Je vais probablement me faire haïr par les aficionados, voire lapider par une bande de fanatiques, mais de vous à moi, je n’aime pas les nouvelles Ferrari. Et ce, depuis hier soir ! Alors que je roulais tranquillement sur l’autoroute, je me suis fait littéralement déposer par un convoi de Ferrari britanniques en furie. Parmi celles-ci, la nouvelle F12, des 458 et autres, ainsi qu’une Daytona du début des années 70 !
Si vous avez des envies de meurtre, pitié, sachez que ceci n’engage que votre serviteur, car comme tout le monde le sait, les goûts et les couleurs…
Papier chiffonné vs galet de plage
S’encadrant dans mon rétro, une F12 Berlinetta rouge annonce la couleur ! Plainte suraiguë aidant, je rapplique vite fait sur la bande de droite et jette quelques coups d’œil sur la chose : des traits complexes, des courbes qui deviennent des droites, des prises d’air à tire-larigot, des guirlandes de Noël dans les phares… Autant elle me plaisait sur le tapis des salons et en photo, autant là, en mouvement, j’ai du mal à me laisser séduire. Et j’éprouve le même sentiment face à la 458 Italia. Seule la FF, avec son style original de break de chasse, réussit à m’allumer…
Puis, un grondement rauque, avec un accent plus mécanique, voire plus noble se signale : petit coup d’œil et j’aperçois une forme fuselée, reconnaissable entre mille, la mythique Daytona ! Ici, aucun enchevêtrement de lignes alambiquées : un seul trait a guidé la main du dessinateur depuis le capot avant jusqu’à la poupe. Un trait de génie, débarrassé de toute fioriture et autres effets de style. Pourtant, la force du dessin est impressionnante : on y voit un galet de plage fuselé, voire un missile sculpté par le vent. Sublime et indémodable.
A les scruter toutes les deux, je me dis que lorsque la première sera démodée, la deuxième restera toujours une icône… Et demandez à un enfant de dessiner de mémoire les traits principaux de chacune d’elle et vous serez surpris du résultat. Ce sont les formes les plus simples qui restent en mémoire…
Faut-il forcément faire compliqué…
… Pour impressionner le quidam ? Il est vrai que les lois de sécurité, d’aérodynamisme, de protection des piétons et autres finissent par diriger la main du designer. Malgré tout, je ne peux m’empêcher de penser que Ferrari a perdu une certaine pureté de son style, voire de son âme ?
Et les autres ?
Ce qui m’amène aux rivales de la Ferrari. La nouvelle Lamborghini Aventador ? Une Murciélago avec des traits plus vigoureux, des angles nets et une carrure de méchante. Pas de quoi nous faire oublier le dessin de génie de la Miura, d’une simplicité désarmante, mais envoûtante. L’une est impressionnante, l’autre est tout simplement magnifique.
La nouvelle McLaren MP4/12C ? Un dessin aussi fade qu’une journée d’observation pour un stagiaire comptable ! Ce qui impressionne, sur la supercar anglaise, ce sont les dimensions. L’ultime arme de « séduction » des sportives modernes ?
Seul Porsche, finalement, a réussi à conserver la pureté du dessin originel, quoique dans une variante nettement plus bodybuildée !
Quant à Aston Martin, si les nouvelles venues, Vanquish en tête, n’ont certes pas l’élégance un brin guindée de la DB5, elles n’en conservent pas moins un certain caractère. Mais le papier calque a trop longtemps servi…
Et vous ?
Seriez-vous sous le charme de ces nouvelles sportives ou pensez-vous, comme moi, que le style a perdu en pureté pour gagner en agressivité ?