Les effets de la pénurie de puces électroniques, qui a contraint la majorité des constructeurs automobiles à revoir leurs objectifs de production au cours des deux dernières années, commencent enfin à s’atténuer. Par contre, cette crise a généré de nouveaux coûts pour une industrie qui, jusqu’à il y a peu, avait tendance à compter un peu trop sur les fabricants de puces.
Concrètement, cette crise inédite dans l’histoire de l’automobile a fait prendre conscience aux constructeurs qu’ils devaient eux aussi s’impliquer dans la production de ces composants devenus indispensables aujourd’hui. Plus aucune voiture contemporaine ne peut en effet se passer desdites puces !
Du coup, des groupes comme Renault, General Motors, Mercedes-Benz et Stellantis ont récemment annoncé qu’ils allaient travailler main dans la main avec les fabricants de puces dans le but de concevoir des composants spécifiques alors que précédemment, les constructeurs se contentaient de remettre un cahier de charge à des entreprises considérées comme de simples sous-traitants. Un changement d’attitude qui, forcément, représente un nouveau coût pour l’industrie automobile, notamment en termes de recherche et développement. En revanche, ces nouvelles collaborations devraient déboucher sur un approvisionnement plus pérenne et, par conséquent, des délais de production enfin plus raisonnables.
Les fabricants de puces applaudissent
Pour l’industrie des composants électroniques, concentrée principalement en Asie, ces nouveaux partenariats sont accueillis les bras ouverts. Il faut dire que de nombreux patrons de ce secteur de pointe accusent les constructeurs automobiles de ne pas comprendre le fonctionnement de la chaîne d’approvisionnement en puces et, surtout, de ne pas vouloir partager les coûts et les risques qui ont débouché sur la crise que l’on vient de traverser. De son côté, l’industrie automobile dit comprendre qu’elle ne peut plus laisser aux seuls fabricants de puces le risque de construire des usines de puces valant souvent plusieurs milliards de dollars.
« Nous avons compris »
Selon le cabinet Gartner, d’ici 2026, le contenu moyen en semi-conducteurs par véhicule dépassera les 1.000 dollars, soit un doublement par rapport à 2020. Le Taycan de Porsche par exemple, qui embarque déjà quelque 8.000 puces, devrait en compter deux à trois fois plus sur la prochaine génération ! Et Berthold Hellenthal, de groupe Volkswagen, de déclarer à l’agence Reuters : « Nous avons compris que nous faisons partie de l’industrie des semi-conducteurs. Nous avons désormais des équipes qui se consacrent uniquement à la gestion stratégiques de ceux-ci ». Une tendance qui devrait s’imposer également auprès des autres constructeurs.