un embrayage anti dribble, de supports moteur sur silentblocs. Le châssis progresse aussi, avec une loi d'amortissement revue (ressort d'amortisseur plus dur, amortissement en compression plus souple, fourche plus rigide), des disques de freins un poil plus grands et des plaquettes au mordant plus franc, un bloc ABS de dernière génération.
L'ergonomie évolue aussi, avec une position de conduite discrètement retouchée. La selle culmine dorénavant à 840 mm du sol (5 mm plus bas qu'auparavant), le guidon conique est moins cintré mais surélevé de 20 mm, le levier d'embrayage devient aussi réglable, et le contacteur s'approche du pilote.
Quatre cylindres
Le moteur non plus n'échappe pas à quelques évolutions. Soutenu, on l'a vu, par des silentblocs à l'avant, il hérite de nouveaux injecteurs à 12 orifices (8 auparavant), de nouveaux conduits d'admission. Le calage de l'allumage, le filtre à air et l'échappement sont revus en conséquence.
Grâce au nouveau dessin de la carrosserie et donc le meilleur refroidissement de la mécanique, le radiateur d'huile refroidi par eau a pu être abandonné, et l'alternateur fournit plus d'intensité pour répondre à la consommation des divers accessoires disponibles (phares antibrouillard à LED, poignées chauffantes, prise pour accessoires, indication du rapport engagé…).
Plutôt atypique dans le monde des trails, la Versys se distingue par sa motorisation quatre cylindres en ligne, une exclusivité qu'elle partage dorénavant avec la nouvelle BMW S1000XR, à la puissance toutefois bien plus généreuse: 160 ch, contre 120 pour la Kawasaki.
Ce quatre cylindres fait bien entendu toute la différence! Aucun trail ne délivre une telle onctuosité, propre à cette motorisation, aucun n'offre une telle plage de régime exploitable.
Force tranquille
Car le gros quatre pattes fait patte de velours dès le ralenti, et monte à l'assaut du compte-tours jusqu'à la zone rouge, à 10.000 trs/min, dans une poussée continue, vigoureuse mais sans violence.
Et c'est ce qui rend la Versys si attachante: cette force tranquille, toujours suffisante, mais surtout apaisante. Il n'est pas nécessaire de jouer tout le temps de la boîte, et la Kawasaki laisse au pilote tout le loisir de goûter aux paysages qu'il traverse. La sérénité reste de mise, même lorsque les conditions climatiques se dégradent, avec cette facilité à enrouler sur un filet de gaz.
Le confort, excellent, permet d'envisager les plus longues étapes, seul ou en duo, avec un confort de marche, un comportement routier et un freinage irréprochables. Seules les plus petites routes menées tambour battant révéleront un gabarit et un poids qu'il ne faut pas sous-estimer. Peu de choses en regard des aptitudes au voyage de cette machine à laquelle il sera dorénavant difficile de reprocher grand-chose.