Solides ambitions donc qui s'appuie sur trois piliers clés: design affûté, qualités dynamiques, équipements de nouvelle génération. Ça, c'est le discours marketing. Est-il fondé, ou ce brave responsable de la communication qui nous tient la grappe depuis plus d'une heure en nous retraçant les grandes heures de la marque sans lesquelles l'Eclipse Cross ne serait pas ce qu'il est, tente-t-il de nous bourrer le mou?

Ce nouveau produit ne l'est pas complètement puisqu'il reprend grosso modo la plateforme de l'Outlander. Le moteur par contre est né d'une page blanche. Il s'agit d'un quatre cylindres de 1.5 L turbocompressé, à calage des soupapes variable. Il développe 163ch, pour un couple de 250Nm de 1.800 à 4.500tr/min. Avec la transmission intégrale qui équipait notre voiture d'essai, il se voit d'office accolé à une boîte automatique de type CVT (à variation continue).

CVT

Les asiatiques semblent friands de ce mode de transmission, les européens beaucoup moins. Ce choix est justifié par un encombrement plus réduit et un gain de poids de 10kg face à une "vraie" boîte auto. La version à deux roues motrices dispose exclusivement d'une boîte mécanique à six rapports. Pour le courant de l'année 2018 se profile une version diesel de 2.2 L, un moteur existant mais remanié. Il sera lui accolé à une véritable boîte automatique à huit rapports d'origine Aisin.

Des dessous éprouvés, une nouvelle motorisation, mais aussi – mais surtout! – de nouvelles lignes qui annoncent le langage stylistique à venir de la marque. Chacun jugera en fonction de ses goûts et de sa sensibilité, mais notre responsable de la communication admet toutefois que le design de la poupe puisse être jugé clivant. C'est peu dire… Reconnaissons que ce genre de design ne repose guère la rétine et que la visibilité vers l'arrière ne constitue pas un atout majeur.

Le design intérieur, en progrès pour la marque, pêche toutefois par une certaine austérité, juste rehaussée d'éclats métalliques au fini trop "plastique". L'accueil à bord séduit malgré tout: l'habitabilité arrière, généreuse, profite d'une banquette coulissante et inclinable, tandis que la position de conduite n'appelle aucun reproche.

Trois niveaux

Pour la Belgique, trois niveaux de finition sont retenus: Invite, Intense et Instyle. La finition Invite se montre déjà largement pourvue, avec l'air conditionné automatique, le Mitsubishi Connect (Smartphone Display Audio), la radio DAB, les ports USB, la caméra de recul, le régulateur de vitesse, le Bluetooth, le système d'avertissement de collision actif, l'avertisseur de changement de voie, ou encore le contrôle de pression des pneus. L'Intense y rajoute des jantes de 18" au lieu de 16", l'affichage tête haute, l'accès main libre, les capteurs de stationnement, le frein à main électrique.

L'Instyle se distingue encore par ses projecteurs LEDs, son pare-brise chauffant, son volant et ses sièges en cuir chauffants (avant et arrière), le réglage électrique du siège conducteur, le toit ouvrant panoramique, la caméra à 360°, le système de navigation intégrée qui remplace le Mitsubishi Connect, l'avertisseur d'angle mort, le régulateur de vitesse actif. Tout ça a un prix, et si le deux roues motrices à boîte mécanique "Invite" est à 26.490€, il faudra débourser 37.490 pour notre voiture d'essai, l'Instyle à transmission intégrale et boîte CVT.

En douceur

Les premières impressions au volant nous laissent perplexes. En usage placide et urbain, voire sur autoroute, la boîte CVT remplit agréablement son office, singeant même une vraie boîte auto par 8 rapports établis virtuellement dans la variation continue, de quoi faire illusion jusqu'aux routes plus accidentées et sinueuses, où elle ne peut s'empêcher de retomber dans ses travers en "cirant" plus que nécessaire, laissant le moteur s'égosiller dans les tours sans résultat concret. Nous aurions été curieux de découvrir ce moteur avec la boîte manuelle, il serait sans doute apparu sous un meilleur jour: il semble en effet de bonne volonté, mais étouffé par la transmission. Bref, la boîte CVT peine toujours à nous convaincre.

Le comportement routier est hélas à l'image de celui de la boîte: en usage paisible, tout se passe bien, mais dès que nous augmentons le rythme, le guidage se fait moins précis, la prise de roulis importante et le sous-virage bien présent. Un comportement pataud, bien moins efficace et amusant que celui procuré pas d'autres concurrents, et ils sont nombreux. Cette relative indolence de comportement préserve malgré tout un certain confort, hormis des réactions sèches de la suspension à basse vitesse.

Le poids de l'Europe

Le freinage heureusement se révèle puissant et agréable, avec un bon mordant à la pédale: un des points forts de l'Eclipse Cross, alors que la direction, peu communicative et fort démultipliée, ne se démarque guère. Nul doute que nombreux seront ceux qui se satisferont des prestations de l'Eclipse Cross, tant il est vrai qu'il suffit parfaitement à la tâche dans un usage "pépère", mais il aura du mal à approcher l'agrément de conduite offert par exemple par un Peugeot 3008. La concurrence est rude, et l'Eclipse Cross, malgré sa bonne volonté, n'apporte pas grand-chose de plus.

Quand le discours marketing nous parle d'ambitions globales, je me dis que la vieille Europe ne pèse plus que modérément. L'Eclipse Cross nous est présenté avec des moteurs fiscalement inadaptés, une boîte CVT plus prisée en Asie que chez nous, une esthétique particulière et éloignée des canons européens, un comportement routier moins tranchant que celui auquel nous sommes habitués… Une force, ou une faiblesse? Les chiffres de vente en Europe (et sur le reste de la planète!) nous l'apprendront bien vite.