Francorchamps au réveil

Le rendez-vous était donné à 8 heures sur le circuit de Francorchamps. Autant vous dire que votre serviteur, aussi matinal qu’un Mexicain en vacances, était à mi-chemin entre le doux monde des Bisounours et celui de Bambi. Et en cette veille des 6 heures de Spa, les Ford GT40 et autres AC Cobra Daytona de la glorieuse époque et assoupies dans les garages me laissent penser que je suis encore dans un charmant monde onirique… Pourtant, non, je ne rêve pas et il me faut redescendre sur terre ! Car dans une heure, ce sera à mon tour d’enfiler casque et combi pour boucler quelques tours du circuit au volant d’une véritable voiture de course : une Leon Supercopa !

Plus vraiment de série…

De l’extérieur, impossible de louper la séance intensive de muscu qu’a suivie cette Leon. Non, il ne s’agit pas d’une dose d’amphétamines assénées à la va-vite par quelques « artistes » en casquette et jogging. Ici, ça cause efficacité. Carbone à gogo, « chaussures » taille XXL à fixation centrale et diffuseur étudié.

Dans l’habitacle, oubliez la voiture de série. Complètement vidée, la voiture s’est vue équipée de sièges baquet, d’un impressionnant arceau et d’un poste de pilotage réduit à sa plus simple expression. Ambiance !

Puissance de tir !

Avantage suprême de cette Supercopa : son prix ! Pour moins de 70.000 €, l’usine Seat Sport vous livre une de ces petites merveilles, avec 330 canassons sous le capot, des vérins hydrauliques et toute la technologie nécessaire pour suivre vos tours par télémétrie. Une somme qui peut sembler assez rondelette comparée à une Leon Cupra R de série mais qui, croyez-moi, en terme de voiture de course, est presque dérisoire !

Un bonheur ne venant que très rarement seul, sachez également que les pièces sont pour la plupart, très bon marché ! Et il y une bonne raison à cela : Seat a allègrement puisé dans les étagères (pour le moins fournies) du groupe VW pour récupérer des pièces mécaniques. Ainsi, le moteur est le 2.0 TFSI bien connu, qui a simplement connu une révision de ses périphériques. L’embiellage, quant à lui, reste inchangé. La boîte de vitesses est une DSG (automatique à double embrayage) provenant de chez Audi. Avec quelques réglages revus, bien entendu… Et le tout permet de s’engager en BTCS avec une auto franchement compétitive !

Costaud, ces freins !

Après une petite séance de chauffe aux côtés de Pierre-Yves Rosoux histoire de repérer les trajectoires et… de mesurer la résistance de mon estomac, il est donc temps de faire quelques tours de Francorchamps avec la bête ! On a connu des perspectives moins réjouissantes !

Assis au volant, la position de conduite n’est manifestement pas taillée pour mon gabarit, mais pour quelques tours, on ne va pas jouer les starlettes ! Bref, coup de démarreur et… vacarme incroyable dans tout l’habitacle ! L’échappement libéré résonne allègrement dans toute la caisse ! Pied sur la pédale de frein , il suffit de tirer la palette de droite pour engager la première vitesse ! Facile ! Quoique… Rien ne se passe. Bon, on réédite l’opération, je m’arc-boute sur cette fichue pédale et… c’est bon, la première vitesse est rentrée ! C’est qu’il s’agit de mettre dix bars de pression… Autant dire que les papattes des bisounours ne seront pas suffisantes !

En piste !

Légère pression sur l’accélérateur et c’est parti en douceur. Nous voilà dans la descente vers l’Eau Rouge. Personne à côté ? Bon, à fond ! Et là, ça ne rigole plus ! Le moteur vocifère dans un bruit de casseroles bringuebalantes et la poussée se fait velue ! Les 330 chevaux se ruent sur le train avant, mais ça passe ! Eau-Rouge, Raidillon, on y va en douceur histoire de jauger la bête. Et finalement, aucune mauvaise surprise : la chose se fait docile et facile, avec un comportement toujours très sain. Mais sous cette apparence docile se cache une véritable bête de compétition : la direction permet des placements millimétriques et l’adhérence est tout simplement sidérante ! Quant aux freins, je m’avoue vaincu, simple mortel que je suis : suivant religieusement les conseils de maître Rosoux, je freine à ce qui me semble être le panneau trop tard et… me retrouve quasiment à l’arrêt à l’entrée du virage !

Superbement efficace tout en restant facile à appréhender, Seat démontre sa maîtrise en matière de voiture de sport. Transformer une voiture de série en bête de compétition sans pour autant dénaturer le produit initial, c’est fort ! Et rendre la chose accessible en termes de pilotage et de prix, c’est la quadrature du cercle !