François Piette

28 AVR 2017

Modèle oublié : Salmson 2300S, le chant du cygne

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les constructeurs français de prestige sont au plus mal. Ils tentent de faire du neuf avec du vieux, parfois avec talent, mais sans jamais vraiment convaincre.

Salmson fait partie de ces innombrables constructeurs français délaissés par le gouvernement de l’immédiat d’après-guerre. En effet, ce dernier voulait remettre les classes populaires sur roues. Renault, Simca, Panhard, Peugeot et Citroën profitèrent d’aides techniques et financières, mais les autres furent délaissés.

En 1950, Salmson présente la Randonnée. Une voiture reprenant des dessous hérités des modèles de l’avant-guerre, mais affichant une robe plus moderne. Le moteur est lui aussi repris des années 30. Toutefois, ce dernier reste dans le coup : si le bas moteur semble vieillot, il se coiffe d’une très belle culasse à double arbre à cames en tête, un raffinement très rare pour l’époque.

Un flop qui en appelle un autre ?

Revenons à la Randonnée : beaucoup trop chère, cette berline se vend mal. Très mal. Trop chère à produire, elle est donc abandonnée dès 1953. A cette même période, la direction s’engage dans une nouvelle voie : celle des voitures de sport de format moyen. Un segment relativement inexploité aux yeux des dirigeants. C’est ainsi que naît la 2300 S.

Présentation

La voiture présente une très belle ligne. Certes, le pavillon semble artificiellement « gonflé » pour ménager de la place aux occupants mais l’ensemble ne manque pas d’allure avec notamment, une calandre inversée et des feux arrière incrustés dans les ailes arrière. Techniquement, la 2300 S reprend des éléments connus : le moteur à 4 cylindres en ligne à double arbre à cames en tête développe 110 chevaux. Une belle puissance pour une cylindrée de 2,3 litres !

Un levier de vitesse électromagnétique !

La transmission est plus originale : si les roues arrière sont classiquement motrices, elles reçoivent la puissance par l’intermédiaire d’une boîte « Cotal » à 4 rapports. Cette boîte à commande électromagnétique permettait des changements éclairs sans devoir débrayer. Une technique héritée de l’avant-guerre, une période où les boîtes de vitesses étaient réputées particulièrement récalcitrantes !

Des efforts insuffisants

Dès sa sortie, la voiture profite des éloges de la presse : elle est belle, tient très bien la route et son moteur offre de jolies performances. Du côté des défauts, outre le manque d’insonorisation mécanique et l’habitacle étriqué, c’est surtout le prix, une fois de plus, qui rebutera les acheteurs. Dommage, car la voiture avait un vrai potentiel. En 1957, Salmson arrête les frais et dépose le bilan. Une marque de plus disparaît alors du paysage…

Aujourd’hui

Trouver une 2300 S à vendre n’est pas une mince affaire. Mais ce n’est pas une opération impossible non plus : avec un peu de patience et un bon réseau de connections en France, vous devriez tomber sur l’un des 236 exemplaires produits. Une poignée de cabriolets furent également produits. La valeur de cette voiture est relativement basse, si l’on prend sa rareté et ses qualités routières en considération : environ 40.000 € pour une voiture en bel état. Bien entendu, les pièces sont très difficiles à dénicher et le moindre élément spécifique devra être refabriqué… Ce qui a un coût non négligeable.

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